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Étiquette : art Déco

Kursaal , quel drôle de nom !

Durant la belle Epoque est construite vers 1885 une villa appelée la Villa des Fleurs. Elle est utilisée comme complément au casino qui à l’époque était situé en face  dans les locaux  du rez de chaussée de l’Hôtel de l’Union.

La villa des Fleurs devient un café casino  avec salle de jeux  prenant le nom de « Casino Kursall »..Nom utilisé bien souvent dans les stations dites « climatériques ».

Puis Joseph Cusin Berlincourt l’ouvre en tant que muséum prenant le nom d’Alpineum (avait collectionné quelques souvenirs de Jacques Balmat dont son marteau de cristallier) . IL y fera des conférences avec projections lumineuses.

La villa des Fleurs était éclairée à l’électricité et lampes à arc.  Parfois sert de casino et régulièrement des cafés concerts sont donnés  de 1893 à 1906.

En 1906  Jospeh Cusin transforme son établissement en « Grand Cinématographe du Mont-Blanc ». En 1920 Joseph Cusin Berlincourt donne sa collection à la ville de Chamonix.

Le bâtiment est détruit dès 1920.

Sur l’emplacement de cette villa il est projeté de construire « le grand Casino de Chamonix », mais en raison du manque de financement le projet est abandonné.

Les travaux sont suspendus et finalement transformés  pour l’édification d’une « maison de rapport » c’est-à-dire un immeuble composé d’appartements destinés à la location.

On reprend le même nom : KURSAAL

Elle est de style Art Déco avec ses pilastres et ses carrés de mosaïque entre les fenêtres.

Sources : Marc André Reynckens, recherches sur les casinos de France. Paul Payot, Histoire des casinos.

Une remarquable expression de l’art déco : la Banque de Paul Payot maire de Chamonix de 1888 à 1901

Dans les revues spécialisées d’architecture des années 1930, la construction de la banque Payot à Chamonix est souvent donnée en exemple. Réalisée par l’architecte Marcel Cochet, elle attire l’attention des spécialistes de l’époque pour l’originalité et la qualité du bâtiment.


A Chamonix, jusqu’à cette période, on construisait avec des boules d’Arve que l’on cimentait entre elles et que l’on enduisait de crépi ou d’enduit.
Marcel Cochet innove totalement.

Il élève l’ossature du bâtiment en béton armé. Il connaissait les aléas de ce type de ce matériau, notamment face aux différences de températures extrêmes de la vallée. Cette armature est ensuite comblée aux étages de briques creuses et est complétée par une cloison en dolomite (panneaux de paille, ligaturée réalisant un matelas isolant). En 1930, en Savoie, ce type de construction n’était pas chose courante, d’autant plus que Marcel Cochet ose utiliser le béton pour le toit ce qui provoqua bon nombre de questionnements de la part de ses confrères.
Son esprit vigilant le conduira à imaginer des méthodes complémentaires pour assurer l’étanchéité des terrasses. Il saura aussi profiter de l’expérience locale en adoptant des doubles cloisons et des doubles fenêtres pour mieux lutter contre le froid.
Les façades ont été traitées par une méthode simple : un revêtement de plaques moulées en simili granit poli, agrafées aux piliers de béton armé.
Le procédé est vraiment révolutionnaire à Chamonix.


Le 1er étage est occupé par l’appartement de Mr Payot, deux appartements occupent le second et un seul plus petit le troisième. Dans la partie supérieure, une zone plate « non aedificandi » est aménagée en terrasse pour qu’un hôtel, l’Impérial situé à l’arrière, conserve la vue sur le Mont Blanc.
Les façades de la banque sont décorées de panneaux de ferronneries d’une remarquable finesse (hélas disparues depuis) qui avaient été réalisées par la maison Schmidt de Chamonix.
L’architecture Art Déco a horreur des angles droits si bien que pour les immeubles d’angle on s’arrange toujours pour les couper ou les arrondir. Exemple frappant ici sur la banque :


Lorsque l’on parle Art Déco le décor joue évidemment son rôle. Ainsi sur la banque au dessus des grilles est inscrit en mosaïque le mot « change » en français, anglais, italien et allemand de même pour la Sur la façade où sont incrustés des panneaux de mosaïques de grès et d’émaux réalisées par une entreprise lyonnaisse.

Ceux-ci rappellent le souvenir de l’oncle Venance Payot, naturaliste, botaniste et collectionneur de cristaux qui tenait à cet endroit quelques dizaines d’années auparavant un muséum.
L’une d’elles représente une fleur d’edelweiss qui pourtant n’est pas une fleur de chez nous ! Peu importe, seul le décor compte.

Plus de 80 ans après, on ne peut que rester admiratif devant ce bâtiment unique trônant au cœur de Chamonix.

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