Petite histoire du bar de la Terrasse devenu aujourd’hui Rose du Pont
Nous voilà face à un des bâtiments les plus emblématiques de Chamonix le fameux bar La Terrasse dont l’architecture Art Nouveau sublime le centre ville.
Depuis le printemps dernier les nouveaux propriétaires se sont attaqués à la restauration et à la réhabilitation de ce bâtiment étonnant. En mauvais état, la charpente de bois exotiques (courant à l’époque) a résisté au temps ce qui a permis De conserver les formes typiques de cette expression artistique de la Belle Epoque : L’Art Nouveau. Nul ne connaît l’origine exacte de ce bâtiment qui remplaçait un ancien déjà existant. Certains racontent qu’il proviendrait d’une exposition internationale : Paris ? Interlaken ? Bruxelles ? C’est vrai qu’il était courant à l’époque de démanteler un édifice pour le reconstruire ailleurs mais aucun document à ce jour ne nous en donne l’origine. Il reste cependant le témoin d’une période faste à Chamonix celle que l’on appelle la Belle Epoque mais la Terrasse est également un témoin historique de l’urbanisation du centre ville.
Dès le début du XXème Chamonix connaissant un développement économique rapide, le carrefour essentiel du village entre la rue provenant de l’église et la passerelle qui franchissait l’Arve , devient un lieu de commerces multiples. C’est la que Pierre Joseph Payot, originaire du hameau de la Molard achète vers 1825-1830 une maison située au centre. Quincaillerie, objets sculptés, cristaux sont le fond de commerce de la boutique. Il est rapidement aidé par son fils François devenu maître de poste ouvrant par la même occasion un bureau de change.
La maison s’agrandit formant trois parties distinctes. En 1860 Venance Payot un des fils ouvre en bord d’Arve une sorte de muséum qui connaît un très grand succès. Il construit quelques années plus tard une grande maison un peu plus en amont où il ouvre une boutique.
Il lègue à son frère Florentin cette partie de la maison tournée vers l’Arve. Celui-ci aménage un hôtel et transforme l’ancienne boutique de son frère en un bar – restaurant. Il prend alors son nom : Hôtel Pension de la Terrasse, nom conservé jusqu’en 1890 !
A la mort de Florentin sa fille Marie Adèle et son mari Philippe Thévenet héritent de l’ensemble. La Terrasse devient « Pension- hôtel -café » puis uniquement « café- restaurant ». Veuve en 1903 elle épouse Mr Birkigt (d’origine belge) mais conserve à son nom le restaurant. Il semblerait que ce soit Marie Adèle qui élève ce bâtiment construit en encorbellement sur l’Arve (d’ailleurs au dessus du lavoir utilisé au pied de l’ancien bâtiment).
Elle le loue puis le vend en 1918. Hélas le nouveau propriétaire provoque le scandale car il y a de nombreuses plaintes à propos de passage de « femmes de joie » à la pension pour les soldats américains où également de jeunes mineurs chamoniards semblent s’y rendre régulièrement. La Terrasse serait devenue un lieu de débauche !
Dès lors de nombreux propriétaires se succèdent. Le bâtiment n’est pas toujours entretenu avec goût. Certains architectes se succèdent mais souvent d’une manière maladroite.
On doit à Jenny Galton qui , dans les années 1980,est gérante du lieu et désire redonner un aspect prestigieux e à ce bar. Elle fait appel à Bernard Ferrari, architecte. Il donne au bâtiment cette couleur violet-mauve dont on avait retrouvé trace par sondage. Il remet en état le plafond d’origine, il réutilise les anciens lustres, et y aménage d’anciens meubles Art Nouveau. La Terrasse revit grâce à Jenny mais hélas à son départ le bâtiment ne sera plus entretenu.
En 2022 enfin un nouveau propriétaire amoureux de ce bâtiment décide de lui redonner une allure Belle Epoque. Ici vous découvrirez cette expression artistique qu’est l’expression Art Nouveau se mêlant à un décor néo classique formé essentiellement de stucs à l’ancienne de miroirs et luminaires où jouent la lumière et le décor naturel.
La Terrasse devient Rose du Pont
Une très belle réussite.
C’est quoi l’Art Nouveau :
Un art qui se développe entre 1890 et 1914 en opposition à l’art néo-classique et dont l’expression artistique est essentiellement tournée vers la nature, la reproduisant souvent avec des fleurs , et jouant avec les formes courbes et contre-courbes.
Sources : Gallica – Archives Amis du Vieux Chamonix