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Auteur/autrice : Christine BOYMOND LASSERRE

Guide conférencière. Pratique ma profession depuis maintenant plus de 40 ans. Ai acquis une longue expérience et de larges connaissances en terme d'histoire de patrimoine et d'architecture. Toujours passionnée par ces thèmes et ces sujets !

La complexe histoire des casinos et salles es fêtes de Chamonix

A Chamonix, dès le début du XIXe siècle, des animations étaient organisées pour les visiteurs dans les hôtels. Ces animations ont été au départ liées à l’autorisation d’ouverture de casinos qui à cette époque était donnée par l’État.

Or, sous le régime du royaume de Piémont Sardaigne, l’État était particulièrement réticent et l’on voit donc se dessiner des essais de salons de jeux dans certains hôtels. On relève, dans un ouvrage rédigé par Victor Masse, auteur d’un essai intitulé « Plans en relief de la vallée de Chamonix », une note descriptive d’un document enregistré officiellement en 1851 évoquant l’Hôtel du Nord auquel est rajouté un « Casino des Étrangers » ce qui veut bien dire qu’il était réservé aux visiteurs et fermé à la population locale. Mais la formulation est suffisamment évasive pour avoir un doute quant à la réalité des possibilités des jeux de hasard dans cet établissement.   A la lecture du Figaro de mai 1883 et dans les archives départementales, on évoque un Cercle International du Casino de Chamonix situé dans l’hôtel des Chalets de la Côte, où l’on pratiquait des « jeux de commerce », activité qui ne dura pas plus d’un an ou deux.  Ce type d’animation se poursuit dans l’Hôtel de l’Union de 1886 à 1893, mieux situé au centre de Chamonix. En mai 1891, un certain Adolphe Schreiber demande l’autorisation de construire un casino face à l’Hôtel de l’Union.  Ce sera l’année suivante que la commune de Chamonix, soucieuse de proposer à sa clientèle une animation digne d’une station prestigieuse, donne l’autorisation de salles de jeux-casino à Mr Cusin Bellencourt. Il construit la Villa des Fleurs qui abrite de 1904 à 1906 un « Cercle International des Étrangers ».

Dans les archives départementales on note la présence d’une table de petits chevaux. Fin 1906, sous l’enseigne du Casino, on remarque une nouvelle enseigne intitulée « Alpineum ». Le bâtiment est situé route nationale (rue Paccard actuelle). La Villa des Fleurs change donc d’activité.   Les jeux semblent s’arrêter au profit d’animations. On y donne spectacles, concerts, mais surtout les premiers films de l’époque dont l’ascension du mont Blanc réalisée en 1907 par la famille Vallot. On y expose également des objets qui seront plus tard à l’origine de la création du musée.

Il est probable que les activités de jeux se sont arrêtées en raison de la construction d’un casino au Bois du Bouchet lancé en 1903 par Henri Devouassoux et Jacques Curral qui, obtiennent de la commune « le droit d’y construire tout ce qui pourrait intéresser les touristes » et lui rendre le séjour plus agréable ». Six mois plus tard, le tout est cédé à une « Société anonyme du Casino Municipal de Chamonix » qui échappe ainsi aux initiateurs d’origine. C’est à ce moment-là que paraît pour la première fois l’idée de proposer du théâtre et des concerts, La commune lui confère la qualité de « Casino Municipal » bien qu’elle ait peu appréciée le changement répété des propriétaires !

En 1904, les travaux sont lancés par l’architecte Paul Henri Furet. Un beau bâtiment voit le jour en 1905 sur les prés en bordure du Bouchet. Ce Casino obtient les diverses autorisations accordées par l’État pour ouvrir une salle où se pratiquent entre autres les jeux de baccara. Deux saisons animent le casino : de juin à octobre et du 15 décembre au 15 mars. La commune peut enfin proposer à ses clients « toutes les attractions des villes d’eaux ». Théâtre, concerts animent la vie touristique de la vallée d’autant qu’un café, un restaurant, un bar américain complètent l’ensemble des services. Juste à côté est aménagé aussi un établissement d’hydrothérapie «  à l’eau d’Arve » ! En raison de son éloignement, on lance un service de calèches avec le centre-ville. Cependant, il semblerait que les propriétaires de cette société changent continuellement ce qui rend les rapports avec la commune bien souvent houleux !

Par ailleurs, en raison des directeurs qui changent bien souvent, ce casino peine à fonctionner. D’autant qu’il est mal chauffé en hiver, les charges sont lourdes, les revenus faibles et le bâtiment se délabre d’année en année. En 1915, une partie du toit s’effondre, non reconstruit.  La pluie apporte son lot de moisissures et de destructions des murs.  Il ferme dans les années 1920.

La commune cherche à rompre le monopole des jeux de la société et se met en quête de trouver un autre emplacement. Plusieurs projets voient le jour ! Dès la mi-1923 la ville autorise la Société  Hôtelière Franco-Suisse, propriétaire du Chamonix Palace,   à ouvrir un « Grand Casino de Chamonix Mont Blanc » en tant que concessionnaire de jeux qu’on installera  au  rez de chaussée.

En 1926, la commune se lance dans l’idée d’un casino édifié au-dessus de l’Arve. Typique de la période Art Déco, ce bâtiment se caractérise par une façade à quatre colonnes surmontées d’un fronton triangulaire. Puis l’édification d’une galerie commerciale de part et d’autre anime cette nouvelle rue qui avait été tracée au moment de l’arrivée du train en 1901. La Société du Grand Casino de Chamonix Mont -Blanc est née.

Il propose non seulement des salles de boules et de baccara mais aussi un bar, un dancing et de nombreuses animations en tous genres :  thés et soupers dansants, manifestations de sports et d’élégance et attractions artistiques.

Dès les années 1950   les chamoniards peu à peu s’approprient le lieu. Un grand nombre de festivités se déroulent dans ses magnifiques salles construites au-dessus de l’eau, beaucoup se souviennent des galas, des spectacles des groupes scolaires, des démonstrations de danse, des rencontres folkloriques, des concerts en tous genres ou encore de de l’élection de Miss France.

Finalement, dans les années 1970, la partie jeux du casino est transférée au Royal (emplacement actuel) et l’ancien bâtiment est modernisé avec une avec une nouvelle façade.  L’intérieur est transformé en salles des fêtes. Qui ne se souvient pas de ces fêtes organisées avec la piste de danse éclairée de lumières colorées ! Il prend le nom de SALLE MICHEL CROZ (du nom de la rue).

L’animation continue alors de plus belle : concerts, théâtre, fête des guides, fêtes de Noël, etc… font la joie de tous les chamoniards qui se souviennent encore avec nostalgie de ces événements et fêtes en tous genres.

Tout s’arrête avec le terrible incendie de 1999 qui détruit l’ensemble du bâtiment.

Rien n’est reconstruit au-dessus de l’Arve en raison de la difficulté à en assurer la sécurité.

Ce 2 décembre 2021 est inaugurée une nouvelle salle des fêtes dans une des coupoles de l’ensemble de Chamonix Nord, transformée pour offrir aux chamoniards fêtes, concerts, théâtre.

Suite à un vote des habitants, elle prend le nom de EMC2 c’est dire Espace Michel Croz 2 pour rappeler l’ancienne salle mythique adorée des chamoniards.

Sources : Archives Amis du Vieux Chamonix, Paul Payot, Archives départementales (4M67-68).

Recherches sur l’histoire des casino français de Mr André Reynckens.

Une institution chamoniarde : la librairie Landru

La variété des éditions Landru

En 1930,  Jean Landru et son épouse Marie Louise arrivent à Chamonix. Ils achètent sous les arcades de l’avenue de la gare (actuellement avenue Michel Croz) un fonds de commerce. Jean, dont les parents avaient déjà une librairie dans sa ville natale, est passionné par les livres. Il décide alors d’ouvrir une librairie – papeterie – point presse. Très vite celle-ci connaît un réel succès. Mais la guerre approche avec son lot d’inquiétudes. Jean livre avec Marie Louise les journaux proposés aux rares hôtels encore ouverts.  On fait le « gros dos» et finalement le couple décide de s’installer définitivement à Chamonix.

La libraire s’installe alors dans l’ancien restaurant de l’Hôtel du Métropole qui avait été transformé en 1940. Avec la guerre, le papier est une denrée rare. Jean a, par un heureux hasard, hérité d’un gros lot de papier et lui qui rêve de livres de qualité se lance dans l’édition. Il aime les beaux ouvrages, il aime les beaux dessins, il aime les belles gravures. Il édite des livres libres de droit. Mais son goût pour le dessin et la peinture l’incite à faire appel à des illustrateurs. « Les fables de La Fontaine » sont ainsi illustrées par Jean Effel particulièrement connu à l’époque pour ses dessins proposés dans un grand nombre de publications nationales, aussi bien « l’Humanité » que « le Figaro » !

Ou encore « L’art d’aimer » d’Ovide Illustré par Uzelac, un peintre d’origine serbe installé en France dont les dessins magnifiques montrent son talent d’artiste. Le goût de Jean est éclectique, on trouve dans son choix aussi bien Chopin par Guy de Pourtales (romancier qui s’était passionné pour les artistes romantiques) mais aussi Baudelaire avec « Les Fleurs du mal ».

Ou encore  le livre  « Oeuvres Alpines »  de Théodore Camus alpiniste lyonnais passionné et dont les écrits sont parmi les plus belles pages écrites sur l’alpinisme.

Mais il édita également des auteurs locaux dont James Couttet avec un ouvrage sur la technique du ski réalisé avec l’aide de Philippe Gaussot ou  encore Roger Frison Roche avec Premier de Cordée édité en 1943 .

Mais pour moi, les meilleurs restent ceux liés à mes souvenirs d’enfant avec les deux magnifiques livres de « Youpi le chamois » et « Hopy la marmotte », tous deux contés par Philippe Gaussot et illustrés par René Pellos dont les dessins magnifiques et les récits de nos deux héros de la montagne ont marqué mon enfance.  Merci Mr Jean Landru !

Hélas un mauvais investissement et des centaines de livres bloqués en Amérique du Sud marqueront la fin des éditions Landru.

Mais qu’à cela ne tienne. On se remet au travail, et la bienveillance de Jean et de son épouse puis de Madame Collignon qui prit le relais en 1974, la libraire Landru est restée le témoin de la passion des lecteurs de la vallée. Ici dans ce lieu devenu mythique la librairie a gardé cette atmosphère particulière où   se côtoient aussi bien les chamoniards que les visiteurs de passage ou les habitués des résidents secondaires car chacun y trouve son plaisir de lecture, de partage et d’échanges ! On ne peut que s’en féliciter !

Une belle histoire familiale celle de l’hôtel de l’Aiguille du midi

L’histoire commence avec Aristide Cupelin né à « Le Nant » qui devient guide en 1899. Il épouse le 7 juin 1905 Elisabeth Fournier surnommée Elise originaire de Salvan qui a un garçon d’un 1er mariage . Cet enfant appelé Jules Marcel sera élevé par Aristide.

Le couple construit et ouvre en 1908 une auberge qu’ils appellent Hôtel pension de l’Aiguille du Midi. Bien situé près de la gare, et sur le chemin conduisant au glacier des Bossons, nombreux sont les touristes s’arrêtant à cette auberge à l’accueil chaleureux.

Jules Marcel Simond (dit « à la polenta ») hérite en 1920 de l’hôtel et de ses dépendances en échange d’une rente annuelle pour ses parents. Il épouse la même année Adeline Hélène Simond ( née à la Frasse) qui possède une belle expérience de gouvernante à Paris. La pension de l’époque est  composée d’un rez de chaussée et de 2 étages avec 14 chambres dont 4 mansardées au cœur d’un petit parc et d’un jardin très apprécié.

Cette seconde génération agrandit d’une aile supplémentaire l’hôtel dès 1925, le rendant nettement plus confortable. Ils aménagent les dépendances arrivant ainsi à 80 chambres. Ils ont deux enfants Denise et Arlette qui travaillent régulièrement à l’hôtel et les aident.

Denise épouse Jean Farini originaire des Mouilles mais aussi guide, tous deux prennent le relais dès 1945. Ils sont la 3ème génération.  Tout le monde à Chamonix se souvient de Jean animateur hors pair jonglant avec ses activités de guide et d’hôtelier et de Denise attentive à ses clients. Ici chacun met « la main à la pâte ».  Il y a beaucoup d’ambiance. Le charisme de Jean « y » est pour beaucoup. On agrandit les chambres, on les modernise. On aménage une piscine.

A l’avant de l’hôtel Le terrain de tennis est transformé en patinoire l’hiver.

L’été on y organise un tournoi  qui prend le nom de Coupe Jean Farini.

L’hôtel est connu pour ses animations : le 15 août, les soirées crêpes, les soirées cochonnailles, les bals costumés et j’en passe. Il y a de la vie dans ce petit hôtel des Bossons…

Afin d’améliorer le restaurant et lui offrir une vue encore plus ouverte ils construisent la rotonde ouverte sur le jardin qui, encore de nos jours, permet aux clients de profiter de la vue exceptionnelle sur l’Aiguille du Midi. Ils ont deux enfants Bernard et Cathy.

Bernard prend le relais en 1975. Ancien pâtissier au casino de Charbonnières, formé dans les plus grands restaurants de l’époque, il tient à s’investir dans l’hôtel familial.  Il épouse une normande Martine ( formée à l’école hôtelière de Granville puis à Londres) et tous deux développent le restaurant et le fameux buffet de desserts (vous souvenez vous de ce gâteau représentant l’hôtel et se  dépendances réalisé avec 60kg de chocolat?). Ils sont la 4ème génération.

Ils agrandissent encore un peu l’hôtel le reliant directement  à l’ancienne annexe. Bernard s’investit avec passion dans l’hôtel mais aussi dans la vie publique et reçoit la médaille nationale du tourisme.

Et c’est ainsi qu’ arrive, la 5ème génération puisque deux des enfants Marie Laure et Vincent avec leurs époux et épouse (Antonin et Carla) s’investissent peu à peu dans l’hôtel. Ils apportent leur jeunesse, leurs idées nouvelles, leurs regards sur ce monde du tourisme en pleine mutation.  Ils savent garder une atmosphère familiale, en complicité avec Bernard au jardin et Martine toujours attentive aux clients.

L’hôtel de l’Aiguille du Midi est encore l’hôtel bienveillant, accueillant et soucieux de ses clients. Merci à eux tous .

Espérons que La 6ème génération prendra le relais !

Sources : Archives de la famille Farini et de l’association des Amis du Vieux Chamonix

Snell…ce ne sont ni des Balmat, ni des Tairraz, ni des Couttet mais quelle belle histoire chamoniarde !

Chez  Snell,  l’aventure du magasin commence avec une belle histoire d’amour entre une jolie chamoniarde, Marthe Devouassoud  (de la famille de la fabrique des sonnettes) et un jeune militaire américain, Harold Snell, venu à Chamonix à la fin de la guerre pour se reposer avant de repartir aux USA. Harold reparti, Marthe n’a pas oublié la promesse de son américain de revenir l’épouser. Les lettres sont nombreuses et Harold veut tenir sa promesse, mais avant tout la famille tient à s’assurer de la bonne vertu du promis et après vérification auprès du pasteur de la petite ville d’origine d’Harold et la conversion de celui-ci  à la religion catholique, les deux jeunes gens se marient enfin en 1927.

Le magasin « Aux Armes de Savoie » dans la rue Paccard (ancienne route nationale)

Après la  naissance de Donald, ils ouvrent dès 1928 dans la rue Paccard (Résidence « Les Evettes » actuellement) un magasin d’antiquités appelé « Aux Armes de Savoie « .

les chamoniards ont pour habitude de recommander Harold pour servir d’interprète et. Harold ayant pris goût à l’alpinisme, devient un  interlocuteur recherché pour ses conseils. Déjà de nombreux alpinistes anglophones viennent à Chamonix si bien que le magasin d’antiquités voit se mêler avec les commodes Louis XV ou Empire tout un matériel de montagne : guêtres, piolets, cordes, mousquetons etc.

En 1934 le magasin d’antiquités déménage rue Vallot (Actuellement Ice breaker)  l

Marthe et Harold avec Yvette l’épouse de Donald

Le magasin rue Paccard  affiche l’enseigne :« Snell, articles de sports ». Il devient une référence en termes de matériel, d’autant que l’on  voit de plus en plus d’alpinistes amateurs sur les pentes des parois des aiguilles de Chamonix.

Durant la guerre, l’activité ralentit, d’autant que dès 1942 un nom américain  comme Snell agace les autorités.  Le magasin est spolié par les autorités du gouvernement Pétain en 1943. La famille récupère officiellement le magasin en 1948.

Donal s’active auprès de son père pour relancer l’activité du magasin. Si bien que durant les années 1950-1968 on  voit passer chez Snell les grands noms de l’alpinisme : Doug Scott, Chris Bonnington, Paragot, Bérardini, Desmaison, Rébuffat, Lachenal ou Terray.

En 1970, Snell s’installe en face dans le bâtiment nouvellement construit, « l’Outa ». Il est pratique, moderne et le magasin devient le lieu de rassemblement de tous les « potes » férus de montagne et de ski ! Il y a même un mur de granit où l’on peut essayer le matériel proposé dans le magasin.

Par ailleurs, les Snell possèdent  un champ près de la grosse Pierre d’Orthaz , surnommé le « Snell’s field »,  lieu de rassemblement de tous les alpinistes de passage, bien souvent anglophones. Chacun se souvient du petit camping installé à  cet endroit..

Le magasin est un lieu de rencontres, pour trouver un partenaire d’escalade, pour laisser un message à un ami,  un tableau situé au cœur du magasin est mis à disposition de chacun.

c’et le moment ou Donald crée avec ses collègues Sporalp et Sanglard la brochure 3S  afin de proposer  en commun leurs matériel de sports et leurs connaissances du monde alpin.

Dans les années 1970-1980,   Donald avec son épouse Yvette organisent  pour les petits chamoniards des activités ludiques et sportives entre autre la fameuse « Coupe Snell»  dans le champ du Savoy que les enfants adoraient.

Yasuo Kanda

Sans oublier dans cette même période l’arrivée à Chamonix des japonais, férus de montagne, grands alpinistes reconnus dont Masalu et Torunagamo, qui prêtent main forte aux Snell. Certains parmi eux eux s’installent et font souche à Chamonix . Tous les chamoniards connaissent Yasuo Kanda et Hiroshi Tsuda  piliers du magasin Snell. Beaucoup  épouseront des chamoniardes et l’on nommera leur descendance « Japoniards».

Le magasin Snell est devenu une institution.

Dans les années 1980-1990 , C’est Olivier qui commence à épauler ses parents  avec l’aide de Corinne son épouse.

C’est le temps  du monoski, des couleurs fluo, du Gore Tex, du film  « Apocalypse Snow » ou encore « Opéra vertical ». le temps des grandes descentes à ski dans une poudreuse de rêve.  Snell est   toujours à l’affût des nouveautés.

Tous se souviennent de cette productrice de cinéma  venue au, magasin afin d’équiper des pieds à la tête une centaine de personnes venue pour le tournage du James Bond ( « Le monde ne suffit pas » ). Une sacré belle aventure.

On s’adapte aux nouveautés telles que le trail. De nombreux magasins s’installent mais Snell reste la référence.

Olivia Snell

Maintenant, la 4ème génération prend le relais avec  Olivia fille d’Olivier et de Corinne qui s’investit déjà dans ce magasin familial  né de l’amour d’une chamoniarde et d’un américain en 1918.

Sources : Archives et photos familiales Snell

La Résidence Victoria  ne paie pas de mine et pourtant…elle raconte une sacré belle hisoire

Détruite en grande partie par l’incendie de 1999 qui ravagea la salle Michel Croz, la résidence Victoria raconte cependant l’histoire prestigieuse d’un des hôtels les plus marquants de la vie hôtelière chamoniarde pendant plus de cent ans !

Celle ci commence vers 1770 lorsque Jean Pierre Tairraz édifie au centre de Chamonix un hôtel qu’il baptise « Hôtel de la Ville de Londres ». Bourrit qui y descend en 1787, le décrit comme étant un établissement de très belle qualité. IL est fréquenté aussi bien par une clientèle britannique comme lord Byron ou Shelley que par les impératrices Joséphine de Beauharnais ou Marie Louise lors de leur passage discret dans la vallée.( D’ailleurs longtemps après on fera visiter les chambres où elles séjournèrent).

Les deux fils de Jean Pierre (Joseph Marie et Victor Amédée) prennent le relais à la mort de leur père en 1814. Durant trente ans, ils assoient la réputation de l’hôtel. Mais ils meurent tout deux en 1844 et ce sont les deux fils de Victor Amédée (Auguste et Edouard) qui prennent la succession, et forts de leur succès, ils édifient vers 1848 -1850 en bordure d’Arve un hôtel nettement plus prestigieux réunissant  les deux hôtels sous le nom  « de Grand hôtel de Londres et d’Angleterre ». La nouvelle construction présente la particularité d’être construite en léger encorbellement au dessus du lit de la rivière, son implantation ayant nécessité une reprise du lit de l’Arve. L’hôtel s’ouvre largement sur le mont Blanc, possède des bains, et on aménage une passerelle franchissant l’Arve.

Une partie de l’hôtel de Londres est détruit par l’incendie de 1855 qui ravage le haut de la ville de Chamonix. Les frères Tairraz cependant s’empressent de le reconstruire, mais avec un toit à deux pans (contrairement au bâtiment d’origine qui était typique du XVIIIe siècle avec un toit à 4 pans).

Les frères Tairraz consacrent leur temps à faire de cet ensemble hôtelier un des plus confortable de Chamonix réputé pour sa vue, sa cuisine excellente et l’accueil chaleureux des propriétaires.

Auguste sans enfant meurt en 1856, son frère Edouard en 1858. La fille d’Edouard , Athala, étant trop jeune, la famille crée la Société Anonyme des Hôtels qui gère l’hôtellerie jusqu’en 1878, année de mariage d’Athala. C’est ensuite son mari Mr Crépeaux qui commence à exploiter lui-même l’Hôtel de Londres et d’Angleterre qu’il porte à un haut degré de prospérité, et à la tête duquel il se trouvait encore en 1897.

Mais le couple ne s’entend pas et finalement Athala, écartant son mari, créée en 1911 avec ses enfants une autre société sous le nom de Société Hôtelière Franco-Suisse de Chamonix qui exploite les hôtels.  Athala reste propriétaire des murs et possède des parts dans la société Franco-suisse. En 1920 la société vend l’ancien hôtel de londres

Sous la bonne garde d’Athala la société construit 13 magasins le long de la nouvelle avenue de la gare et édifie le Chamonix Palace de l’autre côté de l’Arve.

L’hôtel est  finalement vendu en 1927.

Il connait une autre vie avec la famille Simiot,  dont  Edgar Couttaz,  qui ayant épousé une fille Simiot va donner les dernières grandes heures de gloire à l’hôtel. Celui-ci ferme dans les années 1960.

Il sera malheureusement très endommagé par l’incendie de 1999 et ne sera même pas reconstruit selon le style ancien que lui avait donné la famille Tairraz.

Quelques éléments ont échappé à la destruction du feu dont un magnifique escalier, de beaux stucs et des encadrements extérieurs de granit raffinés uniques à Chamonix .

Sources : Archives Amis du Vieux Chamonix, Archives départementales Guides touristiques Conty, Joanne.

La fameuse fontaine des Pècles

En 1825, Michel Favret découvre aux Crétets (entre les Moussoux et les Moentieux) une source d’au fraîche (température autour de 5-6 degrés) .

Est alors aménagée une petite canalisation de pierres pour apporter l’eau aux fermes du village des Pècles. En 1890 on améliore celle-ci par une tuyauterie mieux adaptée.

En 1897 une famille de touristes se rendant au lac à l’Anglais font une étape à un bassin de bois pour se rafraichir (photo collection association Amis du Vieux Chamonix). Ils immortalisent ainsi le lieu que l’on reconnait encore très bien aux Pècles.
La fontaine est toujours là , cette fois avec un bassin de pierre . Mais il faut savoir que pour le plaisir de tous, l’ensemble : bassin ° canalisation sont entretenus grâce à l’ « Association des Amis de l’eau des Pècles » qui veille aux travaux nécessaires d’entretien afin que chacun puisse , comme aux temps anciens, se rafraichir à dans ce lieu qui a si peu changé !

Bicentenaire de la création de la Compagnie des Guides : 2021 ou 2023 ?

En 1821, le 24 juillet un conseil municipal se rassemble autour du syndic Jean Marie Claret Tournier. L’ordre du jour étant d’essayer de réguler et de discipliner l’attitude des guides qui, pour certains, laissent une mauvaise image auprès des clients . La commune craint de voir baisser la fréquentation des visiteurs dans la vallée : « beaucoup se rendent coupables de mille impolitesses envers les étrangers en les assaillant sur la route par leurs importunités »

Délibération conseil municipal du 24 juillet 1821 Archives départementales 6 FS 194

Délibération conseil municipal du 24 juillet 1821 Archives départementales 6 FS 194

On dresse alors une liste de 34 guides patentés et douze supplémentaires (mais ne sont pas reconnus comme guides), ils sont seuls autorisés à conduire des clients. Est établi un tour de rôle pour la distribution des courses et est nommé un « commis intelligent » (guide chef) choisi parmi les guides pour la distribution des excursions. Concernant les mulets, ne sont autorisés que les mulets des guides concernés (éventuellement ceux des auberges). Par ailleurs chaque guide devra payer une somme de 10 livres à la commune pour droits de passage sur les fonds communaux.

Les contrevenants à ce règlement sont amenés à payer une amende à la commune.

On remarquera que rien n’évoque l’accident de 1820 ou trois guides décèdent et disparaissent dans le glacier lors de la tentative vers le mont Blanc du docteur Hamel.

Beaucoup considèrent que cette décision du conseil municipal du 24 juillet est l’acte de naissance de la Compagnie des Guides de Chamonix.

Mais dans le royaume de Piémont Sardaigne avant de promulguer un règlement la commune se doit de le faire reconnaître par l’intendant du royaume. L’État a un droit de regard sur les décisions.

Conscient que l’avenir du développement touristique de la région est une belle aubaine le Vice intendant Mr Gaspard Sébastien Brunet mesure l’intérêt de la situation car il faut encourager le tourisme en aidant le visiteur à mieux appréhender leur voyage, mais aussi à gérer une commune tentée d’administrer ces guides prompts à la tentation d’améliorer leurs gains.

En 1822, le Vice Intendant aidé et conseillé par son ami Joseph Nicolas Nicollet (originaire de Cluses) propose une série d´adaptations au règlement proposé par le Conseil Municipal.

Nombreuses sont ensuite les échanges entre l’état et la commune de Chamonix qui se solderont par le fameux « Manifeste de la Royale Chambre des Comptes (CAD L’Etat) finalisant un règlement structuré qui voit le jour officiellement le 9 mai 1823 avec 58 articles (dans le règlement du conseil municipal de 1821 il y en avait dix) plus  la création d’une  caisse de prévoyance.

C’est l’annonce officielle de la création de la Compagnie des Guides de Chamonix.

Ainsi, le tour de rôle proposé en 1821 est maintenu avec des détails d’organisation précis :

On instaure définitivement un  guide chef.

On exige la tenue d’un registre avec liste des guides, des courses mais aussi des clients.

On dresse une liste x 50 guides de Chamonix que l’on divise en deux classes.

On impose des tarifs pour l’ensemble des courses .

On crée catégorie d’aspirants, de même une liste de 24 porteurs (mais qui ne fait pas partie des guides).

.Finalement un règlement  strict mais plutôt favorable aux guides.

Parmi ces diverses catégories de règlement deux sont parmi les plus importantes car toujours d’ usage 200 ans après.

1erLa tragédie de l’accident du docteur Hamel en 1820 a fait prendre conscience aux autorités et à l’ensemble de la communauté chamoniarde de la fragilité de la relation « guide-client » L e guide est il le serviteur du client? Un client fortuné a-t-il tous les droits ? Ce sera une des décisions majeures du règlement à venir de 1823. On précise ainsi que la décision de faire demi-tour doit être décidé à la majorité des voix entre les voyageurs et les guides et comme les guides sont toujours plus nombreux …

Le guide sera donc seul juge de la décision à prendre en cas de risque.

Une première décision écrite dans le marbre du 1er règlement : majeur pour la profession.

2e le vice intendant Gaspard Sébastien Brunet aidé et « poussé » par Joseph Nicolas Nicollet, savoyard, prend conscience de la dangerosité de ce nouveau métier. Celui-ci conscient des drames que peuvent causer un accident ou une disparition se préoccupe de l’intérêt du guide et suggère d’intégrer «les amendes et les rétributions annuelles pour former « une masse  qui serait une sorte d’épargne et de prévoyance au moyen de laquelle on pourrait venir au secours des guides frappés de quelques malheurs »  c’est ainsi qu’est imaginé un fonds de secours qui à l’origine proposait un reversement à la commune alors que dans ce nouveau règlement l’État propose un reversement aux guides .

Décision incroyablement innovante pour l’époque. C’est l’origine de la création du premier fonds de solidarité toujours d’actualité de nos jours 200 ans après! Mais qui fut proposé par l’Etat !

C’est ainsi que l’on peut considérer que l’idée d’un règlement pour contrôler les guides est né en 1821 mais qu’il sera concrétisé par l’Etat en 1823.

Sources : Archives départementales . Archives Association des Amis du Vieux Chamonix

Un nouveau musée : « Heritage Simond », une belle réussite

A Chamonix ,  alpinistes, grimpeurs,  tous connaissent le nom de Simond .  Chacun a eu en main un jour un piolet  ou porté des crampons Simond.

Mais là, dans les locaux  de la nouvelle usine Simond,  une belle et large salle invite le visiteur  à découvrir l’histoire étonnante  de cette famille qui, après avoir été cultivateurs, puis fabricants de sonnettes, vont durant 150 ans être le nerf porteur de l’alpinisme.

Ici sont exposées des pièces collectées aux quatre coins du monde que le talent des concepteurs fait revivre à nos yeux. Cette exposition est une réussite car on peut être alpiniste, ou tout simplement attiré par l’histoire chamoniarde,  chacun y trouvera son compte tant elle explique avec intelligence et respect l’histoire passionnante de cette famille Simond  qui, avec le temps. s’est consacrée aux alpinistes.

Vieux documents, empreintes, logos imaginés au cours du temps en fonction des divers membres de la famille  apportent la richesse historique de cette lignée chamoniarde. De nombreuses photos, mais aussi, bien sûr, des piolets et crampons, pitons et mousquetons  sont exposés  avec une belle mise en valeur

Une sacré gageure que Thierry Berguerand et Denis Pivot ont apportée par leur contribution qui avait été lancée par Olivier Bonnet.

Certes, on parle d’exploits alpins,  mais avant tout on raconte les péripéties  d’un  piolet ou d’un crampon qui ont permis à l’alpiniste de réaliser une belle première  qui n’aurait pu se faire sans la complicité entre le fabricant et le  grimpeur

Une vitrine rassemblant  des photos et des objets des cinq  alpinistes emblématiques  ( Louis Lachenal, Lionel Terray, Gaston Rébuffat, James Couttet, et Pierre Leroux), tous nés en 1921,   et dont les familles ont confié leurs trésors,  dégage une réelle émotion . Ils sont là i vivants à côté de nous. On rentre là dans le côté humain de ce matériel.

C’est là la réussite de cette exposition  appelée « Héritage Simond »

Merci à Denis, merci à Thierry.

Hameau du Fieugerand

Sur les hauteurs du village du Mont à Servoz, le joli hameau de Fieugerand domine la vallée avec une vue magnifique. Point de départ de nombreuses randonnées vers Pormenaz ou le massif des Fiz beaucoup oublie que ces quelques maisons isolées restent le témoignage des temps anciens

C’était un hameau dit de «petite montagne» ou «montagnette» ou encore « mointieux ». C’est-à-dire un hameau de transition entre la vie au village et la montée en alpage supérieur C’était un alpage privé, non communal. Utilisé pour la première remue avant l’inalpage. Ici deux ou trois familles venaient loger avec leurs troupeaux pendant un ou deux mois

Quand l’herbe ne suffisait plus, chacun envoyait ses vaches au troupeau communautaire, plus haut encore dans les pâturages supérieurs appelés « la grande montagne » qui, à Servoz, était Pormenaz. .
Une des ces maisons porte sur le linteau de la porte une inscription : « Fait l’an 1866 par « De Villaz Jean Pierre », géomètre .

Ce géomètre est le petit fils de Marie Joseph Devillaz propriétaire au XVIIIe et début XIXeme de la Maison du Lieutenant au Mont. Il est intéressant de noter que cette inscription, par sa graphie, est totalement identique à celles remarquées dans la Maison du Lieutenant, qui ont d’ailleurs donné le nom à cette grande maison centrale du Mont : Ce qui confirme que les inscriptions de la Maison du Lieutenant ont été réalisées par le petit fils géomètre probablement très fier de ses ancêtres !

Kursaal , quel drôle de nom !

Durant la belle Epoque est construite vers 1885 une villa appelée la Villa des Fleurs. Elle est utilisée comme complément au casino qui à l’époque était situé en face  dans les locaux  du rez de chaussée de l’Hôtel de l’Union.

La villa des Fleurs devient un café casino  avec salle de jeux  prenant le nom de « Casino Kursall »..Nom utilisé bien souvent dans les stations dites « climatériques ».

Puis Joseph Cusin Berlincourt l’ouvre en tant que muséum prenant le nom d’Alpineum (avait collectionné quelques souvenirs de Jacques Balmat dont son marteau de cristallier) . IL y fera des conférences avec projections lumineuses.

La villa des Fleurs était éclairée à l’électricité et lampes à arc.  Parfois sert de casino et régulièrement des cafés concerts sont donnés  de 1893 à 1906.

En 1906  Jospeh Cusin transforme son établissement en « Grand Cinématographe du Mont-Blanc ». En 1920 Joseph Cusin Berlincourt donne sa collection à la ville de Chamonix.

Le bâtiment est détruit dès 1920.

Sur l’emplacement de cette villa il est projeté de construire « le grand Casino de Chamonix », mais en raison du manque de financement le projet est abandonné.

Les travaux sont suspendus et finalement transformés  pour l’édification d’une « maison de rapport » c’est-à-dire un immeuble composé d’appartements destinés à la location.

On reprend le même nom : KURSAAL

Elle est de style Art Déco avec ses pilastres et ses carrés de mosaïque entre les fenêtres.

Sources : Marc André Reynckens, recherches sur les casinos de France. Paul Payot, Histoire des casinos.

Samuel Birmann peintre romantique à Servoz

Tout au long du XVIIIe siècle et début du XIXe, Servoz était une étape bien agréable pour les voyageurs harassés par le chemin périlleux emprunté pour se rendre dans la vallée de Chamonix. A l’époque, on utilisait des chars à bancs, seul moyen de locomotion jusqu’à la construction de la route entre 1862 et 1870. Le trajet était épuisant. Lorsque les voyageurs arrivaient à Servoz, nombreux étaient parmi eux les artistes frappés par la beauté du site. Ils immortaliseront ce paysage calme et paisible. Le panorama exceptionnel découvert à la sortie de la forêt sera chanté aussi bien par des peintres que par des écrivains.

Samuel Birmann (peintre romantique bâlois  1793-1847) vient dans la vallée en 1823 et édite en 1826 son ouvrage intitulé « Souvenirs de la Vallée de Chamonix » . Il fait une longue étape à Servoz. Il est séduit par l’aspect tranquille que dégage le village après le cheminement si difficile provenant de Chedde.

Il écrit » :«Les Alpes offrent au regard leurs sommités couvertes de neige et de glaces éternelles…. Une force inconnue attire l’homme vers ces régions élevées …C’est quand le voyageur arrive à Servoz que le mont Blanc se présente à ses regards d’une manière grandiose ;… c’est aussi de là que l’on commence à saisir d’une manière distincte les détails de cette masse imposante. A son pied l’on distingue les Montées, plus bas commence la plaine de Servoz et le château saint Michel s’élève sur un rocher que baignent les flots de l’Arve…

Avant de quitter cette belle vallée, on fera bien de s’arrêter quelques instants et de contempler le beau paysage que présentent les environs de Servoz… La commune de Servoz se compose de plusieurs villages, Servoz même, le Bouchet où sont l’église et l’auberge, les villages du Mont, la Combe, la Côte – au pied du rocher des Fiz – le village du lac près du château Saint Michel, la Vaudagne, à droite des Montées, le Châtelard sur le sentier des chèvres. Les arbres fruitiers prospèrent encore sur ce point, on y trouve de forts beaux noyers… »

Au cours de son séjour, il peint la petite plaine de Servoz et dans ses représentations d’arbres, on note la vision romantique qu’il a des forces qui animent la nature .

Cependant  il rentre dans le détail de la vie locale ainsi il représente des bergères au pied de l’oratoire de Notre Dame du lac. Mais aussi un four à pain qui ressemble à celui du Vieux Servoz.

A ce propos il écrit : Communément chaque ménage fait plusieurs fournées à la fois et se pourvoit de pain pour un ou deux mois quelquefois pour quatre, on trouve même du pain d’une année ; vieux il devient si dur qu’on est obligé de le couper à la hache. Aussi les indigènes mangent peu de pain, surtout du pain de qualité inférieure qui contient beaucoup de son. En général on l’accommode  avec du bouillon chaud et du fromage.

 Il continue ensuite son chemin vers Chamonix, immortalisant la vallée, l’église, le glacier des Bois puis Argentière.

Un beau témoignage à découvrir.

Source : Ouvrage écrit par Samuel Birmann,( peintre bâlois) »Souvenirs de la Vallée de Chamonix » avec 25 feuilles en aquatinte. Association des Amis du vieux Chamonix

L’ancien hôtel de Paris, quelle histoire !

Ancien hôtel construit en 1894 par Denis Bernadet, ingénieur sur la ligne de chemin de fer du PLM et son épouse Léocadia Couttet, qui était propriétaire d’une remise dans la rue Nationale (Denis Bernadet est maire de Chamonix de 1935 à 1940)

.A l’époque, l’hôtel ouvre sur un jardin par un magnifique escalier double, disparu depuis. Les balcons sont côté sud afin de profiter de la vue sur le mont Blanc. Au décès de Mr Bernadet en 1942, l’hôtel est confié à son neveu Mr Miegeville qui le met en gérance. Il est tenu par les Weissen-Couttet puis par Mr Gattoni, pour finalement être acheté par Mr Louis Janin en 1958.  L’hôtel défie alors la chronique locale.

De 1958 à 1969, l’Hôtel de Paris devient la plaque tournante des alpinistes. Son propriétaire , Mr Louis Janin, seigneur du lieu, animateur doué pour se lier d’amitié avec les personnalités les plus incroyables, attire tous ceux qui ont un petit grain de fantaisie, toutes classes sociales confondues.

Il réserve les 24 mansardes de l’hôtel aux alpinistes fauchés. Pierre Mazeau ,  Dany Badier , Antoine Vieille, Robert Guillaume participent à la valse des alpinistes attachés à ce lieu devenu mythique. Gary Hemming, l’alpiniste hippie, s’y installe d’une manière quasi permanente de 1963 à 1968. Puis le fameux Lothar et les frères Bodin.

Couverture livre de Mirella Tenderini

Ici on respecte assez peu l’ordre établi, d’où le succès international du petit Hôtel de Paris. Les chambres servaient de dépôt à ces alpinistes disparaissant parfois plusieurs jours, mais jamais Louis Janin n’aurait évacué brodequins, cordes ou sacs à dos. Certaines chambres aux étages inférieurs possédaient parfois une salle de bains, ce qui n’empêchaient pas les privilégiés de les prêter aux aventuriers alpinistes logeant sous les combles.

Les frères Pierre et Henri Lesueur – Lucien Berardini – Robert Paragot Archives Robert Paragot

Les parisiens alpinistes Robert Paragot, Lucien Berardini et Edmond Denis  marquent de leur emprise cet hôtel chamoniard. L’appartement de Dany Badier à Paris était devenu l’annexe de l’Hôtel de Paris pour les alpinistes en attente de retrouver la capitale de l’alpinisme. On y retrouvait tous ceux qui de Suisse ou d’Italie ont marqué les étapes de l’alpinisme moderne comme Loulou Boulaz, Michel Vaucher, Walter Bonatti , et tant d’autres.

Mais on y voit aussi Samy Fray, Hugues Auffray, Roger Vadim, Jane Fonda et leur bande. On y a croisé  Brigitte Bardot, probablement séduite par ce milieu marginal. Le bar attenant appelé le Bivouac voit des fêtes ahurissantes réjouissant tout ce petit monde Plus tard les chamoniards viendront s’y encanailler eux aussi :  Lionel Terray, Louis Lachenal, Georges Payot, Gérard Devouassoux, Marc Martinetti, sans oublier René Desmaison installé depuis peu à Chamonix. Tous imprègnent de leurs personnalités l’alpinisme moderne. Nombreux parmi eux participent à des secours improbables.

Des journalistes comme Christian Brincourt ou Gérard Géry de Paris Match  adoraient cet endroit dont ils racontaient l’histoire au fur et à mesure des exploits de chacun. Avec le déplacement  de ces alpinistes vers les Andes out l’Himalaya, les fêtes se firent moins folles.

L’hôtel se dégrade, Louis Janin peine à sortir de ses dettes faramineuses. Il quitte Chamonix pour Avoriaz. L’hôtel de Paris est transformé en appartements.

Sources : Archives familiales Miegeville – Revues Paris Match – Revue Alpi-Rando juillet 1986

La première réalisation de la Haute Route Chamonix -Zermatt en 1903

Quand on est amateur de randonnée un jour ou l’autre on désire s’offrir cette fabuleuse traversée entre Chamonix et Zermatt. Cette course en haute montagne en hiver est parmi les plus belles courses mythiques des Alpes et laisse au randonneur un des plus beaux souvenirs de randonnée hivernale.

Mais que savons nous de ceux qui ont, un jour, entrepris cette première traversée ?

Il nous faut revenir au tout début du ski dans la vallée de Chamonix initié par un médecin Michel Payot qui  découvre fin XIXe ce nouveau moyen de transport  venu de Norvège :  les skis. Il estime que ce nouveau matériel offre « un exercice merveilleux et complet » . Il devient « fan » et pressent tout l’intérêt de ces deux planches de bois  arrivés de Scandinavie. Président de la section du CAF de Chamonix,  il se montre en toute heure dynamique et entreprenant.

Les premiers essais de randonnées dans la vallée de Chamonix sont engagées par le docteur Michel Payot :

 Le 12 février 1902  le Col de Balme : à 13h il monte en direction du col de Balme avec  Joseph Ducroz qui utilisait des skis pour la seconde fois, arrivent à 14h aux chalets de Charamillon. La marche est difficile, la neige colle, il n’empêche qu’à 14h45 ils arrivent au sommet. C’est la première tentative de randonnée dans la vallée. C’est un évènement !

Dans la foulée, il repart le 24 février 1902, :  Chamonix – Col du Géant – Courmayeur  accompagné des guides Alfred Simond, Joseph Ravanel (dit le Rouge, son grand ami), Joseph Couttet, René Payot. Ils partent de Chamonix dans le but de  traverser le  Col du Géant.  Ils  atteignent en 14 heures le village de Courmayeur. Bel exploit pour l’époque.

Dès lors Michel Payot et ses amis partent vers de nouvelles aventures .

L’année suivante dès , dès le début d’hiver, Michel Payot entreprend avec ses amis Joseph Couttet, Alfred Simond, et Joseph Ravanel  la grande et magnifique traversée de Chamonix à Zermatt

L’équipement est lourd

Des skis de 2 mètres de long avec monture métallique et bandes de peaux de phoques à  fixer sous le ski avec des petits clous.

Une paire de raquettes.

Un sac pesant 10kgs.

Un bâton de frêne long  de 1.80mètres muni d’une rondelle de bois à 0.20cm au dessus du bout pour empêcher de s’enfoncer et sur l’extrémité équipée un pic en acier pouvant remplacer le piolet.

Une paire de chaussons en feutre se mettant par-dessus les chaussures pour se protéger du froid, un maillot en grosse laine avec large ceinture alpine pour éviter l’introduction de la neige sous les vêtements.

Un nécessaire pour réparer les skis.

Un appareil de photo de 10kg !

L’Itinéraire était connu l’été  mais évidemment l’hiver c’était une autre aventure !

Ils partent d’Argentière le vendredi 16 janvier 1903.

Le récit décrit par Michel Payot est passionnant. Le ski n’est pas encore au « top » de ses qualités et bien souvent il faut aller à pied enfonçant dans une neige profonde exigeant des efforts particulièrement violents ! la neige se dérobe bien souvent sous les pieds  On part  tôt , en cours de nuit afin de profiter du clair de lune. On s’encorde, on se désencorde… Les températures sont glaciales  mais il fait beau, même le vin gèle. On suit leur itinéraire, jour après jour,  pas à pas virage par virage, car guider les skis dans de la neige profonde n’est pas toujours aisé ! Ils sont débrouillards, costauds et alignent des distances incroyables  autant à la montée qu’à la descente. Il arrive qu’ils descendent jusqu’en bas de vallée pour ensuite remonter et aligner dénivelées impressionnantes.  Certaines cabanes d’altitude, comme Chanrion, ne sont pas toujours équipées il faut donc prévoir nourriture et couvertures ! A l’occasion ils se font accompagner par un ou deux guides locaux. Le temps  parfois  se dégrade, un brouillard épais les enveloppe et  ils retournent parfois sur leurs pas.  La descente à skis, attachés par une corde, n’est pas toujours évidente.   La parfaite adaptation de Joseph Ravanel à ces conditions impressionne Michel Payot, admiratif des qualités de ce guide d’exception ! La neige est abondante et si parfois le cheminement est difficile, souvent il se fait avec douceur et tranquillité. La descente sur Zermatt est rude, longue, glaciale.

Mais quels souvenirs pour cette équipe qui vient d’ouvrir, sans le savoir, une des voies les plus appréciées et qui comble tout skieur de randonnée.

Les noms de Col du Chardonnet, Fenêtre de Saleinaz, Glacier d’Otemma,  Col de l’Evêque ,  Glacier de Ferpècle, Col d’Herens, Glacier de Zmutt   évoquent pour chacun un souvenir d’une randonnée hors norme dans les Alpes.

Comme disait Michel Payot : … « Qu’avons-nous rapporté de cette longue mais si belle traversée ? … des fatigues inouïes, des souffrances en tout genre, mais nous conservons tous l’ardent désir de continuer ces merveilleuses courses d’hiver ! »

Mais qui était donc Michel Payot ?

Sources : Revues La Montagne du Club Alpin Fançais- Revue Alpine section lyonnaise 1903

du 03 au 05 janvier 1908 débutent les premières compétitions de ski chamoniardes

En 1907  Montgenèvre avait organisé les premières compétitions hivernales, si bien que Chamonix, sous l’impulsion du CAF et surtout du docteur Michel Payot, décide d’organiser « en grand » ces compétitions d’hiver. En plus du ski, auront lieu durant toue la semaine suivante  jusqu’au 19 janvier  des courses pour amateurs de luges, de patinage, de bobsleigh, de ski joering et de tailing.

Le tout premier concours international de ski  se déroule  à Chamonix du 03 au 05 janvier 1908.

Un train spécial  avait été  affrété par le PLM pour transporter l’ensemble des concurrents, avec  une belle entrée en matière sous forme d’une réception à la gare au son de la Marseillaise. Face à la gare  était dressé un arc de triomphe  en glace pour les sportifs. Neuf hôtels avaient ouvert pour cette occasion.

Il fera un temps splendide et très froid pour les épreuves  avec une moyenne de température de -15°.

La présence militaire dans ces compétitions est notable. Il est vrai que l’armée avait  compris,  dès les années 1890, l’importance de ce nouveau  moyen de déplacement,  particulièrement utile pour les armées alpines. Si bien que pour ces compétitions  on remarque la participation de trois   équipes militaires : une  française (dont deux membres chamoniards Charlet et Ravanel), une  suisse et une norvégienne,  les italiens n’ayant pas pu s’entraîner annulent leur participation..

 Vendredi 3 janvier :

Ski de fond pour les équipes militaires : Argentière – Col de Balme – Chamonix, soit un dénivelé de 1200m sur une trentaine de kms !

En même temps, à Chamonix,  course de fond internationale  en terrain varié sur une distance de 22km pour amateurs et guides ; Alphonse Simond est second.

Une grande et belle fête de nuit  est organisée sur la patinoire éclairée par des lanternes vénitiennes et des feux de bengale.

 Samedi 4 janvier :

Matin : 1ère  Course de vitesse pour les équipes militaires sur un parcours de 3 km et dénivelé de 250 m environ. Celle-ci se déroule dans les champs situés entre la Mollard et les Moussoux  au pied du couloir du Brévent. Certains utilisent 2 bâtons, certains un seul ! Départ du haut des champs et  arrivée à un  arc de triomphe mis en place au pied  de la pente. Cet exercice était particulièrement difficile car, jusqu’à ce jour, on utilisait les ski  que pour se déplacer ( exercice appelé  ski de fond, donc à plat ) et non dans le cadre d’une descente « raide ». Il y eut beaucoup de chutes ; ce fut le vrai début des essais de ski de descente !

Après midi : concours de saut aux Praz, au tremplin de la Frasse, qui attire une foule enthousiaste de plus de 3000 spectateurs impressionnés par les norvégiens  qui offrent aux spectateurs ahuris  le spectacle d’un saut à deux et à trois.

Soirée : grand banquet au Casino municipal avec 300 convives . Avec de très nombreux discours !

Dimanche 5 janvier :

1ère Course de dames (9 participantes) sur une course de fond de 3 km entre le hameau des Plans en direction des Praz, sur un terrain varié avec obstacles, marche en forêt et dénivelé de 50m : victoire des chamoniardes  Marthe et Marie Simond.

Nouvelle démonstration des sauteurs sur le tremplin des  aux Praz.

Durant toute cette période, des pistes de luge, de bobsleigh, sont aménagées sur les champs entre la Mollard. et les Moussoux. Les champs du Savoy ne sont pas encore à la mode !  La patinoire est prise d’assaut, le ski joering et le tailIng connaissement un réel succès.

On parlera dans la presse de ces inoubliables journées du deuxième concours international de ski.

On peut dire que 1908 marque Le début des sports d’hiver à Chamonix.

Sources : Revues Club Alpin Français – Revues La Montagne -Journal  Gazette de Lausanne – Archives Amis Vieux Chamonix

La gare SNCF de Chamonix

Accéder à la vallée n’était pas aisé, le moyen le plus courant étant le mulet ou la marche à pied.  Les touristes empruntent régulièrement un attelage rudimentaire, le char à bancs, simple voiture hippomobile ouverte. Au XVIIIe siècle, il faut bien souvent trois jours pour se rendre de Genève à Chamonix.

Lors de son voyage de découverte de la Savoie (devenue nouvelle province française en 1860), l’Empereur Napoléon III offre une somme d’argent pour la construction d’une voie carrossable Cette route arrive définitivement dans la vallée en 1867 et, à Chamonix, en 1870. Aussitôt sont mis en place des services de diligences.

Le XIXe siècle voit l’explosion des chemins de fer dans toute l’Europe. Le train arrive au Fayet en 1898.Pour accéder ensuite à Chamonix, on opte pour une voie métrique électrique. C’est la première voie ferrée à traction électrique construite en France.

La ligne est attribuée à la compagnie PLM.

Le train atteint Chamonix le 25 juillet 1901. La ligne multiplie par dix la fréquentation touristique au tournant du XXe siècle. Il transporte 420 voyageurs par jour et connaît immédiatement un immense succès. La ligne multiplie par dix la fréquentation touristique au tournant du XXème siècle. La ligne est prolongée en 1906 sur Argentière et 1908 sur Vallorcine. Mais le train ne fonctionne qu’en été . En raison des avalanches nombreuses sur l’itinéraire il faut sécuriser la ligne. Des galeries paravanalches sont construites. Ce n’est que dans les années 1930 que les trains peuvent enfin circuler en hiver jusqu’à Montroc.

La petite gare de Chamonix construite en 1901 subit, dès 1909, un agrandissement de part et d’autre de la partie centrale mais elle est jugée trop « dépouillée »  par le ministre des Travaux Publics. Sont alors  ajoutés, en 1912, des  lucarnes à deux pans   sur les longues toitures des ailes latérales et sur le pavillon central.

Histoire de l’ancien hôpital de Chamonix

Tous ici à Chamonix se souviennent de l’ancien hôpital  situé en haut de la rue Vallot, au pied du hameau des Plans. Mais depuis quand Chamonix possède-t-il un hôpital ?

Réalisé avec l’aide de l’historique rédigé par  Christian Lemarcis, ancien directeur de l’hôpital.

Au XIXe siècle  à Chamonix existait un bureau de bienfaisance, sorte d’organisme caritatif, en partie religieux et en partie municipal.

Le 6 décembre  1876 est la date officielle pour la création d’un hospice à Chamonix grâce au legs de  Michel Auguste Balmat « en faveur de la commune de Chamonix afin de fonder un hospice pour vieillards et indigents ». Mais les héritiers engagent de nombreuses actions en justice contre cette décision, ce qui ralentit la réalisation du  projet. Finalement, ce legs se montre insuffisant pour une construction nouvelle.  Aussi, une partie des dons est utilisée pour des secours ponctuels à domicile, pour l’entretien d’un dispensaire de la Croix Rouge installé en ville et tenu par les sœurs de la Charité.

Plus tard, la commune reçoit d’autres dons, notamment des legs de Pierre Edouard Carrier, de Judith Charlet, un de la famille Michel Devouassoud et un de la famille Garny. Mais aussi des biens originaires des fabriques de Chamonix et d’Argentière (une  fabrique était un établissement public du culte catholique relevant de  l’autorité ecclésiastique, c’était un instrument d’administration pour le service public des cultes mais étaient très  impliquées dans les bureaux de bienfaisance).

 Mais mieux encore, après le décès du fameux Venance Payot, mort sans héritier direct,  on apprend par son testament olographe du 1er mars 1887  « qu’il lègue aux communes des  Houches, de Servoz,  de Chamonix et de Vallorcine une somme de 20.000 francs en capital et une propriété appelée  « Pension hôtel Bellevue » au lieu dit les Rebats (actuellement emplacement de la résidence Belgique) Le tout en faveur d’un Hospice Cantonal qui devait porter le nom  Venance Payot .

Mais alors  commence une querelle entre les diverses communes.

Effectivement, sur le testament le nom de Chamonix est biffé (chamonix) Donc Chamonix ne devrait pas faire partie de ce legs. Mais pourquoi Venance Payot aurait il enlevé Chamonix alors qu’il était un vrai chamoniard de souche ? L’affaire est conduite au tribunal en février 1905 (par les communes des Houches et de Servoz ). Le tribunal ayant étudié dans le détail le fameux testament note qu’il est bien dit au bas du testament, signé par Venance Payot,  que ce texte est écrit sans ratures et que toute clause surajoutée était donc sans valeur. Quelqu’un donc avait probablement « raturé » le nom de Chamonix … Mais qui ? Nul ne le sait.

Le bâtiment étant mal adapté pour le transformer en hôpital La commune s’engage finalement  dans la vente du bâtiment  situé aux Rebats ; Il fallait obtenir l’autorisation des héritiers Payot dont certains n’étaient toujours pas disposés à laisser partir ce bien !. Il faudra toute la diplomatie de Jules Payot (neveu de Venance) pour obtenir le consentement des  42 héritiers concernés ! La mise en vente se fait le 5 juin 1911, mais la valeur de ce bien est nettement au dessous de ce qu’avait estimé Venance Payot en son temps… Donc t il n’y a  toujours pas de nouvel hôpital à Chamonix malgré les divers legs !

En 1922 les communes de la Vallée de Chamonix acquièrent l’ancien Hôtel de la Mer de Glace au Haut du Bourg, absorbant l’ensemble des capitaux. La commune de Chamonix fera un emprunt pour combler le reste manquant.

Ce ne sera que le 4 décembre 1922 que le ministère de l’hygiène fonde officiellement « l’Hôpital-Hospice de Chamonix et Cantonal Venance Payot ».

En 1932 sont aménagés un servie plus technique de médecine et un  de chirurgie.

1939, legs de Emma Tronchet.  En 1941, legs de Stéphanie Charlet. En 1942 legs de Pierre Eloi Simond  ( legs important avec de nombreuses terres située au Tour ce qui permettra la création d’un service de maternité)

1948, legs de Judith Ducrey.

1958, on rénove et surélève le bâtiment principal.

1961, projet d’un hôpital dans les lacets du Belvédère.

1965, projet d’agrandissement non abouti.

1974,  construction du bloc opératoire.

1983,  la dernière religieuse s’en va.

1988, legs d’Hélène Couttet. Nom qui sera donné  à la MAPA,

1990, projet du nouvel hôpital, avec le soutien de Mr Balladur,  au lieu dit des Favrands,  inauguré en 1994.

Les chamoniards regretteront toujours « leur » ancien hôpital avec quasiment toutes  ses chambres orientées vers le mont Blanc, son service de chirurgie au 1er étage, sa  maternité au second, ses religieuses, ses infirmières et ses médecins  que tous connaissaient sans oublier sœur Gasparine, qui dirigeait avec autorité et empathie le 4ème étage

L’ancien hôpital était l’âme de cette petite ville de montagne. Ici  naissaient et mouraient  les chamoniards !

IL a été rasé, mais son souvenir restera longtemps dans la mémoire des chamoniards.

Sources : Christian Lemarcis. Ancien directeur de l’hôpital – Archives association des Amis du Vieux Chamonix

La Pierre à Ruskin, un témoignage oublié d’un homme d’exception !

C’est un bloc erratique (comme la Pierre d’Orthaz de l’autre côté de la vallée), un de ces énormes blocs de pierre charriés par les glaciers, au temps très lointain où ils étaient descendus dans la vallée, et restés là lorsque ceux-ci se sont retirés.

C’est sur cette pierre qu’en 1925, selon Le Figaro de l’époque, « le 6 septembre, à Chamonix, sous la présidence du préfet de la Haute-Savoie, et en présence des autorités régionales et de personnalités de France et d’Angleterre, fut solennellement apposé, dans la célèbre pierre dite « pierre à Ruskin », le médaillon en bronze de l’illustre écrivain ». Ce médaillon était l’œuvre du sculpteur Tarnowski.

Illustre écrivain, Ruskin, que Marcel Proust mettait en 1900 sur le même pied que Tolstoï, Nietzsche ou Ibsen, l’est en effet pour son œuvre immense, qui court sur 45 années, riche d’innombrables titres, dont les principaux sont Modern Painters, Les 7 Lampes de l’Architecture, Les Pierres de Venise, Sésame et les Lys.

Chamonix, dont il tomba follement amoureux lors de sa première visite, en 1833 (il avait 13 ans et demi) tint dans sa vie comme dans son œuvre (en particulier dans « Of Mountain Glory », 4e volume de Modern Painters) une place éminente, et il n’y fit pas moins de 18 séjours (parfois de 3 jours, parfois de 3 mois), entre 1833 donc et 1888.

Il aimait, en particulier, aller s’asseoir, après le dîner, pour contempler les Aiguilles et voir se coucher le soleil, sur ce qu’il appelle « ma grosse vieille pierre sous le Brévent », et qui, pour ceux des Chamoniards qui avaient fini par bien le connaître, est donc devenue « la Pierre à Ruskin ». Beaucoup de ses descriptions de soleil couchant sur les Aiguilles ont été faites depuis cet endroit d’où il avait, de sa Pierre, une vue splendide (aujourd’hui masquée par un rideau d’arbres), une des plus belles de Chamonix, sur tout le panorama des Aiguilles.

Mais par un étrange paradoxe l’hommage qui lui fut ainsi rendu a fini par trop souvent déformer ou occulter la réalité du lien entre Ruskin et Chamonix : c’est ce que j’appellerai le cliché de la Pierre à Ruskin : un vieil homme (barbu voire un peu barbant…), assis là à regarder les montagnes. Alors que le Ruskin amoureux de Chamonix fut d’abord un homme jeune et sportif. Il a 23 ans quand paraît le premier volume de Modern Painters où figurent ses premiers textes sur les Alpes, et 37 ans quand paraît « Of Mountain Beauty ».

Bien loin d’avoir passé son temps assis sur « sa » pierre, Ruskin eut une vraie pratique de la montagne, avec, à Chamonix, des séjours hyperactifs, en particulier à partir de 1844, avec un guide exceptionnel, Joseph-Marie Couttet. Il se révèle être un marcheur, un randonneur et même un excellent grimpeur, qui n’a cessé de parcourir les Alpes (outre Chamonix, Courmayeur, Macugnaga, Zermatt, et aussi plus tard l’Oberland bernois). Et à Chamonix, il passe « de rudes journées », il fait « de dures ascensions ». Il part souvent à 6 heures, voire à 5 heures du matin. Et il est parfois 10 h du soir quand il tient son journal, où il se déclare fourbu, mais ravi, et prêt à recommencer le lendemain. Bref, comme il l’écrit en 1844 : « Je sais que je peux marcher avec les meilleurs guides et épuiser les mauvais ».

Cette intense activité physique est pour lui la condition de sa compréhension de la montagne dans toutes ses dimensions. Il s’approprie les lieux par le regard, en un étonnant mélange d’esprit scientifique (influence de Saussure), esthétique (Turner) et religieux (la  Bible) qui marque son aboutissement dans ses magnifiques écrits sur les Alpes.

 

André Hélard

Merci à  André Hélard qui m’a très gentiment proposé ce texte

André  Hélard est écrivain spécialiste de John Ruskin.

Œuvres principales de John Ruskin  : Les peintres modernes( réflexions sur l’art) en cinq volumes  – Les Pierres de Venise – Les sept lampes de l’architecture –  Sésame et les lys –

Ruskin écrivain  était avant tout un grand critique d’art mais par ailleurs était peintre, aquarelliste, dessinateur et photographe avec les tout premiers daguerréotypes de Chamoni

Une belle restauration : l’ancien hôtel Beausoleil et des guides

Peut être que certains, parmi vous auront remarqué la belle restauration  de la façade de la résidence « Beausoleil et des guides », travail réalisé par une artiste murale  Géraldine Ciampo .

C’est un réel plaisir de découvrir cette façade restaurée,  témoignage de notre  histoire et notre patrimoine.

Mais savez vous que ce petit bâtiment raconte une longue et riche histoire de ce petit coin de Chamonix ?

En  1790 un certain Michel  Paccard tenait une auberge au centre de Chamonix  cette auberge  porte en 1853 le nom de « la Réunion des Amis » . On sait qu’elle se trouve à l’arrière d’un hôtel appelé  l’hôtel de l’Union disparu de nos jours.

Cet  hôtel de « la Réunion des Amis » est cité dans de nombreux ouvrages et guides entre 1868 et 1895. Selon les divers propriétaires entre 1864 et  1900, il sert  d’annexe à l’hôtel de l’Union,  prend le nom s  d’ hôtel du  « Palais de Cristal » »

Le 20 décembre  1920 : il est passablement détruit par le feu

En 1930 le bâtiment est  acheté par la famille Claret qui le rehausse d’un étage et le transforme en logements puis le réaménage en hôtel en 1936. L’hôtel s’appelle tout d’abord  « hôtel Claudia »  puis  hôtel  « Beausoleil et des guides ».

La famille se réservant le rez de chaussée utilisé pour la boucherie jusqu’en 1981.. Beaucoup  de chamoniards s’en souviennent !

L’hôtel est  transformé en appartements en 1989.

Les médaillons d’origine avaient été réalisés par le peintre local Serge Gaffoglio, représentant divers portraits de guides célèbres de la vallée de Chamonix. Ils ont été restaurés avec soin.

Un bon point pour notre patrimoine !

Sources : Archives et bibliothèque Association des Amis du Vieux Chamonix – Guides : Joanne 1882, 1913. Guide Diamant : 1891 – Flâneries au pied du Mont-Blanc de Christine Boymond Lasserre et Joelle Dartigue Paccalet.

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