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Mois : septembre 2019

Les 130 ans d’une belle histoire familiale à Vallorcine : l’hôtel du Buet

Tout habitant de la vallée a, un jour, fréquenté l’hôtel du Buet. Déjà enfants,  après une balade dans le vallon de Bérard, nous avions droit à un verre de limonade si nous avions bien marché. Plus tard, lors des randonnées à ski, à Beugeant, au col Cornu, à Bérard ou au Buet, la récompense était cette croûte au fromage dégustée après ces randos mémorables

L’hôtel du Buet fête cette année ses 130 ans.

Maurice Chamel avait déjà, dès les années 1884 -1885, entamé, avec son frère Félix, qui travaillait à l’époque à l’hôtel Beau Rivage de Genève , la construction d’une auberge-restaurant avec quelques chambres. L’établissement est construit en embauchant les vallorcins dont Marie Burnet qui transporta un jour 5 « hottes » de chaux.

Maurice était alors maire de Vallorcine et conduisait la diligence Martigny-Chamonix.

L’arrivée de la route pour diligences en 1885-86 incite Maurice à agrandir et l’agrément donné par l’Etat est accordé en 1889. L’hôtel naît officiellement cette année là.

Nombreux sont les touristes s’arrêtant à l’hôtel durant les étés d’avant guerre. Les registres de l’époque sont riches de noms provenant de tous  pays USA, Russie, Angleterre, Allemagne, etc…).

Le 7 janvier 1904 logent à l’hôtel une équipe chamoniarde, constituée de l’abbé d’Argentière, du docteur Michel Payot,de  Joseph Ravanel ( le Rouge) guide, Joseph Couttet ( hôtelier) , Robert Charlet, Désiré Charlet, Henri Simond (guide), Emile Fontaine et un client.  Ils réalisent ensemble la première hivernale du Buet. Les mêmes qui, l’année précédente, avaient réalisé en janvier 1903 la première traversée à ski Chamonix-Zermatt. Le début d’une longue histoire ! En 1920, huit skieurs vallorcins effectuent la montée en 5h la descente en 45mn !

Le confort de l’hôtel était modeste. Une colonne d’eau à l’arrière du bâtiment approvisionnait l’ensemble de la maison. Chaque chambre avait des bassines et le personnel apportait tous les matins l’eau nécessaire aux clients .On éclairait à la bougie ou avec des lampes à pétrole.

L’arrivée du train en juin 1908 engendre des changements notables dans la vie du village. La vie est quelque peu bouleversée par la venue d’ouvriers piémontais dont certains logent tout près de l’hôtel dans un baraquement aujourd’hui disparu. Pour l’inauguration, le 1er juillet 1908, plus de 200 personnes sont reçues à l’hôtel, un « fameux » repas est proposé à l’ensemble des convives.

Durant l’été de cette même année huit trains desservent la vallée. Les cascades de la vallée deviennent accessibles. De même le Buet qui voit la construction  d’un nouveau refuge !

L’hôtel a un emplacement idéal,  chaque train débarquant des cohortes de touristes, dont nombreux sont ceux qui résident à l’hôtel. Celui-ci s’adjoint une annexe, l’hôtel prend alors le nom d’Hôtel du Buet et de la Gare.  Il faudra attendre les 1934 -1935 pour que le train arrive enfin en hiver. D’ailleurs, l’électricité arrive à l’hôtel en 1930. Le bâtiment est déjà rehaussé d’un étage. L’hôtel poursuit année après année son essor. Jules, le fils, prend la succession, aidé plus tard de son fils Maurice, digne successeur de son grand père.

Avec l’arrivée de la période sombre de l’occupation allemande à partir de 1943, Germaine Chamel, la  mère de Maurice, s’honore en participant aux réseaux constitués dans la vallée pour aider au cheminement des juifs cherchant désespérément à fuir le pays. En 1979 elle est reconnue comme « JUSTE PARMI LES NATIONS» par l’Etat d’Israël .Discrètement, sur le côté du bar de l’hôtel, est encadrée l’attestation délivrée par la Commission des Justes et le plateau offert par Alexander  Rotenberg  venu personnellement à Vallorcine afin de remercier ceux qui avaient participé à sa fuite vers la Suisse. « Inspirée par l’amour de son prochain elle a sauvé des griffes des collaborateurs de l’Allemagne nazie la vie de nombreux persécutés destinés à être déportés dans les camps de la mort »

Maurice Chamel 3ème génération

Après guerre, l’hôtel doit se moderniser. Les contraintes, les règles de plus en plus strictes  sont parfois bien lourdes à assumer. Durant longtemps, l’hôtel continue à recevoir ces clients  « fidèles des fidèles » attachés à la famille. Des liens étroits se sont noués avec ces clients habitués au lieu.

Avec la quatrième génération  l’hôtel du Buet continue. Marie Anne, Véronique, leurs enfants s’attachent à poursuivre cette longue tradition hôtelière et familiale.

Longue vie aux Chamel arrivée dans la vallée en 1623 et longue vie à hôtel familial chargé de souvenirs que tous ici s’emploient  à transmettre.

Sources : Archives familiales Famille Chamel. Vallorcine de Françoise et Charles Gardelle, les sauveteurs de l’ombre de Michel Germain et Robert Moos, Vallorcine de Nathalie Devillaz

La première ascension du petit Dru

Il y a 140 ans le vendredi 29 août 1879 à 14h30 le Petit Dru est vaincu par Jean Esteril charlet Stratton, Prosper Payot e Frédéric Payot

Jean Estéril Straton Frédéric Folliguet, Prosper Payot

Sur la façade de la Maison de la Montagne, un médaillon honore trois guides chamoniards qui ont marqué l’aventure de l’alpinisme à Chamonix : Jean Estéril  Charlet  Straton, Frédéric Folliguet, Prosper Payot, qui réussirent le 29 aout 1879 la première ascension du Petit Dru.

Le Grand Dru avait été grimpé à l’aide d’échelles en 1878 par Mrs Dent, Walker et Hartley avec deux guides suisses, Burgener et F Maurer.

Cette même année, Jean Estéril Charlet Straton était parvenu seul à quelques mètres de la brèche qui sépare les deux  Drus. A son retour, peu avaient cru à cette escalade incroyable.  Jean Estéril  l’année suivante convainc deux de ses amis guides de refaire une tentative au Petit Dru.

Ils bivouaquent au pied de la voie. Ils partent à 5h30. Le récit de leur ascension en pure escalade est impressionnant,  compte tenu de l’inexistence de matériel à l’époque, d’autant plus que Jean Estéril Charlet  Straton méprisait l’usage des échelles, il estimait que ce n’était pas un instrument d’alpiniste !  Mais il avait des talents rochassiers hors normes ! Le récit à lire dans l’annuaire du Club Alpin Français de 1879 est passionnant,  instructif et révèle le talent de ces trois hommes arrivés au sommet à 14h30. D’autant que pour la descente, ayant emporté avec eux une centaine de mètres de corde (de chanvre, bien sûr, donc particulièrement lourde !) . Avec  13 longueurs, ils improvisent  une technique de descente qui se révélera très pratique que l’on appellera plus tard  descente en rappel. A 22h30, ils sont au relais laissé au petit matin. Ils passent une seconde nuit.  Tôt à l’aube, le départ doit se faire encore dans la sécurité car  il fallait franchir  un névé fort dangereux qu’ils descendent  avec cette nouvelle technique qu’ils avaient adoptée la veille. et qui leur permet alors d’arriver rapidement à la Charpoua, puis au pavillon du Montenvers.

Grande et belle ascension pour les trois chamoniards.

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