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Mois : janvier 2013

Chamonix ? D’où vient ton nom ?

Quelle est donc l’étymologie du nom Chamonix ?

Cette question a déjà fait couler beaucoup d’encre, et chaque pheilologue apporte son interprétation. Libre à chacun de choisir son explication parmi les nombreuses propositions !

Theatrum Sabaudiae 1682

Le sujet est d’autant plus complexe que Chamonix a traversé l’histoire avec des orthographes différentes : Chamonio (1225), Chammonis(1229), Chamunix(1289), Chamony(1399), Chamouny(1581), Chamony(1652), Chamounis (1682).

Le prieuré de la vallée de Chamonix prend définitivement son nom de «Chamonix» en 1793, sous la révolution française. Avant on ne parlait que du prieuré de la vallée de Chamonix.

Le premier document historique datant de 1091 parle, à propos de Chamonix, d’un « campus munitum », terme latin qui signifie « champ clos », ou « fortifié », avec une connotation militaire. Origine romaine? certainement pas ! Médiévale bien sûr, le latin étant la langue utilisée pour tous documents officiels.

⇒ D’après Roland Boyer (« le nom des lieux de la région du Mont Blanc »), le campus munitus couvre toute la vallée de Chamonix .

Il est vrai que, encore de nos jours, cette interprétation est la plus couramment admise. Cependant l’étymologie a fait des progrès et il est intéressant de rechercher les diverses autres versions.

⇒ Selon Mr Charles Durier, la racine « chamon » signifierait « friche » en vieux français ; le mot aurait été alors latinisé en « chamoniagum » , idée d’ailleurs retenue par Mr Jean Yves Mariotte (historien) et par Mr Charles Vallot.

⇒ Mr Charles Marteaux, étymologiste reconnu, voit deux origines possibles (dictionnaire étymologique de lieux en France édition 1911) :

1 – soit une latinisation de «camon » qui désignait un genre de pré, peut être sur une hauteur.

2 – Soit une racine ligure où « Cam », « Cham », « Char », « cha » auraient été utilisés pour désigner un site de montagne, « une élévation », « une hauteur arrondie » .(on pourrait trouver la même racine dans le nom de Chamole dans le Jura, dans Chamoux ou Chamousset en Savoie).

⇒ Le philologue breton François Falc’hun nous apprend qu’en Bretagne, montagne se dit « menez » et que ce terme vient du vieux breton « monid » que l’on prononce « moniz »… Intéressant, non? Quant à « Cha » en breton il signifierait tête !

Donc nous pourrions envisager une racine celtique ou Chamonix voudrait dire « la tête de la montagne »

⇒Par ailleurs, en patois, Chamonix s’écrit « Cam(u)ni ». On peut éventuellement retenir « Cam » (qui est de racine ligure) comme élévation et « ni » (qui serait de racine latine) comme neige, Chamonix ne voudrait il pas dire « l’élévation de neige » ?

⇒ D’autres hypothèses plus fantaisistes ont été proposées : « le plan au moulin » (cha molinum) ou le « champ du meunier » (Jules Payot), voire même selon Victor Hugo le « champ des chamois »…

ll y a un autre « Chamonix », logé dans une boucle de la rive gauche de l’Arve (tout près de Cluses), dominé par de hautes falaises. Lorsque l’on regarde attentivement l’emplacement de ce hameau, il est évident qu’il y a là aussi « un commencement de la montagne » (selon Paul Guichonnet).

Hameau de Chamonix à côté de Cluses

Le nom de « Chamonix » a été donné à une propriété (rurale) de la commune de Dieulefit à la fin du XIXe siècle. Un membre de la famille Noyer (bourgeoisie aisée), devenu maire, était un adepte de l’alpinisme. C’est en raison de sa passion pour ce sport qu’il a donné le nom de Chamonix à sa propriété dieulefitoise (elle comprenait des terres et des bâtiments).

La propriété a été vendue par la famille Noyer à la fin du siècle dernier à une association qui y a construit un centre hospitalier de pointe, Dieulefit Santé. Le nom de « Chamonix » a été conservé.

Abbaye de Saint Michel de la Cluse dont dépendait Chamonix

C’est l’abbaye dont a dépendu la vallée de Chamonix pendant près de 4 siècles.

Les italiens l’appellent « la Sacra San Michele », avec toujours beaucoup de respect. Il est vrai que le lieu est magique ! Située sur un piton rocheux qui domine la vallée de la Suze, la Sacra se voit de très loin … A 960m d’altitude, elle s’impose au regard de toutes parts. Un site à visiter absolument.
Il peut paraître étrange qu’en 1091 la vallée perdue de Chamonix ait été donnée par les comtes de Genève à cette abbaye si lointaine de Saint Michel de la Cluse située près de Turin.
Nous sommes au Moyen Age, le climat se réchauffe, les Alpes se franchissent plus aisément et de ce fait les échanges s’améliorent. C’est dans ce contexte que se situe l’essor des maisons religieuses. Celles-ci s’imposent dans une période où la foi est au centre de toutes préoccupations humaines.
Un ordre religieux prend son essor, celui fondé par Saint Bernard, les bénédictins. L’ordre s’étend dans toute l’Europe. Nombreux sont les monastères et abbayes édifiés dans les Alpes. Les bénédictins circulent beaucoup, voyageant d’une abbaye à l’autre. L’itinéraire le plus fréquenté est celui qui passe par le Mont Cenis. Saint Michel de la Cluse accueille ses premiers moines dès 868 et le sanctuaire est créé dans les dernières décennies du Xème siècle. L’abbaye deviendra une étape incontournable entre le nord et le sud de l’Europe. Elle brillera très vite dans sa toute puissance de la Vénétie à l’Espagne. Elle sera un foyer de culture et sa splendeur rayonnera au plus haut tout au long du XIIème et XIIIème. Elle possédait alors plus de 200 dépendances et était l’une des quatre plus puissantes abbayes d’Italie. Elle détenait plusieurs prieurés dans notre région (Héry sur Ugine, Megève, Chamonix, Port Valais près de Sion, Bursier sur le lac Léman…. ).
L’abbaye de saint Michel de la Cluse entre en décadence dès le XIVème siècle. C’est l’époque à le prieuré de Chamonix sera attribué à la collégiale de Sallanches Elle sera pillée, la bibliothèque les archives seront dispersées et elle tombera lentement en ruines.
Restaurée au XIXème siècle, elle est redevenue un site exceptionnel à visiter.

Pour la petite histoire : en savoir un peu plus

En Europe en plus de la Sacra San Michele trois autres abbayes ont été consacrées à Saint Michel.

  1. le Mont Saint Michel situé à la frontière de la Bretagne et de la Normandie, le plus fameux.
  2. Le saint Michael’ Mount édifié sur une île granitique au sud de la Cornouailles. Sanctuaire dès 495 qui sera mis sous la protection de saint Michel en 1044 et des moines de l’abbaye de saint Michel en Normandie y construiront une petite église et un petit monastère transformé plus tard en forteresse.
  3. La plus ancienne se trouve sur la presqu’île de Gargano dans les Pouilles mais ici elle n’est pas en hauteur, elle est construite au fond d’une grotte accessible par un long escalier, similaire aux longs escaliers de l’abbaye de saint Michel de la Cluse. Etonnant ? Non ?
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