Catégorie : Découvrir le patrimoine de Chamonix

A Vallorcine – Une église lumineuse après cinq années de travaux . Bravo !

 

Cette petite église de Vallorcine qui se dresse ici depuis 1272 force l’admiration de chacun. Reconstruite en 1288 elle est là, présente, seule au milieu des prés. Elle semble affronter siècle après siècle le climat rude de cette vallée. Nombreuses sont les coulées de neige qui l’ont atteinte. Elle est touchée en 1594 puis en 1674 et les catastrophes se répètent, particulièrement durant la période du petit âge glaciaire. L’église est menacée si bien que les vallorcins décident en  1720, de la protéger, tout d’abord en construisant une impressionnante « tourne » ( voir article sur la tourne : https://www.blogdechristineachamonix.fr/la-tourne-de-leglise-de-vallorcine/ ,

 

En 1756 l’église est reconstruite dans le sens inverse de l’origine pour la mettre à l’abri de cette digue. Quel était son décor ? On peut l’imaginer baroque.

Retable de 1838

Il est probable que le décor d’origine avait été endommagé par l’humidité permanente du lieu. Par ailleurs le maître autel de 1838 avait été détruit en 1958. Les vallorcins avaient peu à peu réaménagé leur église en faisant appel aux artisans locaux dont on retrouve de nos jours la marque dans le mobilier : portail d’entrée, autel, baptistère ou croix de l’entrée du chœur.

Avec le temps, l’église se dégrade, rongée par le salpêtre. La décision est prise de lancer une grande campagne de restauration. De gros travaux sont entrepris en 2017 afin d’assainir l’ensemble du bâtiment. La question s’est posée à propos du décor d’origine. Des sondages intérieurs sont   réalisés  révélant jusqu’à sept restaurations entre le XVIIIe et XXe . Des fresques sont peu à peu mises à jour. Bien que lacunaires, elles sont restaurées et offrent au regard du visiteur quelques très beaux éléments de facture baroque. Au centre de l’arc triomphal on reconnaît Dieu le père auréolé du triangle de la Trinité. Sa main repose sur un globe, image traditionnelle représentant l’Univers dont le Père est le créateur. Sur sa gauche, probablement Saint Paul  tenant un livre (ses épitres) et un glaive (instrument de son martyr ou encore vu comme le glaive de l’Esprit c’est à dire de la parole de Dieu) ,  et sur sa droite probablement Saint Pierre.

 

Au pied de l’arc à gauche on devine Saint Michel terrassant le dragon et tenant  dans sa main gauche la balance des âmes au moment du jugement dernier. Sur la droite Saint Maurice en légionnaire romain brandissant son étendard reconnaissable à sa croix tréflée . Intéressant car ceux-ci sont deux saints de paroisses voisines : Chamonix et l’abbaye de Saint Maurice en Valais.

 

Dans la partie supérieure, à la croisée de la nef et du transept, quatre personnages représentent les quatre Pères de l’église : Saint Ambroise, Saint Jérôme, Saint Grégoire et Saint Augustin, docteurs sur qui la foi de la Contre Réforme repose.

L’église est claire, lumineuse, car une fois que notre regard quitte ces fresque restaurées on ne peut que remarquer la douzaine de vitraux qui ornent l’ensemble des fenêtres de cette petite église. Vallorcine a fait appel au Père Kim En Joong, coréen, qui d’emblée a été enthousiasmé par ce lieu étonnant. Prêtre dominicain, Kim En Joong a décoré de nombreuses églises dans le monde entier et aussi dans notre région, notamment à Saint Gervais, Martigny, Hospice du col du Grand Saint Bernard. Après avoir découvert la foi catholique, il raconte sa découverte des vitraux de Chartres « Lorsque je pénétrais à l’intérieur de la nef pour la première fois, je fus ébloui. Il me semblait percevoir comme un avant-goût du ciel. Je n’avais vu nulle part cette lumière diffusée par des baies où dominent mes trois couleurs préférées : le bleu de l’espérance, le rouge de la naissance et le jaune de la joie »…

Et ce sont effectivement ces trois couleurs qui dominent dans l’ensemble des vitraux réalisés à Vallorcine. Peu importe, croyant ou non, nous ne pouvons qu’être éblouis par la beauté ce ces vitraux très modernes dans lesquels aucun thème religieux ne s’impose. Le bleu, le jaune le rouge forment une triade de couleurs qui jouent avec la lumière extérieure. Parfois un trait ou une tache plus sombre voire une autre teinte met en valeur ces couleurs lumineuses. Il y a de la gaieté, de la joie mais aussi pour des croyants de la profondeur et de l’espoir.

L’église de Vallorcine, témoin d’un passé séculaire, entre dans la modernité. Bravo à ceux qui se sont battus pour initier un tel projet et le mener à bien.

 

Sources :  Brochure de l’église de Vallorcine . Dominique Ancey – Revue Nature et patrimoine n°66. Article Jean Paul Roudier et  Dominique Ancey. Livre : Baroque un Art retrouvé (éditions Rossat-Mignod)

Pour en savoir plus sur l’église de Vallorcine je vous recommande le site  : https://www.eglise-vallorcine.fr/

Pour en savoir plus sur le Père Kim en Joong :https://www.kimenjoong.com/

Histoire et patrimoine Vallée de Chamonix

Christine Boymond Lasserre

 

 

 

 

meilleurs voeux pour 2023

Petite histoire du bar de la Terrasse devenu aujourd’hui Rose du Pont

Nous voilà face à un des bâtiments les plus emblématiques de Chamonix  le fameux bar La Terrasse dont l’architecture Art Nouveau sublime le centre ville.

Depuis le printemps dernier les nouveaux propriétaires se sont attaqués à la restauration et  à la réhabilitation de ce bâtiment étonnant. En mauvais état, la charpente de bois exotiques (courant à l’époque)   a résisté au temps ce qui a permis De conserver les formes typiques de cette expression artistique de la Belle Epoque : L’Art Nouveau. Nul ne connaît l’origine exacte de ce bâtiment  qui remplaçait un ancien déjà existant.  Certains racontent qu’il proviendrait d’une exposition internationale : Paris ? Interlaken ? Bruxelles ?   C’est vrai qu’il était courant à l’époque de démanteler un édifice pour le reconstruire ailleurs mais aucun document à ce jour ne nous en donne l’origine. Il reste cependant le témoin d’une période faste à Chamonix celle que l’on appelle la Belle Epoque mais la Terrasse est également un témoin historique de l’urbanisation du centre ville.

Dès le début du XXème Chamonix connaissant  un développement économique rapide,  le carrefour essentiel du village entre la rue provenant de l’église et la passerelle qui franchissait l’Arve , devient un lieu de commerces multiples. C’est la que  Pierre Joseph Payot, originaire du hameau  de la Molard achète vers 1825-1830 une maison située au centre. Quincaillerie, objets sculptés, cristaux sont le fond de commerce de la boutique. Il est rapidement aidé par son fils François devenu maître de poste ouvrant par la même occasion un bureau de change.

La maison s’agrandit formant trois parties distinctes. En 1860 Venance Payot un des  fils ouvre en bord d’Arve une sorte de muséum qui connaît un très grand succès. Il construit quelques années plus tard une grande maison un peu plus en amont  où il ouvre une  boutique.

Il  lègue à son frère Florentin  cette partie de la maison  tournée vers l’Arve. Celui-ci aménage un hôtel et transforme l’ancienne boutique de son frère en un bar – restaurant. Il prend alors son nom : Hôtel Pension de la Terrasse,  nom conservé jusqu’en 1890 !

 A la mort de Florentin sa fille Marie Adèle et son mari Philippe Thévenet héritent de l’ensemble.  La Terrasse devient « Pension- hôtel -café » puis uniquement « café- restaurant ». Veuve en 1903 elle épouse Mr Birkigt (d’origine belge)  mais conserve à son nom le restaurant. Il  semblerait que ce soit Marie Adèle qui  élève ce bâtiment construit  en encorbellement sur l’Arve (d’ailleurs au dessus du lavoir utilisé au pied de l’ancien bâtiment).

Elle le loue puis le vend en  1918. Hélas le  nouveau propriétaire provoque le scandale car il y a de nombreuses plaintes à propos de passage de « femmes de joie » à la pension  pour les soldats américains où également de jeunes mineurs chamoniards  semblent s’y rendre régulièrement. La Terrasse serait devenue un lieu de débauche !

Dès lors de nombreux propriétaires se succèdent. Le bâtiment n’est pas toujours entretenu avec goût. Certains architectes se succèdent mais souvent d’une manière maladroite.

On doit à Jenny  Galton qui , dans les années 1980,est  gérante du lieu  et désire redonner un aspect prestigieux e à ce bar. Elle fait  appel à Bernard Ferrari, architecte. Il donne au bâtiment cette couleur violet-mauve  dont on avait retrouvé trace par sondage. Il remet en  état le plafond d’origine, il réutilise les anciens lustres, et  y aménage d’anciens meubles Art Nouveau. La Terrasse revit grâce à Jenny mais hélas  à son départ le bâtiment ne sera plus entretenu.

En 2022 enfin un nouveau propriétaire amoureux de ce bâtiment  décide de lui redonner une allure  Belle Epoque. Ici vous découvrirez cette expression artistique qu’est  l’expression Art Nouveau se mêlant à un décor néo classique formé essentiellement  de stucs à l’ancienne de  miroirs et  luminaires  où jouent la lumière et le décor naturel.

La Terrasse devient Rose du Pont

Une très belle réussite.

 

C’est quoi l’Art Nouveau :

Un art qui se développe entre 1890 et 1914 en opposition à l’art néo-classique et dont l’expression artistique est essentiellement tournée vers la nature, la reproduisant souvent avec des fleurs , et jouant avec les formes courbes et contre-courbes.

 

                                                      Les divers aspects de la Terrasse au cours du temps

 

Sources : Gallica – Archives Amis du Vieux Chamonix

Histoire et patrimoine vallée de Chamonix

Christine Boymond Lasserre

 

Petite histoire du refuge du Couvercle

GUIDO REY  (alpiniste, écrivain italien):

 » LE COUVERCLE EST SITUE DANS LE LIEU LE PLUS ADMIRABLE DU MONDE

Fin XIXe, les alpinistes se rendant aux pieds des montagnes mythiques situées au-dessus de la Mer de Glace avaient pour habitude de s’abriter sous une grosse pierre, où avait été  édifié une simple cabane  dite la « cabane de Pierre à Béranger » située sur la rive gauche du glacier de Talèfre. Modeste cabane en bois construite en 1867 adossée à un énorme bloc à 2466m.

Celle-ci est détruite en 1903 . Elle est remplacée en 1904 par une une autre cabane prévue pour 12 personnes et  située plus en amont à 2698m sur la rive droite du glacier de Talèfre . Elle est inaugurée le 7 août 1904. C’est monsieur Lucien Tignol, délégué du C.A.F de la section de Chamonix, remplaçant le docteur Payot empêché, qui préside la petite fête d’inauguration. La cabane s’appellera désormais cabane du Couvercle car édifiée à l’abri de cette immense pierre de 20mètres de long. Agrandie en 1911 la cabane peut accueillir une trentaine de personnes avec un dortoir, un réfectoire et une chambre pour un gardien. Le dernier gardien a été le célèbre guide Joseph Ravanel, dit le Rouge, auteur de nombreuses premières décédé dans l’automne 1931.

Dès 1929, en raison d’une fréquentation de plus en plus importante, la commission des travaux en montagne du C.A.F décide la construction d’un grand refuge à 80 mètres de l’existant.

Grâce à la donation de Mr F.  Lung, les travaux commencent en 1931 sous les ordres de Mr Bernadet. (Président de la section de Chamonix du C.A.F). Le bâtiment en granit mesure 11 m 40 par 8 m 15 pour 8 m 80 de hauteur au faîtage, deux grandes terrasses l’entourent. Sa capacité d’accueil est de 106 personnes réparties en deux dortoirs et un réfectoire de 80 places. Les dortoirs sont par la suite cloisonnés en cinq dortoirs indépendants. L’intérieur est en lambris de bois et parquet de chêne. En ces années le monde montagnard est encore un  milieu religieux et le lundi 29 août 1932 a lieu l’inauguration devant plus de 500 personnes. Une messe solennelle est célébrée et chantée par la chorale de Chamonix. Le chanoine Rhuin lit un télégramme de S.S. Pie XI, puis le pasteur Dartigue célèbre un office protestant.  De nombreux discours sont prononcés dont  celui de Mr Alfred Tairraz, premier adjoint de Chamonix. Durant le déjeuner, pendant que la chorale chante, le capitaine Thoret, avec son avion plane longuement au-dessus de l’assistance.

20 ans après, un nouveau projet est de nouveau mis sur pied et terminé en début de l’été 1952. Il est le plus important et le plus moderne de France pour l’époque, pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes. On aménage 7 dortoirs. Sur les bases duu précédent refuge, celui-ci est également en granit, une couverture de cuivre rouge sur une solide charpente sert de paratonnerre et de mise à la terre. L’inauguration a lieu le dimanche 10 août 1952 en présence de Mr Masson secrétaire d’état. A 10 heures, une messe est célébrée sous un magnifique soleil malgré l’énorme orage de la veille.

 

Chacun à Chamonix se souvient du gardien du refuge Ulysse Borgeat (et de sa sœur Gilberte Maerten) qui, avec sa gentillesse légendaire, est resté 16 ans aux commandes du refuge.

 

Depuis quelques temps, le site est moins fréquenté, mais il reste un objectif important pour de nombreux alpinistes car le refuge reste un point de départ idéal pour accéder aux sommets mythiques du massif: l’aiguille Verte, le   Moine, les Droites, la pointe Isabella, etc…

Le refuge étant devenu un peu surdimensionné, il a donc été décidé de le rénover. Sa capacité est divisée  par deux. Au lieu des 128 couchages, celui-ci n’en abrite plus que 64. La rénovation s’est faite dans l’optique de préserver l’héritage architectural, le confort des occupants et l’environnement exceptionnel de ce site classé du Mont-Blanc, en respectant les volumes existants et la forme d’origine.

Il est inauguré ce 23 juillet 2022. 

LISTE DES GARDIENS

1911 / 1925 François Couttet dit François à la comtesse, remplacé par Léon Claret Tournier qui restera en place jusqu’en 1925
1926 / 1931 Ravanel le Rouge devient le gardien, le dernier dans le vieux refuge.
– 1932 / 1945 Arthur dit Arthur au rouge (fils de Ravanel le rouge) est le premier à garder le nouveau refuge.
– 1946 / 1960 Clément Com aidé par Raymond Claret Tournier C’est eux qui assisteront aux travaux d’agrandissement du refuge au cours des été 1950 et 1951. Puis Alexis Caux à partir de 1950.
– 1961 / 1962, Clément Hugon et Alexis Caux .
– 1963 / 1979 Ulysse Borgeat et Gilberte Maerten (sa sœur)  en deviennent les gardiens.
– 1980 / 1985 Régis Mugnier est le gardien en titre. Il connaît bien le refuge car il a travaillé avec Gilberte et Ulysse.
– 1986 : Pascale et Michel Tavernier à cheval sur le XXème et XXIème siècle.
– 2015 : Christophe Lelièvre, après onze ans à la Charpoua, migre de l’autre côté de l’arête des Ecclésiastiques

 

 Sources : Mémoire d’Armand Comte guide, cristallier . Archives et photos Association Amis du Vieux Chamonix – Archives CAF – Revues CAF . Refuge du Couvercle.

Histoire et Patrimoine Vallée de Chamonix

Christine Boymond Lasserre

 

Quand le futur fait resurgir le passé ! La saga Vallot se poursuit

Une superbe idée prend naissance à l’observatoire Vallot de la vallée. Le CREA (Centre de Recherches de l’Ecosystème en Altitude), qui occupe les lieux depuis une vingtaine d’années, lance le projet d’une belle rénovation de cet ancien observatoire de Joseph Vallot avec la création d’un bâtiment complémentaire indispensable à son activité. Le projet se veut être dans l’esprit du lieu.

N’oublions pas que Joseph Vallot a, depuis la création de cet observatoire, désiré que ce petit chalet soit toujours consacré aux recherches scientifiques, recherches qui sont l’essence même du CREA : mieux connaître le milieu alpin, comprendre l’adaptation de la faune et de la flore aux changements climatiques et étudier ces phénomènes nouveaux qui en découlent. Il est évident que Joseph Vallot aurait adhéré à ces recherches modernes indispensables à une meilleure connaissance du monde alpin qu’il affectionnait particulièrement.

Le CREA a un rôle essentiel dans le milieu scientifique, il est unique en France. Cette équipe soutenue par une quantité de bénévoles passionnés par le monde alpin en pleine mutation a réellement besoin de « pousser » les murs.

 

Pour ce faire, celui-ci s’est lancé dans le projet d’un nouvel édifice dominé par une  idée de sobriété et d’éco-conception. Il se doit d’être un exemple environnemental à l’image de leurs recherches. Le CREA a fait appel à l’architecte Jacques Félix Faure, un grand spécialiste de bâtiments écologiques. Un beau projet dont la ville de Chamonix pourra être fière puisqu’elle est partie prenante dans ce cette entreprise. En complément, le jardin dans lequel l’observatoire a été construit deviendra un jardin expérimental ouvert au grand public afin de partager dans la vallée avec les néophytes une meilleure connaissance du monde alpin.

On ne peut que se réjouir de la rénovation du petit chalet observatoire  Vallot, de l’aménagement d’un jardin expérimental et de la création d’un nouveau laboratoire.

Joseph Vallot qui a tant apporté à Chamonix et au Mont Blanc avec son cousin Henri serait certainement heureux de voir ce projet se réaliser dans leur observatoire d’origine.

140 ans après sa création, l’observatoire peut redevenir un acteur majeur de la recherche scientifique en montagne qu’ils avaient initiée dans la vallée de Chamonix.

 

PETIT RAPPEL A PROPOS DE JOSEPH VALLOT :

Il découvre Chamonix en 1875 et réalise sa première ascension du mont Blanc en 1881.  Rapidement, il décide de faire construire un observatoire-laboratoire couplé avec un refuge pour les guides  en altitude où il pourra se livrer à de nombreuses expériences scientifiques. Dans la foulée, il construit un autre observatoire près de sa villa afin de travailler en corrélation avec le premier.  Il passe entre autre trois jours au sommet du mont Blanc afin de prouver que l’homme peut s’adapter à la vie en altitude. D’ailleurs monter au sommet du mont blanc et y passer plusieurs journées pour ses recherches ne lui cause aucun problème. En 1898 il passe 43 jours à l’altitude de 4350m lors de la construction de l’observatoire. Ses travaux menés pendant une quarantaine d’années couvrent de multiples domaines : botanique, glaciologie, construction, géologie, photographie, médecine, physiologie, cartographie, alpinisme, météorologie, spéléologie, ont été reconnus comme présentant un intérêt scientifique majeur.

Ses recherches ont fait faire un grand pas à la connaissance du massif du mont Blanc. Chamonix ne peut que s’en féliciter. Et un grand merci au CREA qui décide de poursuivre cet élan généré par Joseph Vallot et son cousin Henri et son neveu Charles.

 

Afin  de mieux connaître ce personnage hors du commun je ne peux que vous recommander ce petit ouvrage passionnant écrit par Eliane Patriarca, journaliste.

 

 

 

 

Christine Boymond Lasserre

Histoire et patrimoine de la Vallée de Chamonix

Connaissez vous ces deux alpages oubliés : le Manchoir et le Mont Borrel ?

Dans la vallée de Chamonix, ils sont nombreux ces alpages de moyenne ou de haute montagne. Certains sont plus connus que d’autres, certains ces dernières années ont connu une nouvelle vitalité avec rénovation et réhabilitation afin de perpétuer une tradition ancienne, mais beaucoup furent  peu à peu abandonnés dans les années 1950 avec l’explosion des activités touristiques.

Avec cette vie moderne et ce tourisme envahissant les habitants de la vallée ont besoin de retrouver leurs racines et cette vie qui, durant des centaines d’années, a animé la société locale et a façonné ce paysage de moyenne montagne.

Sans plus tarder, je vous recommande d’aller faire un tour au musée montagnard des Houches. L’animatrice du musée, Eloïse, avec l’association « Dans l’temps » se sont penchés sur deux alpages méconnus des Houches.

Sur les hauteurs du hameau de Vaudagne et des Bouchards, au cœur de la forêt sur les sentiers conduisant au Col de la Forclaz ou au Prarion se trouvent encore quelques souvenirs de deux anciens alpages dit intermédiaires ou « mointieu » (c’est-à-dire alpages entre le village et les alpages de haute altitude). Alpages méconnus mais au riche passé :

Le Manchoir et le Mont Borrel .

 Photo de l’alpage du  Manchoir en 1920

Le Manchoir dont le nom peut paraitre curieux, mais pas tant que cela, puisque dans les archives nous retrouvons parfois ce terme pour désigner une grange ou une maison située en hauteur. Au Manchoir il subsiste un chalet  qui est une simple rénovation d’une grange d’origine, deux « chalets » reconstruits à partir de ruines et deux anciennes granges dont il reste très peu d’éléments. L’ensemble était encore présent en 1920 . Mais abandonné peu à peu l’alpage finissait de disparaître jusqu’à la décision de certains propriétaires de faire revivre ce lieu isolé. Il a retrouvé vie !

A Mont Borrel à ce jour il reste une grange encore debout utilisée régulièrement par la famille propriétaire et cinq autres qui sont à l’état de ruines. Et pourtant son histoire remonte au XIVe siècle. Mont Borrel est le témoignage de cette vie traditionnelle liée à l’exploitation du bétail bovin. Les archives particulièrement intéressantes ainsi que certains courriers conservés par les familles propriétaires des lieux racontent le passé de cet alpage oublié. Témoignages toujours très émouvants à lire.

Lors de cette visite vous partez à la rencontre du passé de ces deux anciens alpages mais c’est, par ailleurs, l’occasion de replonger dans la vie rurale locale avec les diverses phases de cette vie traditionnelle : celle du village, celle des  alpages familiaux (que l’on appelait « les petites montagnes »  et celle des  alpages collectifs  (appelés les grandes montagnes). Cette visite c’est, entre autre,  partir à la recherche du sens des mots que nous utilisons régulièrement mais qui souvent par un glissement sémantique  ont changé de sens tels ceux liés au terme « montagne ».

Cette plongée dans ces temps anciens c’est re- découvrir les usages et les pratiques de ces hommes et femmes liés à leur bétail et à leur survie dans ce monde rude qu’était la vie paysanne de montagne.

Bonne visite !

Sources : Musée Montagnard des Houches – Association « Dans l’temps »

Christine Boymond Lasserre

Histoire et patrimoine de la vallée de Chamonix

 

 

 

 

 

 

La Résidence Victoria  ne paie pas de mine et pourtant…

 

Détruite en grande partie par l’incendie de 1999 qui ravagea la salle Michel Croz, la résidence Victoria raconte cependant l’histoire prestigieuse d’un des hôtels les plus marquants de la vie hôtelière chamoniarde pendant plus de cent ans !

Celle ci commence vers 1770 lorsque Jean Pierre Tairraz édifie au centre de Chamonix un hôtel qu’il baptise « Hôtel de la Ville de Londres ». Bourrit qui y descend en 1787, le décrit comme étant un établissement de très belle qualité. IL est fréquenté aussi bien par une clientèle britannique comme lord Byron ou Shelley que par les impératrices Joséphine de Beauharnais ou Marie Louise lors de leur passage discret dans la vallée.( D’ailleurs longtemps après on fera visiter les chambres où elles séjournèrent).

Les deux fils de Jean Pierre (Joseph Marie et Victor Amédée) prennent le relais à la mort de leur père en 1814. Durant trente ans, ils assoient la réputation de l’hôtel. Mais ils meurent tout deux en 1844 et ce sont les deux fils de Victor Amédée (Auguste et Edouard) qui prennent la succession, et forts de leur succès, ils édifient vers 1848 -1850 en bordure d’Arve un hôtel nettement plus prestigieux réunissant  les deux hôtels sous le nom  « de Grand hôtel de Londres et d’Angleterre ». La nouvelle construction présente la particularité d’être construite en léger encorbellement au dessus du lit de la rivière, son implantation ayant nécessité une reprise du lit de l’Arve. L’hôtel s’ouvre largement sur le mont Blanc, possède des bains, et on aménage une passerelle franchissant l’Arve.

Une partie de l’hôtel de Londres est détruit par l’incendie de 1855 qui ravage le haut de la ville de Chamonix. Les frères Tairraz cependant s’empressent de le reconstruire, mais avec un toit à deux pans (contrairement au bâtiment d’origine qui était typique du XVIIIe siècle avec un toit à 4 pans).

Les frères Tairraz consacrent leur temps à faire de cet ensemble hôtelier un des plus confortable de Chamonix réputé pour sa vue, sa cuisine excellente et l’accueil chaleureux des propriétaires.

Auguste sans enfant meurt en 1856, son frère Edouard en 1858. La fille d’Edouard , Athala, étant trop jeune, la famille crée la Société Anonyme des Hôtels qui gère l’hôtellerie jusqu’en 1878, année de mariage d’Athala. C’est ensuite son mari Mr Crépeaux qui commence à exploiter lui-même l’Hôtel de Londres et d’Angleterre qu’il porte à un haut degré de prospérité, et à la tête duquel il se trouvait encore en 1897.

Mais le couple ne s’entend pas et finalement Athala, écartant son mari, créée en 1911 avec ses enfants une autre société sous le nom de Société Hôtelière Franco-Suisse de Chamonix qui exploite les hôtels.  Athala reste propriétaire des murs et possède des parts dans la société Franco-suisse. En 1920 la société vend l’ancien hôtel de londres

Sous la bonne garde d’Athala la société construit 13 magasins le long de la nouvelle avenue de la gare et édifie le Chamonix Palace de l’autre côté de l’Arve.

L’hôtel est  finalement vendu en 1927.

Il connait une autre vie avec la famille Simiot,  dont  Edgar Couttaz,  qui ayant épousé une fille Simiot va donner les dernières grandes heures de gloire à l’hôtel. Celui-ci ferme dans les années 1960.

 

Il sera malheureusement très endommagé par l’incendie de 1999 et ne sera même pas reconstruit selon le style ancien que lui avait donné la famille Tairraz.

 

Quelques éléments ont échappé à la destruction du feu dont un magnifique escalier, de beaux stucs et des encadrements extérieurs de granit raffinés uniques à Chamonix .

 

 

 

 

 

Sources : Archives Amis du Vieux Chamonix, Archives départementales Guides touristiques Conty, Joanne.

Christine Boymond Lasserre

Histoire et patrimoine Chamonix Mont Blanc

Kursaal , quel drôle de nom !

Durant la belle Epoque est construite vers 1885 une villa appelée la Villa des Fleurs. Elle est utilisée comme complément au casino qui à l’époque était situé en face  dans les locaux  du rez de chaussée de l’Hôtel de l’Union.

La villa des Fleurs devient un café casino  avec salle de jeux  prenant le nom de « Casino Kursall »..Nom utilisé bien souvent dans les stations dites « climatériques ».

Puis Joseph Cusin Berlincourt l’ouvre en tant que muséum prenant le nom d’Alpineum (avait collectionné quelques souvenirs de Jacques Balmat dont son marteau de cristallier) . IL y fera des conférences avec projections lumineuses.

La villa des Fleurs était éclairée à l’électricité et lampes à arc.  Parfois sert de casino et régulièrement des cafés concerts sont donnés  de 1893 à 1906.

En 1906  Jospeh Cusin transforme son établissement en « Grand Cinématographe du Mont-Blanc ». En 1920 Joseph Cusin Berlincourt donne sa collection à la ville de Chamonix.

Le bâtiment est détruit dès 1920.

Sur l’emplacement de cette villa il est projeté de construire « le grand Casino de Chamonix », mais en raison du manque de financement le projet est abandonné.

Les travaux sont suspendus et finalement transformés  pour l’édification d’une « maison de rapport » c’est-à-dire un immeuble composé d’appartements destinés à la location.

On reprend le même nom : KURSAAL

Elle est de style Art Déco avec ses pilastres et ses carrés de mosaïque entre les fenêtres.

Sources : Marc André Reynckens, recherches sur les casinos de France. Paul Payot, Histoire des casinos.

Histoire et patrimoine Vallée de Chamonix

Christine Boymond Lasserre

 

 

 

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