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Étiquette : Les Houches

Connaissez vous ces deux alpages oubliés : le Manchoir et le Mont Borrel ?

Dans la vallée de Chamonix, ils sont nombreux ces alpages de moyenne ou de haute montagne. Certains sont plus connus que d’autres, certains ces dernières années ont connu une nouvelle vitalité avec rénovation et réhabilitation afin de perpétuer une tradition ancienne, mais beaucoup furent  peu à peu abandonnés dans les années 1950 avec l’explosion des activités touristiques.

Avec cette vie moderne et ce tourisme envahissant les habitants de la vallée ont besoin de retrouver leurs racines et cette vie qui, durant des centaines d’années, a animé la société locale et a façonné ce paysage de moyenne montagne.

Sans plus tarder, je vous recommande d’aller faire un tour au musée montagnard des Houches. L’animatrice du musée, Eloïse, avec l’association « Dans l’temps » se sont penchés sur deux alpages méconnus des Houches.

Sur les hauteurs du hameau de Vaudagne et des Bouchards, au cœur de la forêt sur les sentiers conduisant au Col de la Forclaz ou au Prarion se trouvent encore quelques souvenirs de deux anciens alpages dit intermédiaires ou « mointieu » (c’est-à-dire alpages entre le village et les alpages de haute altitude). Alpages méconnus mais au riche passé :

Le Manchoir et le Mont Borrel .

 Photo de l’alpage du  Manchoir en 1920

Le Manchoir dont le nom peut paraitre curieux, mais pas tant que cela, puisque dans les archives nous retrouvons parfois ce terme pour désigner une grange ou une maison située en hauteur. Au Manchoir il subsiste un chalet  qui est une simple rénovation d’une grange d’origine, deux « chalets » reconstruits à partir de ruines et deux anciennes granges dont il reste très peu d’éléments. L’ensemble était encore présent en 1920 . Mais abandonné peu à peu l’alpage finissait de disparaître jusqu’à la décision de certains propriétaires de faire revivre ce lieu isolé. Il a retrouvé vie !

A Mont Borrel à ce jour il reste une grange encore debout utilisée régulièrement par la famille propriétaire et cinq autres qui sont à l’état de ruines. Et pourtant son histoire remonte au XIVe siècle. Mont Borrel est le témoignage de cette vie traditionnelle liée à l’exploitation du bétail bovin. Les archives particulièrement intéressantes ainsi que certains courriers conservés par les familles propriétaires des lieux racontent le passé de cet alpage oublié. Témoignages toujours très émouvants à lire.

Lors de cette visite vous partez à la rencontre du passé de ces deux anciens alpages mais c’est, par ailleurs, l’occasion de replonger dans la vie rurale locale avec les diverses phases de cette vie traditionnelle : celle du village, celle des  alpages familiaux (que l’on appelait « les petites montagnes »  et celle des  alpages collectifs  (appelés les grandes montagnes). Cette visite c’est, entre autre,  partir à la recherche du sens des mots que nous utilisons régulièrement mais qui souvent par un glissement sémantique  ont changé de sens tels ceux liés au terme « montagne ».

Cette plongée dans ces temps anciens c’est re- découvrir les usages et les pratiques de ces hommes et femmes liés à leur bétail et à leur survie dans ce monde rude qu’était la vie paysanne de montagne.

Bonne visite !

Sources : Musée Montagnard des Houches – Association « Dans l’temps »

1900 : construction du viaduc sainte Marie des Houches

En 1895, le pont de la Griaz sur le chemin de la rive gauche de l’Arve est emporté par une crue dévastatrice. Le chemin de fer, alors en projet sur cette même rive aurait certainement été emporté. Les dirigeants du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) ne veulent pas prendre le risque de voir la ligne détruite. Contrairement à l’idée reçue, le changement du tracé prévu à l’origine rive gauche de l’Arve est bien dû aux caprices de la nature et non aux habitants.

L’ouvrage conçu en pierres de granit se compose de sept arches de quinze mètres de long, le tout surplombant l’Arve de 52 mètres. Le viaduc en forme de S s’appuie sur des piles de 4.30 mètres de côté et de 6.40 mètres pour la grande arche. Il franchit la route départementale, ce qui augmente sa longueur de 130 mètres.

A l’origine, le viaduc Sainte Marie devait compter uniquement un tablier métallique central de 50 mètres de long. Mais l’armée, toujours impliquée dans toute construction importante, même ferroviaire, craint qu’en cas d’invasion celui-ci puisse être sabordé aisément. Le ministre de la guerre impose l’usage exclusif de la pierre.  Le ministre des travaux publics choisit lui-même la forme des moellons !

Source : Archives départementales – Association des Amis du Vieux Chhamonix

Sur la commune des Houches une statue monumentale : le Christ Roi

A 1265m d’altitude,  on la distingue à peine dans le paysage, perdue qu’elle est dans l’immensité de la montagne. Il faut être à son pied pour  prendre la mesure de cette statue monumentale. Elle mesure 25mètres de haut, pèse 500 tonnes. Imposante, campée sur un éperon rocheux de 50m, elle domine de  200m le  fond de la vallée  face au Mont-Blanc.  A l’époque on devait la voire de très loin, la forêt n’était pas aussi dense qu’actuellement.

 Mais quel est donc l’histoire de cette statue inaugurée en 1933 ? Pourquoi à cet endroit  dans la vallée de Chamonix  une statue du Christ Roi .

Carte postale années 1940…

C’est un abbé,  l’abbé Claude Marie Delassiat, curé des Houches en 1926, qui rêve de rendre hommage au pape Pie XI mieux connu, dans la vallée,  sous le nom d’Achille Ratti. Il avait gravi le Mont Blanc côté italien en 1890, il  avait logé aux Houches. Devenu pape, il  avait proclamé, dans une encyclique, la royauté universelle du Christ c’est-à-dire la primauté du Christ Roi sur l’homme alors que monte en Europe la vague des dictatures. Cette statue veut symboliser l’amour et la paix entre les hommes. Projet soutenu non seulement par l’évêque, le Vatican et les instances politiques mais aussi par les habitants de la vallée. L’abbé  lance une souscription. En 3 ans il récolte la somme nécessaire pour la réalisation de son projet.

On fait appel à un sculpteur parisien, George Serraz , spécialiste de l’art religieux. L’architecte Viggo Féveile, installé à Chamonix,  supervise l’ensemble des travaux. Ce sera donc une statue monumentale en béton, matériau devenu à la mode depuis l’après guerre. On imagine les difficultés rencontrées pour la réalisation des travaux dans ce lieu qui n’était desservi par aucune route carrossable. La base de la statue  sera composée de blocs de béton coupés en tranches, puis assemblées sur place. Le buste, les bras, la tête sont réalisés tout d’abord  en terre. De ces réalisations on en ferra des moules en plâtre. Le béton sera alors coulé dans ces moules. Quelques détails seront travaillés directement sur le béton frais.

Le socle de ce monument abrite  une chapelle avec deux autels où deux prêtres pouvaient officier en même temps. Elle et est décorée de diverses statues dont un buste du pape Pie XI et d’une statue de « Marie reine du monde ».  Un escalier tournant  de 84 marches à l’intérieur  permet d’accéder à une plateforme dissimulée derrière la couronne. On dit même qu’un passage existe le long du bras qui bénit !

Cette statue est non seulement typique de l’art religieux de l‘époque dans un contexte international de gigantisme mais elle est par ailleurs une émanation explicite de l’art décoratif. Cette expression artistique de l’entre deux guerre se révèle ici dans cette statue monumentale. L’ « art déco » est l’art du modernisme. Tout d’abord on utilise les nouveaux matériaux, ici ce sera le béton. Puis « l’art déco » est l’art  de la géométrie, de la symétrie, en rupture avec « l’art nouveau » qui est l’art des circonvolutions. La statue du Christ Roi est représentative de cette vision moderne.

Grâce aux drones on peut aujourd’hui mieux apprécier cette statue  emblématique quelque fois moquée pour sa silhouette massive.

Son intérêt historique mérite qu’on l’apprécie.

Autres statues monumentales de Christ Roi :

Brésil à Rio : statue de 25m de haut sur un piédestal de 85m – 1931

Portugal à Almada Lisbonne : 28m de haut sur un portique de 82m – 1949-59

Suisse dans le Valais à Lens: statue de 15m su socle de 15m – 1935

Pologne à Świebodzin : statue de 33 m de haut – 2010

Sources  : Gilbert Gardes Histoire monumentale des deux Savoies – Revue de l’illustration 1934- Yves Borrel document écrit  pour la commune des Houches – Paul Guichonnet : Encyclopédie savoyarde 

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