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Savez vous que le peintre Jacques Louis David est venu à Chamonix en 1815?

Écrit le : 4 mai 2024

En 1815, après la chute de Napoléon à Waterloo, le peintre Jacques Louis David, grand admirateur de l’empereur, inquiet d la tournure des évènements, décide de prendre un peu le large. En juillet 1815 il se rend en Suisse. Est-ce pour s’approcher de l’Italie où il rêve de s’installer ou tout simplement partir à la découverte de ces lieux que l’on dit si étonnants ? Nul ne le sait.

Jacques Louis David en 1817 deux ans après son passage à Chamonix

C’est en 1965 qu’Arlette Calvet-Sévillat découvre dans une collection privée le carnet de voyage en Suisse de Jacques Louis David. Ce n’est pas un récit détaillé, pas de commentaires sur les lieux mais plutôt un agenda tenu jour après jour enrichi de croquis dessinés directement sur place. Il quitte Paris le 23 juillet, se rend à Besançon, Pontarlier, Neufchâtel, puis Lausanne. Il fait le tour du lac Léman en passant par Rolle pour arrive à Genève. Il quitte Genève le 2 août pour Bonneville où il dort puis pour Servoz le 3, Chamouny le 4, de nouveau Servoz le 5 et retour à Bonneville et Genève. Durant ces quelques jours passés dans la vallée, David dessine quelques esquisses réalisées au crayon noir.

L’église de Chamonix

Le premier croquis représente l’église de Chamonix et son clocher bien distinct avec, en filigrane à l’arrière, l’arête de l’Aiguille du Midi et une légère ébauche du mont Blanc. Un dessin qui pourrait de nos jours être dessiné du même endroit ! A droite de la page est annoté par la main de David « le prieuré de Chamonix, 4 aout 1815 ».

Deux sapins

Le second représente une étude de deux sapins en premier plan, tandis que le paysage de montagne au second plan n’est que légèrement évoqué.

Vallée de Chamonix

Le troisième, «  vallée de Chamouny »  est un dessin léger mais très précis de la vallée. On distingue au premier plan les pointes du glacier des Bois, en second plan le village de Chamonix, le glacier des Bossons et au fond le Mont Joly fermant la perspective de la vallée. Probablement réalisé vers le Chapeau.

Un très beau dessin aux justes proportions avec une notion de perspective parfaite qui fait fuir les montagnes au loin.

Vallée de Servoz

Le quatrième intitulé « Vallée de Servoz » nous montre un vaste paysage avec en premier plan une maison située sur un coteau et à l’arrière un large massif où l’on reconnait aisément le long massif des Fiz avec l’aiguille de Warens et la tête de Colonney. Là aussi profondeur et perspective montre le coup d’œil habile du peintre.

Vallée de Servoz avec « char à bancs »

Sur le cinquième annoté également « Vallée de Servoz », est représenté distinctement un char à bancs (le fameux moyen de transport de l’époque) au pied d’une falaise impressionnante et à l’arrière dans une perspective réussie la fin du plateau des Fiz avec la pointe d’Ayères que l’on reconnaît aisément. Le lieu se situe probablement au haut des Montées Pélissier, juste avant la descente vers Servoz.

Ces croquis montrent la maîtrise de Louis David. C’est une main experte qui dessine avec précision et avec une perspective toujours réussie ces paysages de montagne. On note, selon Marc Sandoz auteur de l’article dans la revue savoisienne « l’aisance du trait, la bonne compréhension de l’échelle, et l’effet d’ensemble tout à fait conforme à la réalité », ce qui n’était pas toujours le cas en ce début du XIXème dans la peinture de montagne.

Les dessins de David sont très nombreux dont la plupart se trouvent au Louvre. Souvent exécutés dans des carnets ces dessins nous démontrent le talent de David pour ces esquisses fidèles, mais bien souvent ils représentent des portraits, des groupes. Celui du voyage à Chamonix est une révélation car David a peint très peu de paysages et ce carnet dévoile un pan génial mais un peu méconnu de son talent.

A son retour difficile et houleux, peu apprécié de Louis XVIII car David avait été  favorable aux idées révolutionnaires, il avait voté pour la mort de Louis XVI. Il s’exile définitivement en Belgique .

Il fut l’un des artistes les plus admirés, enviés et honnis de son temps, autant pour ses engagements politiques que pour ses choix esthétiques.

Sources : Revue de l’Art1969 : Un album de croquis inédits de Jaques louis David – par Arlette Calver-Serullaz. La Revue Savoisienne article de Marc Sandoz.

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Christine Boymond Lasserre

Guide conférencière

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