
Vue sur le carrefour prise de l’hôtel des balances appelé ensuite l’hôtel Centrall
La résidence des Balances, ancien hôtel de la Belle Epoque, trône au centre de Chamonix.
Depuis des siècles, chamoniards et visiteurs passent par le carrefour situé au pied de ce bâtiment, en direction de l’unique passerelle franchissant l’Arve ou pour se rendre à l’église.
La famille Devouassoux avait, en 1905, construit ici un des fleurons du patrimoine chamoniard. Transformé en appartements dans les années 1980, l’hôtel a perdu un peu de son âme, mais rien de sa structure originelle

La résidence des Balances anciennement hotel Central1905,
Son toit haussmannien, ses balcons ouvragés, ses encadrements de granit, son escalier intérieur rappellent les temps de la Belle Epoque.
Il y a peu encore, une fleuriste occupait au rez de chaussée un des anciens salons de l’hôtel. Lors de son installation, le plafond était
recouvert de frisette. Elle eut l’idée de la retirer et découvrit alors un superbe décor peint. Elle mit ainsi en valeur une ornementation raffinée datant de l’origine.
Une peinture en trompe l’œil représentait un balcon orné de fleurs. Au dessous, une frise courait le long du mur.
Aux quatre coins, quatre médaillons évoquaient des paysages de montagne, une scène de bateau sur un lac et le dernier figurait le château de Chillon.
J’avais plaisir à le montrer lors de mes visites guidées, et la propriétaire était ravie de mon passage.

Aujourd’hui tout a disparu. En une nuit… plus de décor, plus de plafond peint, plus de fleurs…
une misérable couche de peinture blanche a recouvert l’ensemble. Les peintures sont perdues à jamais…
Le nouveau propriétaire, une enseigne de sport, n’avait cure de ces vieilleries et n’y voyait certainement aucun intérêt.
Vu de l’extérieur, l’enseigne du magasin est d’une horrible banalité. Mais de plus elle est répétée sur les vitres des fenêtres du premier étage, en contravention me semble t’il avec la réglementation :
A Chamonix, toute publicité est interdite en dehors des enseignes réglementaires.
Ainsi est dénaturé cet ensemble architectural qui aurait mérité, au contraire, qu’on le mettre en valeur.
N’aurait on pas pu, comme Annecy l’a fait en son temps, lancer une politique de protection du patrimoine qui aurait permis d’ éviter ces abus d’enseignes extérieures et de protéger ces décors intérieurs que d’autres à Chamonix ont su respecter et préserver.
Histoire et patrimoine de Chamonix
Christine Boymond Lasserre