L’aventure de la famille Tairraz commence avec Joseph vers 1860 .
Joseph Tairraz est guide et achète à Genève un daguerréotype à plaques de verre. Il commence à tirer le portrait dans un studio aménagé dans la maison familiale puis s’installe comme « guide photographe ». Et quel boulot ! car non seulement l’appareil pèse plus de 20kgs mais chaque plaque pèse au moins une dizaine de kgs sans parler des trépieds, des châssis pour les plaques ! . C’est donc une vraie expédition que de partir pour immortaliser personnages et paysages ! Ce qui nécessite de nombreux porteurs pour la réalisation d’une ou 2 photos. Ses photos restent un témoignage prégnant du début de la photographie de montagne.
Son fils Georges prend le relais. Les temps ont changé. Il fait toujours des portraits en studio mais il est guide et suit ses amis en montagne.. Il développe l’affaire familiale. Son appareil ne pèse plus que 12kgs et 4ks pour l’objectif ! Et. Il réalise des photos de plus en plus « artistiques».
. Mais un drame va faire basculer sa passion. En 1920 une poche du glacier de la Mer de Glace s’effondre noyant la vallée sous des mètres de sable et de boue, submergeant la ville, la cave de la maison Tairraz est inondée détruisant à tout jamais la collection familiale. C’est un drame. Il s’éteint 4 ans après-.
Son fils Georges (d’où Georges II), met ses pas dans ceux de son père. Il a 24 ans. C’est l’époque ou les premières caméras arrivent sur le marché.
A ‘l’instar de son grand père c’est une nouvelle passion pour la famille Tairraz. Avec son meilleur ami Frison Roche il court les déserts et les contrées du Grand Nord. Avec Gaston Rébuffat il réalise quelques films d’exception en montagne. Mais la photo reste à jamais une implication majeure de sa vie professionnelle. Les chamoniards l’ont beaucoup aimé.
Et ce sera Pierre qui continuera cette belle histoire familiale. Photographies, films, voyages alimentent son besoin du « beau » qui le caractérise. Avec lui prend fin la dynastie « Tairraz photographie alpine » ;
Une belle histoire de famille qui aura duré plus de cent ans !
De tous les refuges du massif du Mont Blanc, celui des Grands Mulets est celui qui a été le plus souvent peint ou photographié. D’ailleurs, la plus ancienne photographie réalisée en haute montagne est une prise de vue du premier refuge des Grands Mulets datant de 1856.
Gabriel Loppé : Refuge des Grands Mulets en 1862
Lors de l’ascension du Mont Blanc par Horace Bénédicte de Saussure en 1787, celui-ci fit édifier une sorte de construction accolée au rocher, constituée de deux murs de pierres sèches et recouverte d’un toit de 2.30 m par 1.30m.
Elle disparaîtra très vite et par la suite les alpinistes tentant le mont Blanc auront à charge de faire transporter par leurs guides et porteurs le matériel de de campement: couvertures, tentes, éléments de cuisine pour assurer des repas pour l’ensemble des équipes entreprenant l’ascension. Et nombreux sont les récits faits par les voyageurs ou les guides sur ces nuits glacées passées sur le promontoire des grands mulets.
En 1853, la commune de Chamonix décide de construire un « refuge ». Celui-ci est construit dans la vallée et transporté planche par planche par les guides de Chamonix. Il mesure 4.25 X 2.12 m . Il est installé sur une plateforme au sommet du rocher . En septembre, on l’inaugure en grande pompe. Il recevra 50 personnes décidées d’y passer la nuit !
C’est dans ce refuge que les frères Bisson feront étape sur le chemin du Mont Blanc et le livre d’or (appartenant à la collection Paul Payot) nous dévoile ainsi leur passage, mais aussi celui de Gabriel Loppé qui restera d’ailleurs plusieurs jours en 1861. Il y fera un de ses plus beaux tableaux appelé : « Grands Mulets ».
Ce refuge se révélera très vite trop petit. La compagnie des guides décide en 1866 de financer un nouvel établissement dont elle confie la gestion à Sylvain Couttet. A charge pour lui de réaliser et faire transporter les éléments de construction de ce nouveau bâtiment. Il décide de l’élever sur l’emplacement du refuge de de Saussure c’est-à-dire en bas du rocher. Il faudra 400 voyages pour transporter le tout. Il mesure 6 x 3m divisé en deux pièces. qui servent de dortoirs avec des tables à charnière fixées sur la cloison. Rapidement, Sylvain Couttet l’agrandit d’une pièce qui lui sert de cuisine avec un petit poêle à bois. Il mesure alors 9 x 3m !
En 1868, il récupère les restes de l’ancien refuge abandonné plus haut pour l’accoler à la cuisine ce qui constituera une 4ème pièce où coucheront les guides. Ce fut le premier dortoir réservé aux professionnels.
Sylvain Couttet gérera le refuge de 1866 à 1880.
Celui-ci devient de plus en plus un but de «promenade », pas uniquement réservé aux alpinistes en route vers le Mont-Blanc, mais aussi aux amateurs désirant découvrir ce site unique d’où l’ on jouit d’une vue exceptionnelle.
Il restera longtemps ainsi .Transformé peu à peu, mais de bric et de broc.
En 1897 la commune lance un nouveau projet à une cinquantaine de mètres plus haut. Il est inauguré le 19 mai. Cette fois, on construit un bâtiment digne de de son succès : un rez de chaussée avec quatre chambres, une cuisine et une salle à manger, et un étage avec aussi quatre chambres plus un dortoir pour les guides. Le refuge est confié aux frères Balmat, assistés d’une cuisinière et d’une domestique ! On y installe même le téléphone en 1908.
De plus en plus utilisé il finit par ne plus correspondre aux normes aussi après 63 ans de bons et fidèles services, il est transformé en un tout nouveau bâtiment, pouvant accueillir plus d’une soixantaine de personnes, qui est inauguré le 8 août 1960.
Il succède ainsi à la longue et belle histoire des refuges sur le chemin du Mont Blanc. Témoin ancestral de bien des aventures, ce lieu mémorable pourrait raconter de belles mais aussi de bien tristes histoires que beaucoup ont oubliées.
Sources : Revues du Club Alpin Français, Histoire du Mont Blanc de Stephen d’Arve, le Mont Blanc de Charles Durier. Page personnelle de Bernard Cottard
Une femme à qui nous devons beaucoup. Qui ? Madeleine Namur Vallot qui, à Chamonix, s’est battue pour UN droit : celui de porter une tenue masculine : le pantalon !
Et oui, Madeleine Vallot fut la première à oser porter la « culotte ». Que dire des remarques, des sarcasmes lancés sur cette jeune femme qui osait ainsi défier le monde masculin et les esprits bien pensant? Mais elle n’en avait cure ! Emmenée par son père au sommet du Mont Blanc, elle réalisa à quel point une jupe traînant dans la neige était vraiment un réel handicap. Embarrassée par cette masse de tissus, elle osa la remonter au dessus de ses mollets afin de mieux franchir névés et crevasses. Et de retour , très vite, elle imagina une tenue adaptée à l’alpinisme. Elle gravit sept fois le Mont Blanc dont 6 en pantalon et deux fois elle resta plus de 10 jours à l’observatoire créé par son père Henri Vallot.
Son expérience lui permit d’imaginer une tenue vestimentaire adaptée à l’alpinisme et au ski. « Nous devons emprunter à nos camarades masculins, la culotte si pratique » disait-elle Et lorsque, vers 1905, elle entend parler de ces planches que l’on adaptait au pied, immédiatement elle adaptera sa tenue afin de pouvoir se déplacer correctement sur la neige. Mais quel scandale ! Pour mieux affronter le regard des autres, elle s’alliera avec sa meilleure amie, Marie Marvingt, autre personnalité « moderne » de son temps, pour se montrer en toute impunité ! Quelques femmes dans ces années avant la première guerre oseront les copier mais que de remarques désobligeantes peut on lire dans la presse de l’époque !
Soutenue par son père et son mari et grâce à ses qualités sportives Madeleine imposera son genre et son style.
Mais il faudra attendre l’après guerre pour que les tenues imaginées par Madeleine Namur –Vallot soient peu à peu adoptées par toutes les femmes modernes qui osaient s’aventurer dans ces activités montagnardes qu’étaient l’alpinisme et le ski !
Merci Madeleine Namur Vallot !
Sources : Archives association des Amis du Vieux Chamonix . Revue Femina.
Il y a 95 ans se déroulait la semaine internationale des sports d’hiver de Chamonix à l’occasion des VIIIe olympiades organisées à Paris.
La plus belle et la plus grande patinoire d’Europe va être construite à Chamonix .
Une patinoire de plus de 36 000 m2 fut imaginée pouvant contenir deux surfaces de hockey , deux surfaces libres pour les figures , un anneau de vitesse de 400 mètres et une piste de curling . Projet très ambitieux pour Chamonix.l
le magnifique plan de cette patinoire appartient à l’association des Amis du Vieux Chamonix.
Pour la commune de l’époque réaliser une telle patinoire ne fut pas une sinécure ! On choisit la rive gauche de l’Arve , lieu dit des « mouilles » . Drainer, creuser, renforcer les berges de l’Arve ne fut pas simple et comment soutenir le terrain ? On travailla de jour et de nuit à la pioche. A l’aide de petits wagonnets on achemina du bois du Bouchet tout proche les remblais nécessaires. La municipalité de Chamonix , conduite par un maire actif Jean Lavaivre, contracte un emprunt de 300 000 francs auprès des particuliers propriétaires des palaces et des grands hôtels de la commune, ainsi qu’un emprunt supplémentaire de 500 000 francs auprès des banques.
Il y un mois de retard…Tant le terrain était difficile. Livraison fin décembre. OUF .
Un hiver rigoureux s’annonçait et on fit appel à Benoît Couttet et Jean Claret pour gérer la fabrication de la glace. Trente hommes en permanence étaient à disposition, On arrosait de nuit à la lance, le froid faisait le reste. La patinoire fut dotée d’une glace parfaitement lisse et dure.
Fin décembre d’énormes chutes de neige tombèrent sur Chamonix ! On recruta plus de 600 hommes pour déblayer les 1.70m de neige tombés en une nuit ,sans matériel particulier, seulement la force de l’homme ! On besogna toutes les fêtes de fin d’année et une bonne partie du mois de janvier. Nombre de bénévoles chamoniards participèrent à ce travail gigantesque. Puis à quelques jours de l’ouverture…le foehn…immense dégel. C’est la catastrophe…Benoît Couttet et ses hommes réalisèrent un travail incroyable pour conserver la glace, la maintenir, et éviter que tout disparaisse « à l’Arve » ! Puis le « miracle »… le gel de retour. Jours et nuits ils trimèrent inlassablement afin de lisser, nettoyer et faire de cette patinoire la plus belle et la plus imposante jamais vue encore dans cette Europe des années folles.
Le 24 janvier 1924, il gèle à pierre fendre sur Chamonix.
Un soleil radieux illumine la vallée, lorsque Gaston Vidal, Sous-Secrétaire d’Etat, prononce solennellement les paroles sacramentelles : « Je proclame l’ouverture des Jeux d’Hiver de Chamonix données à l’occasion de la VIIIe Olympiade »
Ce sera le vrai début des sports d’hiver dans la vallée de Chamonix.
Sources : Archives association Amis du Vieux Chamonix – Musés Jeux Olympiques Lausanne – Revue « sports d’hiver » années 1924.
Depuis 50 ans déjà cette association travaille à entretenir et valoriser la mémoire de la Vallée de Chamonix. Mais connaissons-nous vraiment cette association?
A l’automne 1968 Mesdames Mireille Simond et Pighetti de Rivasso constatent que nombre de chamoniards « jettent en Arve » leurs anciens documents encombrant leurs greniers…Elles se mobilisent aussitôt afin que ces vieux papiers soient conservés et mis à l’abri. Dans la foulée, elles créent une association qu’elles nomment « les Amis du vieux Chamonix ».
Les statuts sont enregistrés en mars 1969, avec pour objet « de faire connaître et apprécier le passé de la Haute Vallée de l’Arve, son histoire, ses traditions, son folklore, de découvrir et de conserver les vestiges et les témoins matériels de ce passé ».
Ainsi sont précieusement sauvegardés écrits, objets, documents, photographies, œuvres d’art, etc… Est aussi fondée une bibliothèque-conservatoire de tous les ouvrages ayant trait à l’histoire de la vallée de Chamonix, de la Savoie, du royaume Piémont-Sardaigne, des Alpes, et de la littérature alpine en général.
Chamonix est au cœur d’une histoire particulièrement riche. Chacun prend alors conscience de l’importance du but de cette association et en une année elle compte plus de 180 membres, preuve que cette excellente initiative convainc nombre de chamoniards ! Nombreux sont alors les donateurs qui ouvrent leurs réserves et apportent vieux documents, livres, objets, etc… En une année l’association compte déjà 240 ouvrages !
Dès juillet 1969, la commune confie à l’association la mission de remettre sur pied un musée digne de Chamonix qui, avait disparu depuis 1937.
L’association va gérer le musée alpin jusqu’en août 2001.
Elle ouvre également un autre musée dans le Vieil hôtel de 1840 au Montenvers, restaure, avec l’aide de la Compagnie des guides, le Temple de la Nature , sauve le tunnel-aqueduc gallo-romain du Châtelard près de Servoz, menacé de disparaître dans les travaux de la Route blanche.
Récemment, elle a dressé une liste de plus de 135 bâtiments dignes d’intérêt patrimonial sur le territoire de la commune qu’elle a transmis à la mairie dans le cadre de la révision du PLU.
D’année en année, l’association voit ses archives et sa bibliothèque se développer et nombre d’historiens, ou simplement des amoureux de la vallée figurent parmi les visiteurs qui découvrent, avec étonnement, des documents et livres uniques et instructifs !
D’ailleurs, une centaine de livres rares ont été identifiés par la Bibliothèque Nationale de France qui les a numérisé et que l’on peut découvrir sur le site de la BNF. L’association a été reconnue d’utilité Publique. (A consulter ci dessous en cliquant sur le titre).
D’autre part elle a intégré l’Union des Sociétés Savantes de Savoie. Ces deux appartenances témoignent du haut niveau de connaissances attribué à cette association et de la valeur réputée de son patrimoine.
pochade réalisée au sommet du Mont Blanc en 1873
Elle acquiert en 1982 (et grâce à un prêt à taux zéro d’un membre bienfaiteur) 45 toiles de Gabriel Loppé (dont les très grandes exposées au Majestic), permettant à cette collection de rester dans la vallée. Un trésor inestimable qui fait d’elle la détentrice de la plus importante des œuvres de cet artiste amoureux de Chamonix.
Par ailleurs, grâce à ses archives et à un travail méticuleux et assidu, elle peut désormais mettre à disposition des habitants de la vallée le plus important et le mieux documenté fond de généalogie.
Depuis quatre ans, les membres du comité travaillent régulièrement pour classer d’une manière informatisée les documents papiers et les photos qu’elle possède en espérant un jour pouvoir numériser l’ensemble de cette rare collection. Car elle est riche de près de 20 000 ouvrages (livres, publications diverses, revues, journaux, etc…) et de quelques milliers de photographies en tous genre, de films, de cartes postales.
Elle propose gratuitement des conférences intitulées « A la rencontre de l’histoire » afin que tout chamoniard ou visiteur puisse se familiariser avec l’histoire de notre région.
Elle a rédigé et publié de nombreux ouvrages tels « les Anglais à Chamonix », « le glacier des Bossons et la Mer de Glace », «Edgar Bouillette », « 1860 la Vallée de Chamonix et l’Annexion » et tant d’autres…
Forte aujourd’hui de près de 500 membres, l’association continue avec constance à enrichir et préserver ses collections pour les générations futures. Elle incite toujours les habitants à partager leurs documents familiaux afin que dans cinquante, cent ou deux cent ans les jeunes chamoniards puissent encore accéder à leur histoire
L’exposition pour les 50 ans de l’association vous permettra d’en découvrir toutes les richesses et peut être vous joindrez vous aux adhérents afin que la mémoire de cette vallée soit préservée et accessible aux générations futures.
Elle appartient à l’Eglise Réformée de France mais certains chamoniards continuent à l’appeler la chapelle anglaise !
Nul n’ignore l’importance de la communauté britannique à Chamonix. Elle remonte au XVIIIe lorsque les premiers visiteurs dans la vallée de Chamonix se révèlent être des anglais.
Par la suite et au cours du siècle suivant, ils marqueront à jamais l’histoire de la vallée. Touristes, scientifiques, alpinistes anglais créeront des liens toujours forts avec les chamoniards.
En ce milieu du XIXe, il manquait aux britanniques, de rite anglican, un lieu pour exercer leur culte. Ce sont les hôteliers chamoniards qui ouvraient chaque dimanche leurs salles à manger afin d’assurer le service anglican pour leurs clients. Bien vite, ces salles sont devenues trop petites. C’est alors que « la Société de l’église coloniale et continentale de Londres » demande à la préfecture l’autorisation de construire une chapelle. L’accord est donné, mais on les prie de construire au-delà du centre du village. La société acquiert ainsi de la famille de Mr Desailloud, propriétaire du café de la Fidélité à Chamonix, un terrain pour y bâtir un temple.
La chapelle est construite dès 1859, et inaugurée en 1860. Loin du centre, elle trône, magnifique, au milieu des prés. D’un côté l’on voyait la chute du glacier des Bossons de l’autre celle de la Mer de glace. Pendant ces années de Belle Epoque, des chapelains assuraient les services religieux. Ils consignaient sur un registre tenu à cet effet le nombre des fidèles, les difficultés climatiques, les dépenses effectuées, les personnages importants de passage, le nombre de services. Ceux-ci ne venaient cependant que durant l’été. L’hiver aucun service n’était assuré.
A l’origine le chœur devait, comme toute église anglicane, être orné de vitraux. Seul un a été réalisé, le coût trop élevé et l’arrivée de la guerre ont définitivement arrêté le projet.
Mais lorsqu’il fallait enterrer les quelques anglais décédant dans la vallée, ceux-ci devaient être inhumés dans le cimetière catholique. Et le curé de l’époque manifestait sa désapprobation en ne leur laissant des places qu’hors de l’enclos autorisé.
Ce sont les hôteliers chamoniards ainsi que Venance Payot, maire de Chamonix à l’époque, qui insisteront auprès de la préfecture pour que la petite chapelle anglicane puisse abriter son propre cimetière. En 1871, la communauté anglaise obtient l’autorisation d’y inhumer ses morts. Avec le temps, une vingtaine de britanniques seront enterrés à proximité immédiate de la chapelle.
La première guerre mondiale apporte un changement notoire. Les anglais ne sont plus aussi nombreux à venir à Chamonix. Et peu à peu la chapelle sera utilisée par l’Eglise Réformée de France, bien que les murs soient encore la propriété de « la Société de l’Eglise Coloniale et Continentale de Londres ». Le cimetière accueille alors les inhumations des familles protestantes de Chamonix.
Lors de la loi imposant de mettre les cimetières à l’extérieur des centres villes, la municipalité recevra une lettre de la société demandant expressément que l’on conserve ce petit cimetière à son emplacement afin de conserver la mémoire de ces britanniques qui avaient participé à l’enrichissement de Chamonix ! La commune obtempéra, d’autant que le cimetière était privé.
L’histoire cependant continuera avec les Misses anglaises. Bien qu’anglicanes, elles entretiendront durant la période de l’entre deux guerres l’entretien du temple soutenant le pasteur Chaptal qui assuraient les services religieux à la grande satisfaction des protestants de la commune. Et lors de la sombre période de l’occupation de la seconde guerre mondiale, les fameuses Misses participeront d’une manière très active à l’engagement de la résistance. Elles étaient très aimées des chamoniards.
La chapelle anglaise, devenue temple protestant, est cédée en 1970 puis vendue pour un franc symbolique le 29 juillet 1981 à l’Eglise Réformée de France. Cependant, les anglais, de nouveau nombreux à Chamonix, reconnaissent le temple comme leur chapelle en raison de son histoire plus que centenaire et de l’esprit commun protestant les liants à l’église réformée et bien souvent on peut assister à un mariage anglican assuré par le pasteur de la paroisse du Mont Blanc.
Sources : archives départementales – Eglise réformée de France –
Au fronton du très beau bâtiment Art Déco du centre ville trône une inscription « Frères Payot ».
Mais qui sont donc ces Payot ?
Pierre Payot nait en 1791. Il réside au hameau de la Mollard. Il participe à l’équipe réussissant l’ascension du Mont Blanc avec Marie Paradis en 1808. Ce Pierre sera plus tard le guide d’Alexandre Dumas. Il achète au centre du bourg vers 1825-1830 une maison située sur la place Balmat actuelle. Il y installe un commerce de quincaillerie, de ventes d’objets sculptés, car il est tourneur sur bois, mais aussi quelques cristaux et diverses pierres… Un commerce lucratif…
François Joseph Payot copyright François Payot
Famille de François Payot 1870 Copyright François Payot
Son second fils, François, le seconde rapidement dès 1841. Le magasin connaît un vrai succès … Une sorte de drugstore avant l’heure où l’on pouvait trouver une grande variété d’objets. Devenu maître de poste, il encaisse les réservations des diligences s’arrêtant près de sa boutique. Profitant du nombre toujours plus nombreux de touristes, il commence à changer des devises suisses, françaises, anglaises ou sardes… Et avec ce fond de trésorerie, il finit par prêter à Charlet ou à Couttet, ou à Simond, qui font confiance à ce chamoniard de souche qui veut bien attendre les prochaines récoltes pour être remboursé.
François meurt en 1876, il a 55 ans. Il est père de 5 enfants. Deux meurent en bas âge. Trois marqueront de manière durable la vie chamoniarde : Paul, Jules et Michel. Les trois frères font des études brillantes au Collège Impérial de Bonneville.
Paul, déjà enfant, écrivait « …si tout l’univers était une bague, Chamonix en serait le diamant ». C’est dire l’amour qu’il portait déjà à sa vallée. Jeune homme, il séjourne en Angleterre, il est secrétaire d’un lord britannique et se familiarise avec la comptabilité. A la mort de son père François, il prend le relais, il liquide la quincaillerie et concentre ses activités sur les opérations de banque, de crédit, d’assurances et même d’organisation de voyages ! La banque Payot est créée entre 1875 et 1878. L’établissement prospère si bien qu’en 1927 il entreprend la construction au centre de Chamonix d’un bâtiment pur Art Déco pour abriter sa banque, témoin de la prospérité de Chamonix. (voir article sur banque Payot). Passionné de sa vallée, il devient maire à l’âge de 31 ans, il sera l’un des plus jeunes maires de France. Il reste 12 ans à la tête de la commune de 1888 à 1902.
Maire durant la Belle Epoque, il accompagnera avec enthousiasme les projets du PLM, l’arrivée de l’électricité, l’implantation de l’Observatoire Vallot, le projet du Montenvers… Paul Payot était très aimé et très respecté des chamoniards. Son rôle de banquier ou de maire ne l’ont jamais éloigné des nécessités de ses compatriotes. Il meurt en 1939.
Jules, le second fils, fait des études de philosophie. Très intéressé par les questions de morale et d’éducation, il écrira de nombreux ouvrages qui seront appréciés dans le milieu enseignant du début du XXe siècle. Il fait une magnifique carrière dans l’Education Nationale.En 1907 il est nommé recteur de l’Académie de Chambéry et d’Aix en Provence, il connaît une réelle reconnaissance des intellectuels de l’époque. Anticlérical, laïc notoire deux de ses livres seront mis à l’index par le Vatican. Il laisse quelques beaux ouvrages dont l’un appelé « les Alpes éducatrices » qui montre son attachement à sa vallée. Il fera quelques tentatives en politique mais s’abstiendra très vite… Ce n’était pas sa « tasse de thé » ! . La légende familiale raconte qu’il aurait rencontré à Chamonix un certain Vladimir Oulianov… Le fameux Lénine
Michel, le troisième sera médecin. Il fait ses études à Paris et passe sa thèse sur un sujet de chirurgie. Il revient à Chamonix, s’installe et rapidement se fait particulièrement apprécier par les chamoniards dont il prend soin avec beaucoup d’attention. Curieux, sportif, il découvre avec ses amis, lors d’une exposition Internationale à Paris, des skis exposés par la Norvège. Ce moyen de déplacement le séduit immédiatement.
Très vite, avec ses amis guides, ils entreprennent d’améliorer les skis et réalisent ainsi équipés quelques belles premières dont la première traversée Chamonix Zermatt en 1903 avec le fameux Ravanel le Rouge. On le voir partout, à toutes les manifestations de ski, de bob, de patinage, attentif à la bonne organisation des compétitions de ces nouvelles activités chamoniardes. Il crée le premier Club des Sports de Chamonix.
Il assiste, passionné, au premier concours de ski international à Montegenèvre en 1907 et dans la foulée organise le second concours à Chamonix en janvier 1908. Il crée un comité, le préside et se donne entièrement à l’organisation de ces jeux qu’il veut somptueux. Parce qu’il n’abandonne pas ses malades, lors d’un déplacement au village du Tour pour un accouchement, il prend ses skis et par moins 30° il va au Tour. Cette expédition lui sera fatale. Très malade, il se relève cependant pour accueillir l’équipe norvégienne de ski. La pneumonie s’installe et Michel Payot meurt quelques jours plus tard à l’âge de 39 ans . Chamonix est atterré, attristé et ce seront plus de 2 500 personnes qui seront présentes à son enterrement.
En 1912 une statue est élevée en son honneur, elle disparaît malheureusement durant la seconde guerre mondiale. Le maire Jean Lavaivre accorde une concession perpétuelle au cimetière. Et on le retrouve sur la fresque de la rue Paccard.
Michel Payot laisse un souvenir ému dans la vallée.
Les trois frères auront laissé chacun leur marque à tout jamais dans l’histoire de la Vallée de Chamonix
UN GRAND MERCI à FRANCOIS PAYOT descendant de de Paul Payot banquier qui m’a largement aidé pour constituer ce dossier sur sa famille.
L’église saint Loup est la plus ancienne église de la Vallée de Chamonix
En 1091, lors de la donation de la vallée de Chamonix à l’abbaye bénédictine de Saint Michel de la Cluse, le village de Servoz dépendait des sires du Faucigny pour la partie située au nord du confluent de l’Arve et de la Diosaz. En ce XIe siècle, une paroisse dénommée « paroisse du lac » existait déjà et, semble t’il, dépendant du prieuré de Peillonnex situé en Faucigny pas loin de Bonneville.
L’église était située à peu près au niveau de l’actuelle chapelle Notre Dame du lac et donc sur la rive gauche de l’Arve. Avec cette donation, elle se trouvait sur le territoire du prieur de Chamonix ! Mais la paroisse, elle, s’étendait sur l’ensemble des hameaux aussi bien rive droite que rive gauche. Pas simple ! Donc une église sur le territoire du prieur mais une paroisse sur le territoire des Faucigny…! Cette limite de territoire ambiguë entraîne, dès les débuts de l’histoire de notre vallée, des conflits, ou des accords signés en fonction des besoins et des pouvoirs de certains que ce soit du côté du prieuré de Chamonix, de la famille de Faucigny, de la noblesse locale ou encore de la paroisse qui a dépendu pendant longtemps du prieuré de Peillonex. Peu de documents existent sur cette première église.
En 1337, il est décidé de reconstruire une nouvelle église sur la rive droite de l’Arve, est ce pour échapper au prieur de Chamonix ? Peut être bien ! Cette église n’était sans doute pas très riche à la lecture de l’inventaire et du procès verbal réalisés par Mgr Jean de Bertrand venu le 15 août 1413. « Eglise pauvre, mauvais toiture, bons paroissiens » !
Mais c’était sans compter sur les éboulements du massif des Fiz qui jalonnent l’histoire de la plaine de Servoz. L’effondrement de 1471 modifie les cours de l’Arve et de la Diosaz et l’église, du coup, se retrouve à nouveau sur la rive gauche de l’Arve, si bien que le prieur de Chamonix estime que la paroisse doit tomber sous sa juridiction. Il proteste à chaque venue de l’évêque pour en obtenir la gouvernance. C’est vers 1484 que l’appellation passera de notre Dame du Lac à Eglise Saint Loup, en effet la légende raconte que l’archevêque de Tarentaise fit don à la paroisse des reliques de ce saint.
Les « chirves » résistent au prieur de Chamonix ! Pour échapper définitivement « aux atteintes de l’inondation et de la juridiction du prieur » les paroissiens décidèrent en 1537 de construire l’église du Bouchet à son emplacement actuel.
L’église, telle que nous la connaissons’ sera construite de 1694 à 1697 et consacrée en 1702. Il est évident que les bâtisseurs de l’époque utilisent des éléments qui appartenaient à l’église antérieure puisque la date 1537 est inscrite en haut de la porte latérale.
Cette église a conservé son très bel aspect d’origine, la façade élégante est typique des églises baroques du XVIIIe.Le porche abrite la porte d’entrée dont les vantaux, bien qu’endommagés durant la période révolutionnaire, sont un magnifique travail d’ébénisterie. Là on retrouve saint Loup, vocable de la paroisse, en tenue d’évêque, écrasant un petit dragon.
Le décor intérieur démantelé aux cours de la frénésie révolutionnaire retrouvera un nouveau décor en 1838 pour le maître autel et en 1842 pour les deux autels latéraux.
le clocher édifié en 1746 mais détruit lors de cette même période de la révolution sera refait en 1854.
Les divers travaux réalisés dans les années 1930 puis 1950 ne seront que des petits travaux qui hélas n’empêcheront pas la détérioration progressive des murs « mangés » par le salpêtre .
Enfin en 2015 la fondation du patrimoine offre une somme conséquente pour entamer des travaux de rénovation. L’église de Servoz va enfin retrouver son éclat des temps anciens.
Sources : Histoire des communs savoyardes, monographie de Servoz de l’abbé Michel Orsat, Le Mont un hameau de Servoz ( association histoire et traditions)
A Pâques 1956, à Chamonix, de très bonne heure le matin, une équipe de trois personnages part en direction de la Vallée Blanche. Paul Démarchi, guide renommé de la vallée, avait été contacté par le « beau Muck » afin de conduire à Courmayeur un de ses proches, Mr Frédéric Ebel, en passant par le col du Géant.
Paul ne se pose pas vraiment de question sur cette demande un peu curieuse en cette saison de la part de ce client. Tous trois empruntent le chemin traditionnel passant par le petit refuge du Chapeau où ils font étape. Paul emprunte une paire de gants au gardien Luc Couttet. Ensuite ils remontent la Vallée Blanche. Le temps n’est pas vraiment au beau, mais Paul, guide chevronné, ne semble pas inquiet et annonce son retour dans la soirée. Le Chapeau est le dernier endroit où on les voit en vie !
PAUL DEMARCHI
Le beau MUCK
Ce jour là on relève des températures de -30° ! La tempête s’est levée sur la Vallée Blanche. Luc Couttet, inquiet, espère qu’ils se sont réfugiés au refuge du Requin. Mais Rien. 55h après leur départ, sans nouvelles , on s’alarme dans la vallée. Paul, , guide d’une très grande expérience, est habitué aux coups durs… Son silence est inquiétant. Le guide chef Camille Tournier lance les secours.Trois guides, dont le frère de Paul, obtiennent l’autorisation d’emprunter le téléphérique de l’Aiguille du Midi qui n’est pas encore en activité. C’est la tourmente. Ils enfoncent dans la neige profonde, le cheminement est difficile, il n’y a aucune visibilité… Mais soudain ils distinguent une tâche noire, en s’approchant ils voient une paire de skis fichés dans la neige. Eux, les guides, en connaissent bien le sens …C’est le signe d’une catastrophe ! On devine une forme humaine sous la neige. Le frère de Paul reconnaît son frère. Il est couché sur le dos, la tête tournée sur le côté. Cette force de la nature qu’était Paul est mort ! Le lendemain, quatorze sauveteurs partent à la recherche des deux autres compagnons de l’équipée. Plus bas, au dessous du passage de la Vierge, on découvre Muck, le corps plié en deux, et plus loin encore dans une crevasse, enseveli sous la neige, la troisième victime, Frédéric Ebel. Mais que s’est il donc passé ? Paul, le plus robuste d’entre eux, décédé à cent mètres du tunnel de l’Aiguille du Midi ! cela semble incompréhensible à l’ensemble de la communauté chamoniarde. La même interrogation se pose à propos du « beau Muck », lui-même grand sportif, habitué aux rigueurs de Chamonix. Comment se sont ils laissés prendre par la tempête ? A cette même période la gendarmerie s’apprêtait à interpeller Mr Ebel, recherché par Interpol pour trafic d’or. Ebel a-t-il cherché à passer la frontière le plus rapidement possible pour échapper à la police ? Il fait appel au meilleur des guides de l’époque Paul Démarchi. Avec la tempête, Paul a-t-il voulu rebrousser chemin ? Mais pour Ebel il n’en n’était pas question et un guide comme Paul n’abandonne pas son client. Ils ont donc continué en direction du col du Géant , mais le froid, la tempête persistant, son client s’affaiblit. Probablement Paul a-t-il décidé de dévier son chemin pour aller au plus prés des secours, c’est à dire vers le téléphérique de l’Aiguille du Midi. Frédéric Ebel mourant de froid, Muck également, Paul a dû partir pour aller chercher des secours. Il arrive à cent mètres de son but mais il succombe à son tour. . A Chamonix, on est abasourdis. D’autant que ses gants étaient dans son sac, tous trois étaient habillés légers, leurs vêtements chauds dans leur sac… Un mystère ! Alors certains s’imaginent que peut être, comme Ebel avait rencontré avant son départ d’autres trafiquants, les trois compagnons auraient été empoisonnés. On pratique donc une autopsie. C’est la stupeur à Chamonix, mais aucune trace d’empoisonnement n’est décelée. L’’affaire est close, laissant les chamoniards perplexes face à la mort de ces deux personnalités qui avaient marqués la vie locale.
PAUL DEMARCHI : un homme généreux On l’avait surnommé le « Saint Bernard desneiges » en raison des nombreux secours qu’il avait réalisés dans le massif. Une quarantaine, dont certains dans des conditions extrêmes. En février 1938, il avait participé au secours du fameux alpiniste genevois Raymond Lambert perdu aux Aiguilles du Diable avec son équipe. Des heures durant, les sauveteurs luttent contre le blizzard avant de découvrir les trois malheureux grelottant au fond d’une grotte. La redescente sera un enfer et Paul perdra plusieurs de ses orteils. Plus tard, il s’engagera dans les combats contre l’ennemi et après guerre il partira régulièrement à la recherche des alpinistes en détresse. Il était un homme d’une résistance hors du commun. Lors de la construction du refuge du Couvercle, il transporte seul, du Montenvers au chantier, une plaque de fonte de 120kgs ! Et c’est encore à lui que l’on fait appel, aidé des ses frères Gérard et Roger et de trois compagnons italiens, pour descendre le câble d’une tonne et mesurant plus d’un km dans la face nord de l’Aiguille du midi jusqu’au au Plan de l’Aiguille, une performance défiant tout entendement ! Paul Démarchi laisse dans la vallée l’image d’un guide tout a fait exceptionnel et sa mort sera un des souvenirs les plus douloureux pour les chamoniards !
Sources : Revue Détective 1957, Revue la montagne année 1956, Journal le Temps 1956, INA Pierre Bellmare, Revue Relief.
Aux Rebats se trouve une des maisons typiquement chamoniarde de la fin du XIXe. Édifiée à une période où l’on redoute les incendies destructeurs, son propriétaire l’a édifiée selon un style purement local. Construite en pierres et ciment recouverts de crépi, elle est toute simple.
A sa construction, en 1898, elle fut construite pour devenir la « Pension Sylvain », ce qui justifie évidemment quelques chambres ouvertes sur un balcon pour profiter de la vue sur le Mont Blanc. Mais qui est donc ce Sylvain ?
Ce Sylvain fait partie de ces personnages emblématiques oubliés de l’histoire locale. Sylvain Couttet, guide, a laissé dans la mémoire alpine quelques souvenirs remarquables. Particulièrement dynamique, il tient avec sa femme le pavillon de Pierre Pointue situé sur le chemin vers le Mont Blanc. C’est là qu’il va se faire remarquer, car volontiers disponible, il accompagne bien souvent de nombreux touristes vers la cabane des Grands Mulets et vers le sommet du Mont Blanc.
En 1866, en raison du nombre croissant de visiteurs, la compagnie des guides décide d’édifier un nouveau refuge aux Grands Mulets. Sa construction est confiée à Sylvain Couttet, à charge pour lui de transporter les matériaux, ce qui sera fait avec l’aide des guides chamoniards.
Cette même année il interrompt ses travaux pour participer aux secours lancés par le guide François Couttet et Gabriel Loppé partis à la recherche d’un des frères Young décédé au cours de la descente du Mont Blanc.
Toujours en 1866, plus tard dans la saison, parti avec le capitaine Arkwright, il échappe à l’avalanche meurtrière qui ensevelit le capitaine et deux de ses guides. Désespéré, il assure durant plus de 15 jours les recherches afin de retrouver ses compagnons d’infortune mais jamais il ne retrouva le corps du jeune anglais !
Plus tard encore, en 1870, lors de cet été mémorable où le temps n’a jamais été clément, on retrouve notre gardien toujours prompt à partir au secours des accidentés, malheureusement cet été là sera un été funeste puisque onze individus décédèrent en raison du très mauvais temps.Il montre toujours une grande compassion envers les familles.
Sylvain va tenir ce refuge de 1866 à 1881. A la lecture des journaux de l’époque, les alpinistes parlent de lui comme… « le meilleur guide de Chamonix, qui passe sa vie sur les glaciers et qui a conduit de nombreux voyageurs au sommet de la cime ; il est de bon conseil, bon à l’action, a l’expérience de la montagne, a du sang froid, est courageux et est une force de la nature… »…
Le 31 janvier 1876, à 42 ans, il participe à la première ascension du Mont Blanc en hiver avec le couple Charlet-Stratton . Et c’est à lui que l’on doit le récit de cette ascension publiée dans les journaux de l’époque.
En 1881, il abandonne la gestion du refuge des Grands Mulets. Il tien l’hôtel Beau Site et en 1898 la maison du personnel devient une pension appelée Pension Sylvain. Il n’en profite que très peu puisqu’il décède en 1900.
Sa femme Marie Denise Charlet, avec qui il avait escaladé le Mont Rose en guise de voyage de noces, tient l’auberge jusqu’en 1907, année de son décès.
Bibliographie : Le Mont Blanc de Charles Durier, Les fastes du Mont Blanc de Stephen d’Arve, le « XIXe » journal quotidien l’Abeille, « le petit journal »
Tous, nous avons été impressionnés, récemment par l’engagement sans faille de l’équipe de 2 grimpeurs polonais ( Adam Bielecki et Denis Vurubko)qui, sans hésitation, se sont précipités en abandonnant leur projet initial au K2 pour se lancer au secours d’ Elisabeth Revol et de leur ami alpiniste Tomek Mackiewiz perdus sur le Nanga Parbat.
Cet engagement de la part d’alpinistes polonais en haute montagne nous fait penser à un engagement similaire se déroulant dans la vallée de Chamonix en 1957.
Stanislaw Gronski
Stanislas Gronski, polonais originaire de Zakopane, était un alpiniste chevronné.
En août 1957, Il enchaîne quelques sommets dans les Alpes françaises et se lance dans la traversée du Mont Blanc. Il n’en revient pas. Les secours sont engagés pour le retrouver. Immédiatement, se joint aux sauveteurs locaux un des ses chers amis de montagne et d’escalade, Wawrzyniec Laurent
ZULAWSKI. En ce mois d’août, il n’est pas à Chamonix, il est à Paris. Il se précipite et forme une équipe franco-polonaise pour essayer de retrouver son compagnon. Il ne peut supporter l‘idée que celui-ci ait disparu. Hélas, le 18 août, sans avoir retrouvé Gronski, Zulawski est emporté à tout jamais par une avalanche de séracs sous la pente septentrionale du Mont Blanc du Tacul et paye ainsi de sa vie sa tentative de sauvetage.
Les deux hommes reposent depuis dans les entrailles du glacier. Ils n’ont jamais été retrouvés. Leur amitié indéfectible et leur passion alpine les a rassemblés désormais sur les pentes du Mont-Blanc.
Sur le mur du cimetière de Chamonix, deux plaques commémoratives immortalisent la mémoire de ces deux grands alpinistes.
Par ailleurs ces deux hommes étaient des personnages hors du commun. Alpinistes connus de l’histoire alpine, ils avaient tous deux été des résistants notoires. Stanislas Gronski avait beaucoup aidé à s’enfuir par la montagne polonaise ceux qui cherchaient à fuir la dictature nazie, il avait, par ailleurs, participé à la révolte de Varsovie.
De même Zulawski , alpiniste de renom, avait participé en 1937 à la 12ème ascension du Mont Blanc par l’arête de l’Innominata et en 1938 à la traversée orientale du Mont Blanc par l la Sentinelle Rouge. Résistant dès les premières heures, il avait caché chez lui des juifs à plusieurs reprises, ce qui lui a valu après la guerre d’être nommé « Juste ». De plus, il était musicien, compositeur, et aussi auteur de cinq ouvrages sur l’alpinisme. Un très grand « Bonhomme », non grisé par le succès et qui n’a su écouter que son cœur pour partir à la recherche de cet ami si précieux.
Sources : revue polonaises de montagne Taternik. Archives de la ville de Zakopane. Cimetière de Chamonix
Ce 25 janvier 1924, à l’ouverture de cette « Semaine Internationale de Sports d’Hiver » se déroulant à Chamonix et qui prendront par la suite le nom de Jeux Olympiques, les conditions météorologiques suscitaient pas mal d’inquiétude !
Au début du mois de décembre 1923, il n’y avait qu’à peine 10 cm de neige dans la vallée. Vers le 20 décembre, l’épaisseur atteint 25cm. Puis la semaine suivante plus d’un mètre de neige tombe à Chamonix. De nombreuses avalanches se déclenchent et les routes sont coupées. L’épaisseur de neige au sol le 27 décembre est de 1.40mètre . Ainsi , le fameux et immense stade de glace construit pour l’occasion est, un mois avant l’ouverture, recouvert d’une épaisse couche de neige L’armée est sollicitée pour participer aux travaux de déneigement. On fait également appel aux chamoniards qui donneront de leur temps pour honorer cette fête à venir.
En début de janvier 1924, il se met à faire un temps splendide, froid et sec, qui persiste durant deux semaines, à la satisfaction de tous. On travaille dur. A la mi janvier, grand redoux. Pluie, gel se succèdent… Il se met à pleuvoir des trombes d’eau les 19 et 23 janvier ! La patinoire se transforme en lac à la veille de la cérémonie d’ouverture ! En 24 h grâce aux bénévoles et à l’armée et au temps qui se remet au très beau et très froid, on remet en état la patinoire qui doit servir pour l’inauguration.
Le jour de l’ouverture tout est prêt. Il ferra un temps splendide mais très froid durant toute la période des jeux ! Les températures resteront glaciales accompagnées d’un vent vif et de tourbillons de neige aveuglante rendant les compétitions parfois très difficiles, autant pour les compétiteurs que pour les jurys. Certains concurrents des courses de ski de fond (18km et 50km) eurent les doigts gelés, beaucoup abandonnèrent… L’équipement n’était pas celui que nous connaissons maintenant bien sûr.
Comme quoi la météo, de tous temps, est parfois bien capricieuse !
Presqu’un siècle plus tard, on connaît toujours ce type de temps à Chamonix en janvier !