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Étiquette : patrimoine Chamonix

De l’hôtel pension Balmat à l’hôtel Rallye; deux anciens hôtels chamoniards

Sur la place du triangle de l’amitié, qui ne connaît pas l’Hôtel « Le Chamonix » tenu longtemps par la joyeuse Mélanie. Juste à côté se trouve une autre petite bâtisse qui abrite de nos jours la Caisse d’Epargne, mais savez vous qu’ici s ‘est trouvée pendant longtemps une pension appelée « la Pension Hôtel Balmat » ? Un petit hôtel qui raconte l’histoire d’une chamoniarde investie dans la vie hôtelière.

L’hôtel Balmat dans les années 1960

Qui est Caroline Clémentine Balmat :

Elle est chamoniarde ,originaire de ce quartier près de l’église, elle obtient par adjudication le 6 mai 1883, pour la somme de 7 500fr, un terrain avec immeuble. Celui-ci a un bel emplacement, près de l’église et Caroline comprend l’intérêt d’y faire édifier une bâtisse plus importante. Elle n’a pas de gros moyens puisqu’elle elle précise qu’elle le fait édifier « sans avoir conféré d’un privilège d’architecte ou d’entrepreneur » ce qui montre un caractère bien trempé, décidé à tout, même pour diriger des travaux de constructions. Dans cette période de fin de siècle, Chamonix connaît déjà un succès grandissant. Les touristes viennent de plus en plus nombreux grâce aux diligences arrivant de Genève et cet emplacement près de l’église ne peut être qu’un des meilleurs endroits pour élever un hôtel.

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Sa petite pension repose sur un sous sol voûté. Au rez de chaussée elle installe un magasin, un salon un bureau et un office. Le magasin appelé « Universal Bazar », puis « Aux cent mille Articles » est recommandé dans le guide Conty de l’époque. Il se trouve le denier à droite, avant d’arriver à l’église. On y trouve articles de voyages, chemises, faux cols, parapluies, voiles, manteaux, couvertures gants et parfumerie. Mais aussi des chaussures de montagne. Les prix sont consciencieux.

Les touristes s’arrêteront nombreux dans cette boutique où l’accueil est chaleureux. Au premier étage elle aménage quatre chambres, puis cinq au second. Sur chaque étage les clients trouvent une salle de bains et des toilettes. Le troisième, lui, est réservé au personnel avec quatre chambres. Cette petite pension fonctionne si bien qu’en 1895 Caroline Clémentine construit à l’arrière, un second bâtiment avec au rez de chaussée une grande salle à manger, un salon, une lingerie et un garage. Il communique avec la pension principale par un passage de 4m. Cette nouvelle aile est composée de trois étages avec sept chambres équipées d’ eau courante, puis une salle de bain et un W.C. à l’étage. Le quatrième, mansardé, est réservé au personnel. Ce sera ce bâtiment qui, plus tard, deviendra l’Hôtel Rallye.

publicité ou l’on distingue bien les deux ailes de l’hôtel Pension Balmat.

La nièce Caroline, Adèle Balmat :

En 1926 elle lègue à sa nièce Caroline Adèle Balmat Kodijk : «  Je lègue à ma nièce Caroline mes deux hôtels Balmat avec toutes ses aisances ». Elle décède en 1930. Sa nièce est mariée avec un hollandais nommé Kodjic puis épouse en seconde noces Mr Sleutelberg en 1935. Lorsqu’elle hérite de cet hôtel, celui- ci est équipé de chauffage central à tous les étages les chambres disposent d’eau courante et par ailleurs le sol du rez de chaussée est en chêne, contrairement aux étages qui sont en sapin !

La tante avait donc modernisé son hôtel dans les années 1920.

La nièce ne garde pas la boutique dont elle vend le stock en 1930

Elle transforme le rez de chaussée en restaurant. L’hôtel fonctionne jusque à l’arrivé de la guerre. Il est vendu et acheté par divers propriétaires, dont Mr Auguste Cachat dans les années 1950.

Hôtel Balmat dans les années 1950 avec Mr Auguste Cachat, propriétaire. C: Bernard Cottard

Les deux hôtels seront repris par une agence immobilière. Celle-ci modernise la partie de l’hôtel située à l’arrière lui donne le nom de Rallye , le confie à Mr Richard puis finalement le vend à Mr Fernand Morel.

L’hôtel le Rallye dans les années 1970

L’agence Pierre installe ses bureaux dans les locaux de l’Hôtel Balmat, après quelques années la Caisse d’Epargne achète le bâtiment qu’elle occupe encore de nos jours. A l’arrière, le Rallye tenu par Mr Morel, fonctionne jusque dans les années 1980 lorsque l’hôtel sera racheté par la commune afin d’ouvrir la vue sur la Maison de la Montagne située à l’arrière.

Sources : Archives association des Amis du Vieux Chamonix . Guide Conty – Guide Joanne -Guide Bleu. Mr Michel Charlet. Mme Gavard.

La 3ème vie du beau Site : la Résidence Beau Site

Afin de compléter ce dossier concernant le Beau Site nous ne pouvons oublier la résidence actuelle.

Chamonix était dans les années 1960 un ensemble constitué essentiellement de très anciens bâtiments dont certains centenaires. La commune à l’époque cherchait  à redéfinir un plan d’urbanisme plus moderne et plus fonctionnel. Elle imagine une cité plus dynamique, plus moderne,  et une grande réflexion est lancée  afin de moderniser l’ensemble de la ville. S’élabore  ainsi un plan directeur d’urbanisme dès les années 1960-70.

Chamonix possède de nombreux anciens hôtels qui sont transformés en appartements, mais rien n’existe  vraiment en termes de logements pratiques et rationnels. Par ailleurs, l’Etat conscient qu’un développement touristique ne peut être que profitable aux stations alpines favorise ces nouveaux projets. Le tourisme promet un avenir heureux pour les villages de montagne. Il faut densifier le centre de Chamonix. Ces  années sont les années ou fleurissent un peu partout dans les Alpes des cités où le béton est roi. C’est un matériau  pratique qui permet  de réaliser des ensembles rationnels donnant la possibilité d’élever des bâtiments en hauteur et ainsi d’aménager beaucoup plus de logements fonctionnels.

Les architectes voient là la possibilité de proposer aux stations en voie de développement  des immeubles sortant du carcan architectural traditionnel. La commune imagine une restructuration de la rue Paccard. C’est ainsi que le Beau Site, l’Outa , le Concordia ou d’autres immeubles voient le jour dans cette nouvelle décade. D’un village Chamonix passe à un centre urbain plus contemporain. Mais si à l’origine les chamoniards gèrent leur aménagement, la maitrise des nouvelles opérations urbanistiques revient à des groupes financiers privés.

Après le rachat de l’ensemble du Beau Site Club, celui-ci est revendu à un promoteur qui fait appel au cabinet d’architecture de Mr Philibert Maurice Plottier. Les abords et les infrastructures sont conçus à l’époque en fonction du « skieur  automobiliste » avec un accès direct des garages aux appartements.  Au dessus, on imagine une grande terrasse avec bar et piscine, aires de jeux pour enfants ainsi que des zones plantées.

Les logements sont conçus en recherche d’orientation de préférence au sud face au mont Blanc. Rien n’est linéaire.  Si la façade nord est rigide la façade sud est une série de décrochements grâce aux murs à refends. Ceux-ci  évitent la mise en enfilade de la façade,  permet des appartements  désolidarisés, avec de petites mezzanines pour certains, d’autres des renfoncements cachés. qui permet également que chaque appartement  possède une loggia afin  de profiter de son emplacement sans être pour autant gêné par l’appartement voisin.

De conception très moderne, le Beau Site fut contesté par de nombreux chamoniards. Il reste, cependant, que pour les occupants,  le Beau Site reste un lieu très agréable à vivre  en raison de sa conception vivante  et  agréable à vivre.

Sources : Revue architecture française 1966. Thèse Isabelle Madesclaire : les métamorphoses de Chamonix

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