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Mois : octobre 2019

Le Grand Hôtel Couttet et du Parc va t’il enfin retrouver ses lettres de noblesse?

Tout commence par la chronique d’une famille hôtelière chamoniarde qui aura marqué de son empreinte les plus belles années de la Belle Époque,  jusqu’aux  années folles.  François Couttet (né en 1828) , guide de haute montagne, avait l’habitude dès, les années 1855, d’héberger ses clients dans sa maison familiale. Son abord sympathique,  sa bonhomie  étaient très appréciés des britanniques. Ceux-ci l’incitèrent à construire une auberge afin de recevoir dignement ses clients qui appréciaient son savoir faire et ses connaissances.

Dès 1867, il construit  «  l’Hôtel Pension Couttet ». Fort de son succès, une quinzaine d’années plus tard,  il édifie le Grand Hôtel Couttet qui devient peu de temps après  le Grand Hôtel Couttet et du Parc. L’hôtel connaît ses heures de gloire durant la Belle Époque, puis dans les années folles, grâce aux deux fils: Joseph et Jules, très impliqués dans le développement de la commune de Chamonix.. Par ailleurs leurs sœurs (Joséphine, Aline, Sarah)  seront à l’origine de la création du palace le Savoy, de l’hôte du Beau Site et de l’hôtel des Alpes, beaux établissements prestigieux de la vallée.

Cet hôtel chargé de souvenirs nous évoque la présence d’Edward Whymper, venu ici chaque année de 1865 à sa mort en 1911 dans une chambre de l’hôtel. Le fréquentaient aussi Gabriel Loppé, ce peintre grand ami de François Couttet, le critique d’art et poète John Ruskin, Lord Sinclair l’inventeur du merveilleux petit coin appelé « le Lac à l’anglais » aux Gaillands,  Alphonse Daudet, Albert Mummery,  le musicien Rimsky Korsakoff, et tant d’autres.

Le Grand Hôtel Couttet et du Parc ferme ses portes en 1939. Les bâtiments  rouvrent en 1946 en tant que préventorium (pour enfants atteints de primo-infection tuberculeuse), ainsi que l’hôtel Beau-rivage (UCPA), sous la dénomination « Centres Guynemer », mais qu’on appelait à Chamonix « Centre Couttet ». Mme Ehrhardt,  puis son fils Paul en assurent la direction. Vers 1950, un directeur national de la Santé impose la construction des terrasses de béton. L’activité préventorium cesse en 1970. Le Couttet alors est loué par la SARL Couttet à une association du département des Yvelines, l’ADEPEP, qui en a fait un centre de colonies de vacances, classes de neige et classes vertes. L’hôtel est ensuite occupé par les employés et la direction de l’UCPA voisin, le temps de la rénovation du Beau-rivage (UCPA)  La commune rachète l’ensemble, parc et bâtiments en 1990.

En 2003 l’ensemble du parc et de l’hôtel est menacé de destruction. Est prévu à cet emplacement un auditorium haut de 16 mètres et une école et maison de la musique haut de 12 mètres.

Bon nombre  chamoniards sont affolés par ce projet ambitieux et c’est ainsi qu’en 2004 est lancé une pétition alertant la DRAC sur la menace portée sur l’ensemble historique de ce quartier. La DRAC se fait pressante, la commune renonce  à ce projet. Merci Eric !

L’hôtel Couttet est alors  abandonné.  Pendant de nombreuses années, le rez de chaussée est occupé par le club des anciens, par le club de bridge, par des groupes musicaux. Les étages laissés à l’abandon, sont souvent squattés. Les murs tagués. Les bâtiments se dégradent.

Vient alors en 2013 l’idée de remettre sur pied cet ensemble historique. On parle de logements sociaux, de maisons pour nos anciens, mais le coût de la rénovation très élevé (5 500€ par m2) ne peut être assuré par la commune. Est donc lancé un appel à projet. Dans les conditions imposée par la  commune est précisé que les bâtiments  (qui restent la propriété de la commune) doivent conserver le caractère architectural initial afin de sauvegarder  l’âme et l’histoire de cette prestigieuse famille hôtelière chamoniarde.

C’est finalement  Paris Inn Group qui est choisi. Cette société créée en 2005 sous sa forme actuelle est issue d’une épopée hôtelière familiale née en 1923 et intéressée essentiellement par  l’aménagement et la rénovation  d’hôtels historiques. On ne peut qu’espérer qu’ils auront le souci de ce passé dont certains ici à Chamonix se sont battus pour le préserver

Puisse le Grand Hôtel Couttet et du Parc retrouver enfin ses lettres de noblesse ! Nous veillerons !

Source: Archives notariales aux archives départementales d’Annecy

Mieux comprendre Chamonix Nord !

Faisons un petit tour dans le passé pour mieux comprendre Chamonix Nord.

En mai 1958 est créé un haut commissariat à l’éducation physique et aux sports, une grande nouveauté dans la vision de l’éducation nationale. Ce haut commissariat est confié à Maurice Herzog qui considère que le sport est quelque chose d’essentiel dans la politique nationale et internationale. Puis celui-ci est nommé en 1963 à la tête d’un secrétariat à la jeunesse et aux sports rattaché au ministère de l’éducation nationale. Est ainsi  décidé d’introduire le sport au sein des activités scolaires.

Par ailleurs, en cette même période, l’État modifie les diverses branches de l’éducation.  Sont alors créés en 1963 les CES (Collèges d’Enseignement Secondaire) qui ont pour vocation de regrouper l’ensemble du premier cycle ,  6ème- 5ème-4ème et 3ème , qui étaient en ces années là dispatchées en deux cycles différents.

Avec  Henri Cettour, futur directeur de l’ENSA, Maurice Herzog met en place un premier plan quinquennal ayant pour ambition de fournir une série d’équipements et structures d’enseignement sportif dans toute la France. L’objectif étant de mettre la jeunesse et le sport au cœur d’une politique de renouveau de l’éducation des jeunes. La première réalisation sera le fameux lycée sportif de Font Romeu.

C’est dans cet esprit que le 30 mars 1968, après l’élection de Maurice Herzog à la mairie de Chamonix, le conseil municipal lance une étude en vue de la création d’un complexe sportif et culturel pour Chamonix. En cette époque, exceptées les remontées mécaniques, Chamonix disposait pour ses habitants de peu d’équipements sportifs, et les cours complémentaires se trouvaient à l’école du centre. Beaucoup d’élèves qui désiraient prendre une autre option devaient se rendre à Bonneville.

Sous l’impulsion de Joseph Comiti, nouveau secrétaire à la jeunesse et aux sports, Chamonix est retenu en 1969 pour la réalisation d’une importante opération expérimentale ! On imagine ainsi pour Chamonix la cité scolaire  idéale en tentant de regrouper  l’esprit et les jambes pour un projet pédagogique innovateur. D’une part un pôle culturel avec un CES accueillant des sections sport-études (complètement nouveau à l’époque), une école  hôtelière, l’ENSA, une MJC, une bibliothèque… D’autre part un pôle sportif avec hall omnisports, centre nautique, tennis etc… Et l’ensemble des ces deux pôles devant être reliés par des galeries et coursives permettant aux étudiants de passer de leurs activités scolaires aux activités sportives et internat sans quitter cette cité « idéale ».

On fait alors appel à Roger Taillibert qui avait déjà beaucoup œuvré pour des équipements sportifs et éducatifs. Le projet est lancé officiellement. Le centre sportif est la première tranche réalisée sur une surface de 6 875m2 abrité sous neuf voûtes en voile mince de béton précontraint (technique permettant de réaliser des espaces aérés et ouverts sur l’extérieur). Joseph Comiti vient à l’inauguration du centre nautique. Mais en 1974 il perd son poste et le  ministère suivant se désintéresse totalement de ce projet initial.

La commune de Chamonix ayant toujours le financement accordé par l’éducation nationale pour le collège doit s’empresser de l’utiliser. On abandonne l’idée des coursives, des passages d’un pôle à l’autre qui faisaient l’originalité du projet, afin de poursuivre la construction du pôle éducatif . C’est une partie de l’esprit novateur qui ne sera ainsi jamais menée à terme ! Ici sont construites sur une surface de 41 000m2 dix neuf autres voûtes dans ce même matériau qu’est le béton pré contraint et sont construites alors trois tours pour abriter les 600 internes des deux collèges et les élèves de l’ENSA. Seul des bâtiments en élévation pouvaient abriter autant d’élèves. Le terrain n’était pas extensible !

Mr Taillibert imaginait les tours comme une réplique aux Aiguilles qui leur faisant face.

La caractéristique de cet ensemble sont ces voûtes reposant sur trois points permettant d’alléger l’impact visuel. Ceci grâce à l’emploi d’un voile mince de béton précontraint . Et ayant des portées variables, elles ouvrent sur de belles vues panoramiques.

Les voûtes hautes de 22 à 60mètres sont équipées de lanterneaux circulaires de 6 à 9 mètres de diamètre apportant la lumière au cœur des coupoles triangulaires. Celles ci permettent une grande liberté pour l’aménagement intérieur. Étudiées par l’ingénieur suisse Heinz . Elles ont permis à Mr Taillibert de perfectionner sa pratique des coupoles sphériques pour le complexe olympique de Montréal ou encore le hall de conférences d’Abu Dhabi.

l’architecte Roger Taillibert (décédé récemment) auteur du parc des Princes à Paris, du stade olympique de Montréal  et tant d’autres, a marqué son temps et a été mondialement reconnu par ses pairs.

Beaucoup de chamoniards même s’ils ont apprécié la forme élégante des coupoles,  ont eu du mal à accepter les tours jugées agressives dans ce paysage de vallée sans heurts visuels majeurs et les ont même reprochées au maire en place. D’autres, au contraire, y ont vu le signal d’une modernité compatible avec notre cadre de vie et une esthétique répondant à l’élancement de nos aiguilles. N’a-t-on pas parlé de classer l’ensemble comme patrimoine du XXè siècle, tant elles sont représentatives des nouveaux courants architecturaux ?

Quelques chiffres : Centre culturel et cité scolaire : 45000m2. Bibliothèque municipale : 1480m2, Maison pour tous:2167m2. ENSA : 9950m2. Centre sportif : 6875m2

sources : Comptes rendus des conseils municipaux années 1968-1969,1970. Revue architecture n° 389, site Agence Roger Taillibert , Revue architecture d’aujourd’hui 1968 et 1972,site internet CAUE, magasine de l’architecture en station, Chamonix information n° 10, revue Relief n°11.

 
 
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