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Mois : novembre 2020

La Pierre à Ruskin, un témoignage oublié d’un homme d’exception !

C’est un bloc erratique (comme la Pierre d’Orthaz de l’autre côté de la vallée), un de ces énormes blocs de pierre charriés par les glaciers, au temps très lointain où ils étaient descendus dans la vallée, et restés là lorsque ceux-ci se sont retirés.

C’est sur cette pierre qu’en 1925, selon Le Figaro de l’époque, « le 6 septembre, à Chamonix, sous la présidence du préfet de la Haute-Savoie, et en présence des autorités régionales et de personnalités de France et d’Angleterre, fut solennellement apposé, dans la célèbre pierre dite « pierre à Ruskin », le médaillon en bronze de l’illustre écrivain ». Ce médaillon était l’œuvre du sculpteur Tarnowski.

Illustre écrivain, Ruskin, que Marcel Proust mettait en 1900 sur le même pied que Tolstoï, Nietzsche ou Ibsen, l’est en effet pour son œuvre immense, qui court sur 45 années, riche d’innombrables titres, dont les principaux sont Modern Painters, Les 7 Lampes de l’Architecture, Les Pierres de Venise, Sésame et les Lys.

Chamonix, dont il tomba follement amoureux lors de sa première visite, en 1833 (il avait 13 ans et demi) tint dans sa vie comme dans son œuvre (en particulier dans « Of Mountain Glory », 4e volume de Modern Painters) une place éminente, et il n’y fit pas moins de 18 séjours (parfois de 3 jours, parfois de 3 mois), entre 1833 donc et 1888.

Il aimait, en particulier, aller s’asseoir, après le dîner, pour contempler les Aiguilles et voir se coucher le soleil, sur ce qu’il appelle « ma grosse vieille pierre sous le Brévent », et qui, pour ceux des Chamoniards qui avaient fini par bien le connaître, est donc devenue « la Pierre à Ruskin ». Beaucoup de ses descriptions de soleil couchant sur les Aiguilles ont été faites depuis cet endroit d’où il avait, de sa Pierre, une vue splendide (aujourd’hui masquée par un rideau d’arbres), une des plus belles de Chamonix, sur tout le panorama des Aiguilles.

Mais par un étrange paradoxe l’hommage qui lui fut ainsi rendu a fini par trop souvent déformer ou occulter la réalité du lien entre Ruskin et Chamonix : c’est ce que j’appellerai le cliché de la Pierre à Ruskin : un vieil homme (barbu voire un peu barbant…), assis là à regarder les montagnes. Alors que le Ruskin amoureux de Chamonix fut d’abord un homme jeune et sportif. Il a 23 ans quand paraît le premier volume de Modern Painters où figurent ses premiers textes sur les Alpes, et 37 ans quand paraît « Of Mountain Beauty ».

Bien loin d’avoir passé son temps assis sur « sa » pierre, Ruskin eut une vraie pratique de la montagne, avec, à Chamonix, des séjours hyperactifs, en particulier à partir de 1844, avec un guide exceptionnel, Joseph-Marie Couttet. Il se révèle être un marcheur, un randonneur et même un excellent grimpeur, qui n’a cessé de parcourir les Alpes (outre Chamonix, Courmayeur, Macugnaga, Zermatt, et aussi plus tard l’Oberland bernois). Et à Chamonix, il passe « de rudes journées », il fait « de dures ascensions ». Il part souvent à 6 heures, voire à 5 heures du matin. Et il est parfois 10 h du soir quand il tient son journal, où il se déclare fourbu, mais ravi, et prêt à recommencer le lendemain. Bref, comme il l’écrit en 1844 : « Je sais que je peux marcher avec les meilleurs guides et épuiser les mauvais ».

Cette intense activité physique est pour lui la condition de sa compréhension de la montagne dans toutes ses dimensions. Il s’approprie les lieux par le regard, en un étonnant mélange d’esprit scientifique (influence de Saussure), esthétique (Turner) et religieux (la  Bible) qui marque son aboutissement dans ses magnifiques écrits sur les Alpes.

 

André Hélard

Merci à  André Hélard qui m’a très gentiment proposé ce texte

André  Hélard est écrivain spécialiste de John Ruskin.

Œuvres principales de John Ruskin  : Les peintres modernes( réflexions sur l’art) en cinq volumes  – Les Pierres de Venise – Les sept lampes de l’architecture –  Sésame et les lys –

Ruskin écrivain  était avant tout un grand critique d’art mais par ailleurs était peintre, aquarelliste, dessinateur et photographe avec les tout premiers daguerréotypes de Chamoni

Une belle restauration : l’ancien hôtel Beausoleil et des guides

Peut être que certains, parmi vous auront remarqué la belle restauration  de la façade de la résidence « Beausoleil et des guides », travail réalisé par une artiste murale  Géraldine Ciampo .

C’est un réel plaisir de découvrir cette façade restaurée,  témoignage de notre  histoire et notre patrimoine.

Mais savez vous que ce petit bâtiment raconte une longue et riche histoire de ce petit coin de Chamonix ?

En  1790 un certain Michel  Paccard tenait une auberge au centre de Chamonix  cette auberge  porte en 1853 le nom de « la Réunion des Amis » . On sait qu’elle se trouve à l’arrière d’un hôtel appelé  l’hôtel de l’Union disparu de nos jours.

Cet  hôtel de « la Réunion des Amis » est cité dans de nombreux ouvrages et guides entre 1868 et 1895. Selon les divers propriétaires entre 1864 et  1900, il sert  d’annexe à l’hôtel de l’Union,  prend le nom s  d’ hôtel du  « Palais de Cristal » »

Le 20 décembre  1920 : il est passablement détruit par le feu

En 1930 le bâtiment est  acheté par la famille Claret qui le rehausse d’un étage et le transforme en logements puis le réaménage en hôtel en 1936. L’hôtel s’appelle tout d’abord  « hôtel Claudia »  puis  hôtel  « Beausoleil et des guides ».

La famille se réservant le rez de chaussée utilisé pour la boucherie jusqu’en 1981.. Beaucoup  de chamoniards s’en souviennent !

L’hôtel est  transformé en appartements en 1989.

Les médaillons d’origine avaient été réalisés par le peintre local Serge Gaffoglio, représentant divers portraits de guides célèbres de la vallée de Chamonix. Ils ont été restaurés avec soin.

Un bon point pour notre patrimoine !

Sources : Archives et bibliothèque Association des Amis du Vieux Chamonix – Guides : Joanne 1882, 1913. Guide Diamant : 1891 – Flâneries au pied du Mont-Blanc de Christine Boymond Lasserre et Joelle Dartigue Paccalet.

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