Skip to main content

Étiquette : palace

L’histoire du SAVOY Hôtel devenu Folie Douce en 2018

L’hôtel le  Savoy était occupé depuis 1963 par le CIT puis en 1970 par le  Club Méditerranée. Cette année il va vers un nouveau destin. Mais connaissez vous son histoire ?

Photo collection Gay Couttet

Elle s’appelle Sarah, est la quatrième de la fratrie de 5 enfants de la famille François Couttet dit « Baguette ». Elle a 16 ans à la mort de son père, 18 à la mort de sa mère.  Élevée dans la pure tradition hôtelière depuis sa petite  enfance, elle seconde sa sœur aînée Aline  pour gérer l’hôtel familial du Grand Hôtel Couttet, jusqu’à la majorité de ses frères Jules  et Joseph.

En 1899 à l’âge de 26 ans elle se marie avec Adolphe Tairraz le frère du grand photographe Georges Tairraz. Dans la succession elle hérite d’un beau terrain au pied du Brévent. Et c’est là qu’en 1901 elle lance avec l’aide d’un emprunt auprès d’une banque suisse la construction d’un hôtel de luxe. Elle l’appelle le Savoy Hôtel, nom choisi en raison du célèbre « Savoy Hôtel » de Londres connu par toute la clientèle internationale. C’est le cabinet d’architecture genevois De Morsier et Weibel qui construit cet élégant hôtel à l’image des palaces européens. Celui-ci connait immédiatement un vif succès. C’est le premier hôtel à posséder l’eau courante dans toutes les chambres dont les suites possèdent des salles de bain. Un ascenseur est installé

en 1903 et un orchestre joue tous les soirs dans la grande et magnifique salle à manger de l’hôtel.

Adolphe meurt  en 1906 la laissant seule avec 2 enfants Armand et Germaine. Elle a 33 ans. Seule, elle gère avec brio l’hôtel. En pleine Belle Epoque le Savoy Hôtel connait un réel succès. On y voit la reine d’Italie, son altesse impériale et royale Otto de Habsbourg, la belle actrice Rose Caron ou le milliardaire américain Pierpont Morgan et même le légendaire Buffalo Bill en 1907 !  Elle s’engage alors dans le projet d’un agrandissement. Sous la conduite d’un autre cabinet d’architecture genevois c’est Joseph Guglielmetti entrepreneur ambitieux qui le réalise.  Ce sera la magnifique aile couronnée d’un toit pyramidal et sur lequel elle fait sculpter une croix de  Savoie de chaque côté du balcon supérieur. Dans la même année elle inaugure cette aile particulière et  épouse l’entrepreneur le 7 juillet 1911 avec qui elle aura 4 enfants.

 Publicité été avec les tennis années 1935 Collection Bernadette Tsuda

L’hôtel prend le nom de Savoy Palace.

Il connait alors ses heures de gloire jusqu’à l’entrée en guerre de la première guerre mondiale. Les années d’après guerre appelées les « années folles » voient arriver au palace une clientèle excentrique, riche.Les journaux locaux se font l’écho de ces fêtes somptueuses se déroulant au Savoy palace : « orchestres, danse, bals masqués,  fêtes mondaines et galas, compétitions de tennis » sont les publicités de l’époque. Avec l’arrivée de la seconde guerre mondiale son fils Armand Tairraz prend la relève et gère le palace un temps avec son demi frère Charles Guglielmetti.

En 1945-1946 l’architecte Henri Jacques le Même aménage la terrasse supérieure. L’hôtel reprend en 1947 son nom d’origine « Savoy Hotel » perdant sa qualité de palace, Armand ayant beaucoup de peine à maintenir à flot cet ancien hôtel de luxe. Les travaux de modernisation sont trop coûteux et de plus il ne s’entend guère avec son demi frère et les frais liés à l’indivision sont  particulièrement élevés pour Armand.

Le glorieux établissement sera finalement acheté en 1960 par le baron Elie de Rotschild, très vite il se rend compte qu’il perd chaque année 50 millions de francs. Confié à un fond de pension l’hôtel est  loué au CET ( (club européen du Tourisme) en 1963 . Ce CET Absorbé par le Club Méditerranée  le Savoy deviendra en 1970 un de ses fleurons.

Depuis de nombreux travaux ont été réalisés. Mais quasiment tout du décor original disparaît dans des travaux de modernisation. Fort dommage car on aurait pu, à l’image du Majestic, garder et rénover au moins l’ensemble des salons et salle à manger ! Même l’escalier principal a disparu !

Le Savoy Hôtel n’est plus occupé par le Club Méditerranée. Propriété d’un fond de pensions il est à ce jour loué à un nouveau groupe hôtelier appelé Folie Douce.

L’ensemble du rez de chaussée a été entièrement détruit pour ne faire qu’un seul et unique espace .   Plus rien n’existe du palace d’antan , ici les murs sont bruts de décoffrage! Le décor est surprenant ! parfois intrigant. En tout cas très décalé. Certains peuvent aimer !

La façade principale est , de nuit, éclairée par une lumière passant du bleu au rose…à l’image des maisons closes des années 1900 !

L’entrée ouvre sur un bar monumental, de là un escalier conduit dans une fosse où musique ,  danseurs , clients se mêlent dans une rumeur houleuse et bruyante. Trois restaurants aux thème différents se trouvent sur le même niveau. 250 chambres aux tarifs variés du très cher au bon marché, 220 personnes y travaillent….

Le temps passe, que restera t’il de cet ancien palace fleuron de l’architecture chamoniarde .

Les deux Croix de Savoie ornant le balcon supérieur de l’aile construite en 1911 et la très belle ferronnerie typique Art Nouveau

Les Cent ans de la Résidence anciennement Chamonix Palace

En 1910 la société anonyme, la SHFS (société hôtelière franco suisse) après avoir acquis l’Hôtel d’Angleterre et les terrains annexes de  la famille Tairraz, lance le projet de construction d’un palace au centre de Chamonix.

Il s’appellera le Chamonix Palace. Cette société implantée à Chamonix depuis 1903 est un holding important,  propriétaire de très nombreux hôtels dans l’hexagone. La société dresse sur l’Arve une passerelle permettant aux clients de l’Hôtel d’Angleterre d’accéder au parc situé rive gauche. C’est sur ces mêmes terrains qu’est entreprise la construction d’un nouveau palace.

 Le palace est construit selon les normes classiques d’édification de palaces européens. Menés  par deux architectes suisses Mr Verrey et Heydel, les travaux sont conduits par une entreprise locale. L’hôtel abrite alors 200 chambres répartis entre le rez de chaussée et les cinq étages reliés entre eux par un grand escalier doublé d’un ascenseur et d’ un escalier de service à l’arrière. Chaque suite a sa salle de bains et cabinet de toilette avec WC privé et les chambres qui n’ont pas de cabinet de toilette sont pourvues d’une salle d’eau avec eau chaude et froide. De grandes salles à manger occupent toute la partie ouest du palace éclairées par de vastes baies vitrées L’ensemble est agrémenté tennis situés à l’arrière, de grands et beaux jardins en façade L’inauguration a lieu en juin 1914. 

La guerre est déclarée deux mois  plus tard. Le palace a bien du mal à vivre de son activité. Reprenant vie dès la fin de la guerre. Il connaît   ses grandes heures de gloire lors des  bals et galas des années folles. Il héberge un casino pendant quelques années En juin 1926 Le bâtiment est endommagé par un incendie. Il reste fermé un temps puis racheté par la famille Favre.  Il prend  alors le nom de Grand Hôtel et ses clients ont une entrée privilégiée au Casino nouvellement construit sur l’Arve. En cette période sont vendues les parcelles riveraines de la nouvelle avenue de la gare sur lesquelles sont  édifiées les boutiques.

La seconde guerre mondiale  marque le déclin de l’activité hôtelière  de  ce palace, qui tente de survivre une petite dizaine d’années. En 1958 la  partie supérieure  est  transformée en appartements et le rez de chaussée acquis par la commune qui aménage en 1969 le Musée Alpin. La belle rotonde d’origine disparaît, remplacé  par une avancée plus cubique.

 Équilibré dans ses volumes avec un corps central   et de longues ailes latérales,  il est le palace le plus abouti de Chamonix. Construit durant cette période faste de la Belle Epoque le palace est édifié selon l’architecture en vogue où se mêle la tradition néo classique et des fantaisies art nouveau. La partie centrale est  ornée de bow windows afin de rompre la rectitude de la façade. Les garde corps se caractérisent par des formes quelque peu ondulées sans être trop prononcées, les frontons des fenêtres alternent en fronton triangulaire ou semi circulaire.

error: Contenu protégé !