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L’hôtel Fin Bec ou l’hôtel Lutetia ?

 

En juin 1888, la préfecture de Haute Savoie autorise Auguste Alfred Couttet, voiturier et guide , à « …construire une maison sur le côté droit de la Route Nationale ». Décédé dix ans après, c’est sa fille Augusta Ernestine qui, héritant d’un quart de la maison construite par son père , rachète le reste à son frère. Avec son mari Jean César Couvert ils créent en 1902 l’hôtel «  Fin Bec et des Fonctionnaires ». Il abrite 20 chambres. Ce petit hôtel propose une cuisine dite « bourgeoise ». Et oui ! On ne s’appelle pas hôtel « Fin Bec » pour rien ! Et la qualité d’un restaurant fait la renommée du lieu ! La publicité précise qu’il y a de l’électricité, une chambre noire, le chauffage central et des bains. Certes, nous ignorons si les bains étaient dans toutes les chambres, probablement pas. L’habitude à l’époque était d’avoir une salle de bains à l’étage. Mais la précision de l’électricité, qui n’était pas toujours généralisée dans Chamonix, et l’installation du chauffage central nous montrent le désir de la part du propriétaire de proposer un hôtel confortable et chaleureux ! Il est intéressant aussi de noter la remarque sur une « chambre noire ». En fait, déjà à cette époque, les appareils de photographie s’étaient miniaturisés et les clients aisés possédaient leurs propres appareils. Avec une chambre noire, ils pouvaient procéder à la technique du développement de leurs photos. Un argument de poids pour le client passionné. Et afin de rassurer la clientèle potentielle, on précise bien que le propriétaire, Jean César Couvert, est ancien chef de brigade de gendarmerie. Pour rassurer la clientèle ? Pour inviter les fonctionnaires à se rendre dans cet hôtel là plutôt qu’un autre ? Probablement les deux !

En 1908, l’hôtel prend le nom d’Hôtel-restaurant du Fin Bec, officiellement tenu par Couvert-Couttet. Il perd son appellation des fonctionnaires.
Manifestement, l’hôtel fonctionne car bien répertorié par le Touring Club, référence importante de l’époque. A partir de 1927, l’hôtel est mentionné comme Hôtel Fin Bec et Lutetia. Pourquoi ce nom ? Est-ce en rapport avec le Lutetia du boulevard Raspail à Paris. Peut être !

Il est vrai que la famille entreprend d’agrandir l’hôtel. En 1929 on le surélève de 3 étages. Il est tenu par l’ensemble de la famille « Couvert-Couttet et fils ». Il y a alors 52 chambres, presque toutes face au Mont Blanc et au 1er étage sont créées deux appartements avec cuisine, nouveauté à l’époque. Le dernier étage , sert de séchoir à linge les jours de mauvais temps mais aussi de réservoir à eau. Ce Lutetia a un petit air d’hôtel parisien avec son toit à la Mansart !

 

Mais la guerre arrivant, l’hôtel, comme nombre d’hôtels à Chamonix, ferme. En 1939 il est réquisitionné un temps par l’armée française pendant la période 1939-1940. Il est bien difficile de le rentabiliser avec la menace de la guerre, la clientèle est rare. L’hôtel finalement ferme. De plus, en 1942 meurt Jean César Couvert. L’immeuble est alors divisé et vendu en appartements.

Un des héritiers, Martial Couvert (fils d’Ernestine), rachète le rez de chaussée afin de continuer d’exploiter avec sa femme Alice un restaurant brasserie qui, toujours appelé le Fin Bec, puis finalement le Lutetia, connait une belle réputation. Martial avait fait l’école hôtelière Lesdiguères de Grenoble et la réputation du restaurant n’était pas usurpée. Un beau livre d’or rappelle le souvenir du passage de Maurice Baquet, Jean Constantin, Lionel Terray, la patineuse Jacqueline Vaudecrane, l’actrice Ann Todd ou encore l’acteur Jean Tissier ou le réalisateur David Lean.

 

A ce jour le Lutetia trône ainsi face au Richemond au cœur de la rue Michel Gabriel Paccard et nous rappelle ainsi les temps ou un chamoniard (Alfred Auguste Couttet), voiturier en contact avec une belle clientèle, entreprend de se lancer dans l’hôtellerie et dont les enfants sauront se mettre au goût du jour. Une belle histoire locale !

Merci aux membres de la famille Couvert qui ont bien voulu m’ouvrir leurs archives .

Histoire et patrimoine de la vallée de Chamonix

Christine Boymond Lasserre

A Chamonix, qu’est-ce que  le Pont de Cour ?

 

A Chamonix, franchir l’Arve, passer d’une rive à l’autre, est pour nous une habitude quotidienne.  Traverser l’Arve autrefois  était une problématique majeure pour nos anciens. 

Aujourd’hui, nous avons un grand et large pont de pierres situé entre la poste et le bar de la Terrasse. Ce lieu s’appelle, depuis le Moyen Age, le Pont de Cour. Et de ce pont part le plus ancien chemin de Chamonix qui se dirige, au-delà de la rive gauche, vers les villages des Mouilles et de la Frasse.

On le trouve parfois orthographié Cour, Court ou encore Couz.

Mais alors pourquoi dans certains documents trouve-t-on parfois Couz? Couz dans les Alpes signifie un col. Ici ? Un col ?  Peut être un lieu ou les berges se resserrent? En tous cas certainement un lieu où il était relativement aisé de traverser grâce  à  une passerelle.

En 1435, à la lecture des actes signés entre les prieurs et les communiers, on apprend que les riverains ont l’obligation d’entretenir les routes et les ponts, mais on ne relève rien de précis concernant notre pont au cœur de Chamonix.

 Ce Pont de Cour fut en 1635  l’objet d’une transaction entre la communauté de Chamonix et le chapitre de la collégiale de Sallanches. Il est précisé que « la communauté de Chamonix sera tenue à perpétuité de rendre accessible le Pont de Cour avec une largeur suffisante pour y passer les chariots, à la charge néanmoins que les seigneurs du Chapitre seront tenus de faire le port de tout le bois et qu’ils seront tenus de le couper dans la dîmerie de l’église du lieu »

Ainsi, un seul pont de bois donnait accès à la rive gauche, régulièrement emporté par les débordements  de l ’Arve. Cette petite passerelle  n’était pas plus large d’un mètre. L’Arve, rivière indisciplinée au cours changeant,  avait pour habitude de déborder de ses berges, et la passerelle de bois était bien souvent détruite.  Mais toujours  elle fut reconstruite au même endroit. Paul Payot,   dans son livre « Au royaume du Mont Blanc », nous apprend que le 18 septembre 1801 le pont de Cour est tombé avec sept vaches appartenant aux frères Désailloud…  Les vaches n’ont pas eu de mal, heureusement !

L’Arve rivière indisciplinée au cours changeant, avait pour habitude de déborder de ses berges,  pour preuve certaines photos de 19è qui nous montrent l’Arve et l’Arveyron, ainsi que le torrent de Blaitière, s’étalant largement au delà de leurs rives gauches.

 

Il faudra attendre les années  1840, sous le régime du royaume de Piémont Sardaigne, pour que certains travaux d’endiguement soient engagés. C’est d’ailleurs durant cette période que l’on voit la construction en encorbellement de la pension de la Terrasse. Les travaux   de canalisation  reprendront sous le régime français dans les années 1870-1880.

Il est instructif de regarder les diverses vues, tableaux lithographies représentant ce pont de bois. Tout d’abord passerelle étroite peu engageant, on la voit se transformer, devenir de plus en plus large.

 

Le pont sera refait à neuf en 1832, puis construit en pierre en 1880, et encore élargi à son emprise actuelle dans les années 1970.

Histoire et patrimoine de la Vallée de Chamonix

Christine Boymond Lasserre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur les pas des voyageurs d’autrefois : de Martigny à Chamonix

séracsNous connaissons tous cet  itinéraire conduisant de Chamonix à Martigny.

Comment les premiers voyageurs le vivaient ils ?

Quelles étaient leurs émotions? leurs visions de ces paysages grandioses? 

A découvrir en cliquant  ci dessous..

Vidéo réalisée epar Viatcicalpes, un site remarquablement instructif.

Son  après une trentaine de secondes

 

https://youtu.be/hwe_c_PsO8M

Histoire et patrimoine de Chamonix

Edité par Christine Boymond Lasserre

 

 

 

 

 

 

 

Paccard et Balmat au Mont Blanc en musique

 

Olivier Rouquier a composé une jolie ballade  intitulée la voie Paccard et Balmat:

Clip réalisé par Bertrand Delapierrre

 

A découvir en cliquant sur le texte ci dessous

 Paccard et Balmat au Mont Blanc en musique

 

 

 

 

 

 

 

Histoire et patrimoine de Chamonix

Edité par Christine Boymond Lasserre

Belle surprise près du Col de Balme : une borne du XVIIIème siècle

Nos randonnées chamoniardes nous réservent  parfois de belles surprises !

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Combien de fois sommes nous allés avec enfants, petits enfants ou amis au col de Balme pour une balade dominicale Le site est  magnifique, la randonnée est facile, c’est toujours un plaisir de parcourir ces crêtes  d’où le panorama est  exceptionnel. Le plus  souvent nous empruntons les chemins balisés.

 Si l’on s’en écarte un tant soit peu, en longeant  tout simplement la ligne de crête qui court de la tête de Balme vers le col des Posettes,  nous   buttons sur deux  bornages   dressés au cours des siècles passés  sur cette  ligne frontalière. Ils marquent l’emplacement exact de la frontière entre la France et la Suisse.

 

Borne à la tête de Balme

Borne à la tête de Balme

 

Certes nous connaissons la borne située au col de Balme  avec l’inscription France d’un côté et Suisse de l’autre. Ou encore celle de la Tête de Balme avec un F et un S. Toute deux  réalisées en 1891 au temps où le gouvernement   érigea le long de ses frontières ces bornes de granit afin d’en préciser ses nouveaux contours.

 

Borne côté France

Borne côté France

Mais ici sur l’arête,  juste au dessus de la gare supérieure du télésiège des Esserts, nous découvrons, à côté de  la borne classique de 1891, une borne rare datant de 1737-1738.

Celle-ci d’ailleurs figure sur un tableau du XVIIIème siècle.

D’un côté  figure la croix de Savoie couronnée. Cette représentation correspond effectivement à l’emblème de la maison royale de Savoie en 1738. Les couleurs sont passées mais on devine la croix blanche sur fond rouge. Celle-ci est surmontée de la couronne du royaume de Sardaigne. Cette couronne est formée d’un cercle surmontée de 8 fleurons, ceux-ci servant de base à des diadèmes perlés qui se réunissent au sommet par un globe et une croix.

 

 

P1010111De l’autre côté nous retrouvons sur la partie basse de la borne le blason de l’évêque de Sion, une épée et une crosse surmontée de la mitre et au dessus le blason des sept dizains valaisans représentés par sept étoiles en  représentation de la république fédérale du Valais  de 1600 jusqu‘à 1802 .

 

Il est intéressant de noter qu’en cette période le Valais était une  république fédérale appelée la république des sept dizains et l’évêque de Sion en était un des princes électif,  d’où la double représentation évêque et Valais sur cette borne.

Cette république disparaîtra avec le rattachement du Valais à la confédération helvétique en 1815. Le Valais sera alors représenté par treize étoiles sur fond rouge et blanc.

 

Une belle découverte à faire par ces belles journées d’automne.

Col de Balme 18ème siècle - Copie

Tableau du XVIIIème intitulé Col de Balme On y voit très bien cette même borne

 Histoire et patrimoine Chamonix

 Histoire et patrimoine d la vallée de Chamonix

Christine Boymond Lasserre

 

Quand l’avenue Michel Croz s’appelait Avenue Foch !!

chaussures Ducrey

 

Photo publiée par Christine Boymond lasserre

Droits réservés

Une remarquable expression de l’art déco : la Banque de Paul Payot maire de Chamonix de 1888 à 1901

 

Paul Payot : Frère de Michel Payot , médecin, créateur du club des sports de Chamonix, et Jules Payot , recteur.de l’académie d’Aix.

Banque Payot actiuellement banque Laydernierdétail laydernier 2 - CopieDans les revues spécialisées d’architecture des années 1930, la construction de la banque Payot à Chamonix est  souvent donnée en exemple. Réalisée par l’architecte Marcel Cochet, elle  attire l’attention des spécialistes de l’époque pour l’originalité et  la qualité du bâtiment.

A Chamonix, jusqu’à cette période,  on construisait avec  des  boules d’Arve que l’on cimentait entre elles et que l’on enduisait de crépi ou d’enduit.

P1000499 - CopieMarcel Cochet innove totalement. Il élève l’ossature du bâtiment en  béton armé.  Il connaissait les  aléas de ce type de ce matériau, notamment face aux différences de températures  extrêmes de la vallée. Cette armature est   ensuite comblée   aux étages de briques creuses et est complétée par une cloison en dolomite (panneaux de paille, ligaturée réalisant un matelas  isolant).

En 1930, en Savoie,  ce type de construction n’était pas chose courante,  d’autant plus  que  Marcel Cochet ose utiliser le béton pour le toit ce qui provoqua bon nombre de questionnements de la part de ses confrères.

 Son esprit vigilant le conduira à imaginer des  méthodes complémentaires pour assurer  l’étanchéité des terrasses. Il saura aussi profiter de l’expérience locale en adoptant des doubles cloisons  et des doubles fenêtres pour   mieux lutter contre le froid.

_MG_0194Les façades ont été traitées par une méthode simple :   un revêtement de plaques moulées en simili granit poli,  agrafées aux piliers de béton armé.

Le procédé  est  vraiment révolutionnaire à Chamonix.

 

Le 1er étage est occupé par l’appartement de Mr Payot, deux appartements occupent le second et un seul plus petit   le  troisième. Dans la partie supérieure,  une zone  plate « non aedificandi » est aménagée en terrasse  pour  qu’un hôtel,   l’Impérial situé à l’arrière,  conserve la vue sur le Mont Blanc.

 

Les façades de la banque sont décorées de  panneaux de ferronneries d’uneremarquable finesse (hélas disparues  depuis) qui avaient été réalisées par la maison Schmidt de Chamonix.

P1000492 - CopieLa façade sud sera prolongée par une boutique finement décorée.

 

 

 

 

détail laydernier 1 - Copie

 

Au dessus de ces grilles est inscrit en mosaïque  le mot  « change » en français, anglais, italien et allemand.

 

 

 

 

_MG_0183 - CopieSur la façade,  sont incrustés  des panneaux de mosaïques de grès et d’émaux  réalisées par une entreprise lyonnaise…  Ceux-ci rappellent   le souvenir de  l’oncle Venance Payot, naturaliste, botaniste et collectionneur de cristaux  qui tenait à cet endroit quelques dizaines d’années auparavant un muséum.

 L’une d’elles représente une fleur d’edelweiss qui pourtant n’est pas une fleur de chez nous ! Peu importe,  seul le décor compte.

Plus de 80 ans après,  on ne  peut que  rester admiratif devant ce bâtiment unique trônant au cœur de Chamonix.

 

 Qu’est ce qu’un bâtiment art Déco :
Un bâtiment construit après la 1ere guerre.Une construction simple et fonctionnelle, plutôt dépouillée mais ou la décoration est toujours présente sous une forme ou une autre. Ce sont des ornements très simples plutôt géométriques. Architecture volontairement  en opposition à l’art Nouveau des années avant guerre que l’on trouvait trop chargé.
 
 

 Article publié par Christine Boymond lasserre. Droits réservés.

Histoire et patrimoine Chamonix

 
 
 

Publicité pour oxygène parue en 1898

En feuilletant  la  » Revue illustrée du Mont Blanc et de Chamonix » parue en  juillet 1898 on y trouve une publicité tout à fait  amusante sur la possibilité de commander de l’oxygène à emporter pour aller en alltitude.

Il est précisé : « indispensable contre les troubles de la respiration et le mal de montagne »

Dans une de ces revues un long article écrit par Mr Joseph Vallot décrit  d’ailleurs  les difficultés que beaucoup ont  lorsqu’ils tentent le mont Blanc. Il se plaint d’ailleurs déja du trop grand nombre de personnes se trouvant en haute montagne et méconnaissant le milieu !

P1000507 - Copie

 

Photo publié par Christine Boymond Lasserre – Droits réservés

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