Écrit par Christine BOYMOND LASSERRE le . Publié dans L'histoire de Chamonix,Tous les articles du blog. Laissez un commentaire
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Une femme à qui nous devons beaucoup. Qui ? Madeleine Namur Vallot qui, à Chamonix, s’est battue pour UN droit : celui de porter une tenue masculine : le pantalon !
Et oui, Madeleine Vallot fut la première à oser porter la « culotte ». Que dire des remarques, des sarcasmes lancés sur cette jeune femme qui osait ainsi défier le monde masculin et les esprits bien pensant? Mais elle n’en avait cure ! Emmenée par son père au sommet du Mont Blanc, elle réalisa à quel point une jupe traînant dans la neige était vraiment un réel handicap. Embarrassée par cette masse de tissus, elle osa la remonter au dessus de ses mollets afin de mieux franchir névés et crevasses. Et de retour , très vite, elle imagina une tenue adaptée à l’alpinisme. Elle gravit sept fois le Mont Blanc dont 6 en pantalon et deux fois elle resta plus de 10 jours à l’observatoire créé par son père Henri Vallot.
Son expérience lui permit d’imaginer une tenue vestimentaire adaptée à l’alpinisme et au ski. « Nous devons emprunter à nos camarades masculins, la culotte si pratique » disait-elle Et lorsque, vers 1905, elle entend parler de ces planches que l’on adaptait au pied, immédiatement elle adaptera sa tenue afin de pouvoir se déplacer correctement sur la neige. Mais quel scandale ! Pour mieux affronter le regard des autres, elle s’alliera avec sa meilleure amie, Marie Marvingt, autre personnalité « moderne » de son temps, pour se montrer en toute impunité ! Quelques femmes dans ces années avant la première guerre oseront les copier mais que de remarques désobligeantes peut on lire dans la presse de l’époque !
Soutenue par son père et son mari et grâce à ses qualités sportives Madeleine imposera son genre et son style.
Mais il faudra attendre l’après guerre pour que les tenues imaginées par Madeleine Namur –Vallot soient peu à peu adoptées par toutes les femmes modernes qui osaient s’aventurer dans ces activités montagnardes qu’étaient l’alpinisme et le ski !
Merci Madeleine Namur Vallot !
Sources : Archives association des Amis du Vieux Chamonix . Revue Femina.
Écrit par Christine BOYMOND LASSERRE le . Publié dans Le patrimoine de Chamonix,Tous les articles du blog. Laissez un commentaire
Depuis 50 ans déjà cette association travaille à entretenir et valoriser la mémoire de la Vallée de Chamonix. Mais connaissons-nous vraiment cette association?
A l’automne 1968 Mesdames Mireille Simond et Pighetti de Rivasso constatent que nombre de chamoniards « jettent en Arve » leurs anciens documents encombrant leurs greniers…Elles se mobilisent aussitôt afin que ces vieux papiers soient conservés et mis à l’abri. Dans la foulée, elles créent une association qu’elles nomment « les Amis du vieux Chamonix ».
Les statuts sont enregistrés en mars 1969, avec pour objet « de faire connaître et apprécier le passé de la Haute Vallée de l’Arve, son histoire, ses traditions, son folklore, de découvrir et de conserver les vestiges et les témoins matériels de ce passé ».
Ainsi sont précieusement sauvegardés écrits, objets, documents, photographies, œuvres d’art, etc… Est aussi fondée une bibliothèque-conservatoire de tous les ouvrages ayant trait à l’histoire de la vallée de Chamonix, de la Savoie, du royaume Piémont-Sardaigne, des Alpes, et de la littérature alpine en général.
Chamonix est au cœur d’une histoire particulièrement riche. Chacun prend alors conscience de l’importance du but de cette association et en une année elle compte plus de 180 membres, preuve que cette excellente initiative convainc nombre de chamoniards ! Nombreux sont alors les donateurs qui ouvrent leurs réserves et apportent vieux documents, livres, objets, etc… En une année l’association compte déjà 240 ouvrages !
Dès juillet 1969, la commune confie à l’association la mission de remettre sur pied un musée digne de Chamonix qui, avait disparu depuis 1937.
L’association va gérer le musée alpin jusqu’en août 2001.
Elle ouvre également un autre musée dans le Vieil hôtel de 1840 au Montenvers, restaure, avec l’aide de la Compagnie des guides, le Temple de la Nature , sauve le tunnel-aqueduc gallo-romain du Châtelard près de Servoz, menacé de disparaître dans les travaux de la Route blanche.
Récemment, elle a dressé une liste de plus de 135 bâtiments dignes d’intérêt patrimonial sur le territoire de la commune qu’elle a transmis à la mairie dans le cadre de la révision du PLU.
D’année en année, l’association voit ses archives et sa bibliothèque se développer et nombre d’historiens, ou simplement des amoureux de la vallée figurent parmi les visiteurs qui découvrent, avec étonnement, des documents et livres uniques et instructifs !
D’ailleurs, une centaine de livres rares ont été identifiés par la Bibliothèque Nationale de France qui les a numérisé et que l’on peut découvrir sur le site de la BNF. L’association a été reconnue d’utilité Publique. (A consulter ci dessous en cliquant sur le titre).
D’autre part elle a intégré l’Union des Sociétés Savantes de Savoie. Ces deux appartenances témoignent du haut niveau de connaissances attribué à cette association et de la valeur réputée de son patrimoine.
Elle acquiert en 1982 (et grâce à un prêt à taux zéro d’un membre bienfaiteur) 45 toiles de Gabriel Loppé (dont les très grandes exposées au Majestic), permettant à cette collection de rester dans la vallée. Un trésor inestimable qui fait d’elle la détentrice de la plus importante des œuvres de cet artiste amoureux de Chamonix.
Par ailleurs, grâce à ses archives et à un travail méticuleux et assidu, elle peut désormais mettre à disposition des habitants de la vallée le plus important et le mieux documenté fond de généalogie.
Depuis quatre ans, les membres du comité travaillent régulièrement pour classer d’une manière informatisée les documents papiers et les photos qu’elle possède en espérant un jour pouvoir numériser l’ensemble de cette rare collection. Car elle est riche de près de 20 000 ouvrages (livres, publications diverses, revues, journaux, etc…) et de quelques milliers de photographies en tous genre, de films, de cartes postales.
Elle propose gratuitement des conférences intitulées « A la rencontre de l’histoire » afin que tout chamoniard ou visiteur puisse se familiariser avec l’histoire de notre région.
Elle a rédigé et publié de nombreux ouvrages tels « les Anglais à Chamonix », « le glacier des Bossons et la Mer de Glace », «Edgar Bouillette », « 1860 la Vallée de Chamonix et l’Annexion » et tant d’autres…
Forte aujourd’hui de près de 500 membres, l’association continue avec constance à enrichir et préserver ses collections pour les générations futures. Elle incite toujours les habitants à partager leurs documents familiaux afin que dans cinquante, cent ou deux cent ans les jeunes chamoniards puissent encore accéder à leur histoire
Pour en savoir plus , cliquer ci dessous
http://www.amis-vieux-chamonix.org
L’exposition pour les 50 ans de l’association vous permettra d’en découvrir toutes les richesses et peut être vous joindrez vous aux adhérents afin que la mémoire de cette vallée soit préservée et accessible aux générations futures.
Écrit par Christine BOYMOND LASSERRE le . Publié dans Le patrimoine de Chamonix,Tous les articles du blog. Laissez un commentaire
Chamonix prend petit à petit conscience de la valeur de son patrimoine bâti et entreprend la réhabilitation d’immeubles anciens.
Lorsque l’hôtel Bellevue est construit, probablement dans les années 1900, et non 1890 comme on l’a bien souvent pensé, c’est une Marie Aline Couttet qui en est à l’origine. Marie Aline est la sœur des deux frères Auguste et Adolphe Couttet, les fameux photographes chamoniards. Elle a hérité de son père de ce beau terrain en bordure de la route nationale et descendant vers l’Arve Avec son époux Henri Médard Weissen, originaire du Valais et concierge pour un bel hôtel chamoniard, elle décide de construire un hôtel. A Chamonix , en ce début de siècle, les visiteurs sont de plus en plus nombreux. Henri connaît toutes les ficelles de l’hôtellerie. Confiants, tous deux se lancent dans ce nouveau projet .
Un des frères d’Aline, Auguste ou Adolphe immortalisera cette construction, en faisant de ce cliché une photo rare, montrant les détails du chantier. Aucun autre bâtiment en construction ne sera photographié ainsi dans Chamonix.
Cet hôtel possède une vue magnifique justifiant son nom : Bellevue. Il est des plus moderne, possède dès sa construction un ascenseur et le chauffage central dans toutes les chambres. Très vite, il est réputé pour sa bonne table et l’hiver sa proximité avec la patinoire et les pistes des pistes de luge puis de ski du Savoy le rend particulièrement attractif ; il connaît un vif succès. L’hôtel sera durant quelques années la propriété d’un valaisan Auguste Morand, hôtelier réputé de Martigny . Aurait il aidé Henri au financement du Bellevue ? Pas impossible ! Après 1917 Les Weissen Coutet reprennent le flambeau.
Et après l’achat de la vielle poste dans les années 1930, afin d’en faire une annexe indispensable pour héberger son personnel et celui des clients, la famille transformera peu à peu l’hôtel et aménagera un des plus beaux jardins de la ville. Particulièrement apprécié, c’est peu dire !
Ils auront trois enfants, mais tous les chamoniards se souviennent du dernier, Théau, qui gérera l’hôtel jusqu’en 1972. Passionné de beaux arts, il aime courir les salles de ventes pour ouvrir plus tard un magasin d’antiquités.
La vente des jardins et la construction de l’Hôtel Alpina devant ses fenêtres signeront la fin de l’hôtel devenu désuet. Tous les chamoniards regretteront longtemps le magnifique jardin en bord d’Arve.
Le Bellevue perd ainsi définitivement… sa belle vue.
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Elle appartient à l’Eglise Réformée de France mais certains chamoniards continuent à l’appeler la chapelle anglaise !
Nul n’ignore l’importance de la communauté britannique à Chamonix. Elle remonte au XVIIIe lorsque les premiers visiteurs dans la vallée de Chamonix se révèlent être des anglais.
Par la suite et au cours du siècle suivant, ils marqueront à jamais l’histoire de la vallée. Touristes, scientifiques, alpinistes anglais créeront des liens toujours forts avec les chamoniards.
En ce milieu du XIXe, il manquait aux britanniques, de rite anglican, un lieu pour exercer leur culte. Ce sont les hôteliers chamoniards qui ouvraient chaque dimanche leurs salles à manger afin d’assurer le service anglican pour leurs clients. Bien vite, ces salles sont devenues trop petites. C’est alors que « la Société de l’église coloniale et continentale de Londres » demande à la préfecture l’autorisation de construire une chapelle. L’accord est donné, mais on les prie de construire au-delà du centre du village. La société acquiert ainsi de la famille de Mr Desailloud, propriétaire du café de la Fidélité à Chamonix, un terrain pour y bâtir un temple.
La chapelle est construite dès 1859, et inaugurée en 1860. Loin du centre, elle trône, magnifique, au milieu des prés. D’un côté l’on voyait la chute du glacier des Bossons de l’autre celle de la Mer de glace. Pendant ces années de Belle Epoque, des chapelains assuraient les services religieux. Ils consignaient sur un registre tenu à cet effet le nombre des fidèles, les difficultés climatiques, les dépenses effectuées, les personnages importants de passage, le nombre de services. Ceux-ci ne venaient cependant que durant l’été. L’hiver aucun service n’était assuré.
A l’origine le chœur devait, comme toute église anglicane, être orné de vitraux. Seul un a été réalisé, le coût trop élevé et l’arrivée de la guerre ont définitivement arrêté le projet.
Mais lorsqu’il fallait enterrer les quelques anglais décédant dans la vallée, ceux-ci devaient être inhumés dans le cimetière catholique. Et le curé de l’époque manifestait sa désapprobation en ne leur laissant des places qu’hors de l’enclos autorisé.
Ce sont les hôteliers chamoniards ainsi que Venance Payot, maire de Chamonix à l’époque, qui insisteront auprès de la préfecture pour que la petite chapelle anglicane puisse abriter son propre cimetière. En 1871, la communauté anglaise obtient l’autorisation d’y inhumer ses morts. Avec le temps, une vingtaine de britanniques seront enterrés à proximité immédiate de la chapelle.
La première guerre mondiale apporte un changement notoire. Les anglais ne sont plus aussi nombreux à venir à Chamonix. Et peu à peu la chapelle sera utilisée par l’Eglise Réformée de France, bien que les murs soient encore la propriété de « la Société de l’Eglise Coloniale et Continentale de Londres ». Le cimetière accueille alors les inhumations des familles protestantes de Chamonix.
Lors de la loi imposant de mettre les cimetières à l’extérieur des centres villes, la municipalité recevra une lettre de la société demandant expressément que l’on conserve ce petit cimetière à son emplacement afin de conserver la mémoire de ces britanniques qui avaient participé à l’enrichissement de Chamonix ! La commune obtempéra, d’autant que le cimetière était privé.
L’histoire cependant continuera avec les Misses anglaises. Bien qu’anglicanes, elles entretiendront durant la période de l’entre deux guerres l’entretien du temple soutenant le pasteur Chaptal qui assuraient les services religieux à la grande satisfaction des protestants de la commune. Et lors de la sombre période de l’occupation de la seconde guerre mondiale, les fameuses Misses participeront d’une manière très active à l’engagement de la résistance. Elles étaient très aimées des chamoniards.
La chapelle anglaise, devenue temple protestant, est cédée en 1970 puis vendue pour un franc symbolique le 29 juillet 1981 à l’Eglise Réformée de France. Cependant, les anglais, de nouveau nombreux à Chamonix, reconnaissent le temple comme leur chapelle en raison de son histoire plus que centenaire et de l’esprit commun protestant les liants à l’église réformée et bien souvent on peut assister à un mariage anglican assuré par le pasteur de la paroisse du Mont Blanc.
Sources : archives départementales – Eglise réformée de France –
Écrit par Christine BOYMOND LASSERRE le . Publié dans Le patrimoine de Chamonix,Tous les articles du blog. Laissez un commentaire
Me connaissez-vous?
Vous êtes-vous arrêtés près de moi?
M’avez-vous bien regardée?
Je suis pourtant là, tout près de la Maison de la Montagne.
Je vois défiler du monde, beaucoup de monde…
Mais combien s’arrêtent devant moi?
Savez-vous qui je suis et pourquoi je suis là?
J’ai été réalisée par Gilles Vitaloni, sculpteur diplômé des Beaux Arts de Carrare, sorti de l’école d’art Pietra Santa. Ce n’est pas rien! Il adore travailler le marbre, cette matière si exigeante, si délicate à sculpter.
En 1992, il participe à un tour de France de la sculpture dans le cadre des J.O. d’Albertville et réalise des œuvres d’art en public, Chamonix sera une de ses étapes.
Peut être certains se souviennent-ils de Gilles travaillant devant le foyer de ski de fond de l’époque!
Parce qu’il est à Chamonix, c’est sur un bloc de granit, que Gilles travaille à son œuvre. Certes, la pierre ne provient pas de la vallée mais du Tarn où sont encore exploitées dans les années 1990 des carrières de ce matériau si dur à façonner.
Gilles travaille en public, il aime échanger avec les promeneurs. Il veut que chacun participe à son œuvre. Il s’inspire des remarques faites par les flâneurs.
Il me donne mon nom: Escalade. Oui, car ici dans cette vallée l’alpinisme se confronte à ce granit, si robuste, si compact et si puissant.
Regardez-moi. Admirez les 4 faces de mon bloc !
Je suis à l’image de l’esprit rude du montagnard.
Je suis là, ancrée dans ce paysage, près de cette maison qui voit défiler tant de guides connus ou pas, et dont l’activité, l’escalade, est le cœur de leur vie.
A mon pied le nom de Chamonix est gravé car je devais partir représenter la station ailleurs!
Le choix de mon sculpteur était «ESCALADE»
Finalement je suis restée ici. Gilles a eu la modestie de ne pas graver son nom.
Dommage ! , ne mériterait-il pas d’avoir son nom gravé à mon pied?
Écrit par Christine BOYMOND LASSERRE le . Publié dans Le patrimoine de Chamonix,Tous les articles du blog. Laissez un commentaire
L’hôtel le Savoy était occupé depuis 1963 par le CIT puis en 1970 par le Club Méditerranée. Cette année il va vers un nouveau destin. Mais connaissez vous son histoire ?
Elle s’appelle Sarah, est la quatrième de la fratrie de 5 enfants de la famille François Couttet dit « Baguette ». Elle a 16 ans à la mort de son père, 18 à la mort de sa mère. Élevée dans la pure tradition hôtelière depuis sa petite enfance, elle seconde sa sœur aînée Aline pour gérer l’hôtel familial du Grand Hôtel Couttet, jusqu’à la majorité de ses frères Jules et Joseph.
En 1899 à l’âge de 26 ans elle se marie avec Adolphe Tairraz le frère du grand photographe Georges Tairraz. Dans la succession elle hérite d’un beau terrain au pied du Brévent. Et c’est là qu’en 1901 elle lance avec l’aide d’un emprunt auprès d’une banque suisse la construction d’un hôtel de luxe. Elle l’appelle le Savoy Hôtel, nom choisi en raison du célèbre « Savoy Hôtel » de Londres connu par toute la clientèle internationale. C’est le cabinet d’architecture genevois De Morsier et Weibel qui construit cet élégant hôtel à l’image des palaces européens. Celui-ci connait immédiatement un vif succès. C’est le premier hôtel à posséder l’eau courante dans toutes les chambres dont les suites possèdent des salles de bain. Un ascenseur est installé
en 1903 et un orchestre joue tous les soirs dans la grande et magnifique salle à manger de l’hôtel.
Adolphe meurt en 1906 la laissant seule avec 2 enfants Armand et Germaine. Elle a 33 ans. Seule, elle gère avec brio l’hôtel. En pleine Belle Epoque le Savoy Hôtel connait un réel succès. On y voit la reine d’Italie, son altesse impériale et royale Otto de Habsbourg, la belle actrice Rose Caron ou le milliardaire américain Pierpont Morgan et même le légendaire Buffalo Bill en 1907 ! Elle s’engage alors dans le projet d’un agrandissement. Sous la conduite d’un autre cabinet d’architecture genevois c’est Joseph Guglielmetti entrepreneur ambitieux qui le réalise. Ce sera la magnifique aile couronnée d’un toit pyramidal et sur lequel elle fait sculpter une croix de Savoie de chaque côté du balcon supérieur. Dans la même année elle inaugure cette aile particulière et épouse l’entrepreneur le 7 juillet 1911 avec qui elle aura 4 enfants.
L’hôtel prend le nom de Savoy Palace.
Il connait alors ses heures de gloire jusqu’à l’entrée en guerre de la première guerre mondiale. Les années d’après guerre appelées les « années folles » voient arriver au palace une clientèle excentrique, riche.Les journaux locaux se font l’écho de ces fêtes somptueuses se déroulant au Savoy palace : « orchestres, danse, bals masqués, fêtes mondaines et galas, compétitions de tennis » sont les publicités de l’époque. Avec l’arrivée de la seconde guerre mondiale son fils Armand Tairraz prend la relève et gère le palace un temps avec son demi frère Charles Guglielmetti.
En 1945-1946 l’architecte Henri Jacques le Même aménage la terrasse supérieure. L’hôtel reprend en 1947 son nom d’origine « Savoy Hotel » perdant sa qualité de palace, Armand ayant beaucoup de peine à maintenir à flot cet ancien hôtel de luxe. Les travaux de modernisation sont trop coûteux et de plus il ne s’entend guère avec son demi frère et les frais liés à l’indivision sont particulièrement élevés pour Armand.
Le glorieux établissement sera finalement acheté en 1960 par le baron Elie de Rotschild, très vite il se rend compte qu’il perd chaque année 50 millions de francs. Confié à un fond de pension l’hôtel est loué au CET ( (club européen du Tourisme) en 1963 . Ce CET Absorbé par le Club Méditerranée le Savoy deviendra en 1970 un de ses fleurons.
Depuis de nombreux travaux ont été réalisés. Mais quasiment tout du décor original disparaît dans des travaux de modernisation. Fort dommage car on aurait pu, à l’image du Majestic, garder et rénover au moins l’ensemble des salons et salle à manger ! Même l’escalier principal a disparu !
Le Savoy Hôtel n’est plus occupé par le Club Méditerranée. Propriété d’un fond de pensions il est à ce jour loué à un nouveau groupe hôtelier appelé Folie Douce.
L’ensemble du rez de chaussée a été entièrement détruit pour ne faire qu’un seul et unique espace . Plus rien n’existe du palace d’antan , ici les murs sont bruts de décoffrage! Le décor est surprenant ! parfois intrigant. En tout cas très décalé. Certains peuvent aimer !
La façade principale est , de nuit, éclairée par une lumière passant du bleu au rose…à l’image des maisons closes des années 1900 !
L’entrée ouvre sur un bar monumental, de là un escalier conduit dans une fosse où musique , danseurs , clients se mêlent dans une rumeur houleuse et bruyante. Trois restaurants aux thème différents se trouvent sur le même niveau. 250 chambres aux tarifs variés du très cher au bon marché, 220 personnes y travaillent….
Le temps passe, que restera t’il de cet ancien palace fleuron de l’architecture chamoniarde .
Écrit par Christine BOYMOND LASSERRE le . Publié dans Le patrimoine de Chamonix,Tous les articles du blog. Laissez un commentaire
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Aux Rebats se trouve une des maisons typiquement chamoniarde de la fin du XIXe. Édifiée à une période où l’on redoute les incendies destructeurs, son propriétaire l’a édifiée selon un style purement local. Construite en pierres et ciment recouverts de crépi, elle est toute simple.
A sa construction, en 1898, elle fut construite pour devenir la « Pension Sylvain », ce qui justifie évidemment quelques chambres ouvertes sur un balcon pour profiter de la vue sur le Mont Blanc. Mais qui est donc ce Sylvain ?
Ce Sylvain fait partie de ces personnages emblématiques oubliés de l’histoire locale. Sylvain Couttet, guide, a laissé dans la mémoire alpine quelques souvenirs remarquables. Particulièrement dynamique, il tient avec sa femme le pavillon de Pierre Pointue situé sur le chemin vers le Mont Blanc. C’est là qu’il va se faire remarquer, car volontiers disponible, il accompagne bien souvent de nombreux touristes vers la cabane des Grands Mulets et vers le sommet du Mont Blanc.
En 1866, en raison du nombre croissant de visiteurs, la compagnie des guides décide d’édifier un nouveau refuge aux Grands Mulets. Sa construction est confiée à Sylvain Couttet, à charge pour lui de transporter les matériaux, ce qui sera fait avec l’aide des guides chamoniards.
Cette même année il interrompt ses travaux pour participer aux secours lancés par le guide François Couttet et Gabriel Loppé partis à la recherche d’un des frères Young décédé au cours de la descente du Mont Blanc.
Toujours en 1866, plus tard dans la saison, parti avec le capitaine Arkwright, il échappe à l’avalanche meurtrière qui ensevelit le capitaine et deux de ses guides. Désespéré, il assure durant plus de 15 jours les recherches afin de retrouver ses compagnons d’infortune mais jamais il ne retrouva le corps du jeune anglais !
Plus tard encore, en 1870, lors de cet été mémorable où le temps n’a jamais été clément, on retrouve notre gardien toujours prompt à partir au secours des accidentés, malheureusement cet été là sera un été funeste puisque onze individus décédèrent en raison du très mauvais temps.Il montre toujours une grande compassion envers les familles.
Sylvain va tenir ce refuge de 1866 à 1881. A la lecture des journaux de l’époque, les alpinistes parlent de lui comme… « le meilleur guide de Chamonix, qui passe sa vie sur les glaciers et qui a conduit de nombreux voyageurs au sommet de la cime ; il est de bon conseil, bon à l’action, a l’expérience de la montagne, a du sang froid, est courageux et est une force de la nature… »…
Le 31 janvier 1876, à 42 ans, il participe à la première ascension du Mont Blanc en hiver avec le couple Charlet-Stratton . Et c’est à lui que l’on doit le récit de cette ascension publiée dans les journaux de l’époque.
En 1881, il abandonne la gestion du refuge des Grands Mulets. Il tien l’hôtel Beau Site et en 1898 la maison du personnel devient une pension appelée Pension Sylvain. Il n’en profite que très peu puisqu’il décède en 1900.
Sa femme Marie Denise Charlet, avec qui il avait escaladé le Mont Rose en guise de voyage de noces, tient l’auberge jusqu’en 1907, année de son décès.
Bibliographie : Le Mont Blanc de Charles Durier, Les fastes du Mont Blanc de Stephen d’Arve, le « XIXe » journal quotidien l’Abeille, « le petit journal »
Écrit par Christine BOYMOND LASSERRE le . Publié dans Le patrimoine de Chamonix,Tous les articles du blog. Laissez un commentaire
En juin 1888, la préfecture de Haute Savoie autorise Auguste Alfred Couttet, voiturier et guide , à « …construire une maison sur le côté droit de la Route Nationale ». Décédé dix ans après, c’est sa fille Augusta Ernestine qui, héritant d’un quart de la maison construite par son père , rachète le reste à son frère. Avec son mari Jean César Couvert ils créent en 1902 l’hôtel « Fin Bec et des Fonctionnaires ». Il abrite 20 chambres. Ce petit hôtel propose une cuisine dite « bourgeoise »
Et oui ! On ne s’appelle pas hôtel « Fin Bec » pour rien ! Et la qualité d’un restaurant fait la renommée du lieu ! La publicité précise qu’il y a de l’électricité, une chambre noire, le chauffage central et des bains. Certes, nous ignorons si les bains étaient dans toutes les chambres, probablement pas. L’habitude à l’époque était d’avoir une salle de bains à l’étage. Mais la précision de l’électricité, qui n’était pas toujours généralisée dans Chamonix, et l’installation du chauffage central nous montrent le désir de la part du propriétaire de proposer un hôtel confortable et chaleureux ! Il est intéressant aussi de noter la remarque sur une « chambre noire ». En fait, déjà à cette époque, les appareils de photographie s’étaient miniaturisés et les clients aisés possédaient leurs propres appareils. Avec une chambre noire, ils pouvaient procéder à la technique du développement de leurs photos. Un argument de poids pour le client passionné. Et afin de rassurer la clientèle potentielle, on précise bien que le propriétaire, Jean César Couvert, est ancien chef de brigade de gendarmerie. Pour rassurer la clientèle ? Pour inviter les fonctionnaires à se rendre dans cet hôtel là plutôt qu’un autre ? Probablement les deux !
En 1908, l’hôtel prend le nom d’Hôtel-restaurant du Fin Bec, officiellement tenu par Couvert-Couttet. Il perd son appellation des fonctionnaires.
Manifestement, l’hôtel fonctionne car bien répertorié par le Touring Club, référence importante de l’époque. A partir de 1927, l’hôtel est mentionné comme Hôtel Fin Bec et Lutetia. Pourquoi ce nom ? Est-ce en rapport avec le Lutetia du boulevard Raspail à Paris. Peut être !
Il est vrai que la famille entreprend d’agrandir l’hôtel. En 1929 on le surélève de 3 étages. Il est tenu par l’ensemble de la famille « Couvert-Couttet et fils ». Il y a alors 52 chambres, presque toutes face au Mont Blanc et au 1er étage sont créées deux appartements avec cuisine, nouveauté à l’époque. Le dernier étage , sert de séchoir à linge les jours de mauvais temps mais aussi de réservoir à eau. Ce Lutetia a un petit air d’hôtel parisien avec son toit à la Mansart !
Mais la guerre arrivant, l’hôtel, comme nombre d’hôtels à Chamonix, ferme. En 1939 il est réquisitionné un temps par l’armée française pendant la période 1939-1940. Il est bien difficile de le rentabiliser avec la menace de la guerre, la clientèle est rare. L’hôtel finalement ferme. De plus, en 1942 meurt Jean César Couvert. L’immeuble est alors divisé et vendu en appartements.
Un des héritiers, Martial Couvert (fils d’Ernestine), rachète le rez de chaussée afin de continuer d’exploiter avec sa femme Alice un restaurant brasserie qui, toujours appelé le Fin Bec, puis finalement le Lutetia, connait une belle réputation. Martial avait fait l’école hôtelière Lesdiguères de Grenoble et la réputation du restaurant n’était pas usurpée. Un beau livre d’or rappelle le souvenir du passage de Maurice Baquet, Jean Constantin, Lionel Terray, la patineuse Jacqueline Vaudecrane, l’actrice Ann Todd ou encore l’acteur Jean Tissier ou le réalisateur David Lean.
A ce jour le Lutetia trône ainsi face au Richemond au cœur de la rue Michel Gabriel Paccard et nous rappelle ainsi les temps ou un chamoniard (Alfred Auguste Couttet), voiturier en contact avec une belle clientèle, entreprend de se lancer dans l’hôtellerie et dont les enfants sauront se mettre au goût du jour. Une belle histoire locale !
Écrit par Christine BOYMOND LASSERRE le . Publié dans L'histoire de Chamonix,Tous les articles du blog. Laissez un commentaire
Tous, nous avons été impressionnés, récemment par l’engagement sans faille de l’équipe de 2 grimpeurs polonais ( Adam Bielecki et Denis Vurubko)qui, sans hésitation, se sont précipités en abandonnant leur projet initial au K2 pour se lancer au secours d’ Elisabeth Revol et de leur ami alpiniste Tomek Mackiewiz perdus sur le Nanga Parbat.
Cet engagement de la part d’alpinistes polonais en haute montagne nous fait penser à un engagement similaire se déroulant dans la vallée de Chamonix en 1957.
Stanislas Gronski, polonais originaire de Zakopane, était un alpiniste chevronné.
En août 1957, Il enchaîne quelques sommets dans les Alpes françaises et se lance dans la traversée du Mont Blanc. Il n’en revient pas. Les secours sont engagés pour le retrouver. Immédiatement, se joint aux sauveteurs locaux un des ses chers amis de montagne et d’escalade, Wawrzyniec Laurent
ZULAWSKI. En ce mois d’août, il n’est pas à Chamonix, il est à Paris. Il se précipite et forme une équipe franco-polonaise pour essayer de retrouver son compagnon. Il ne peut supporter l‘idée que celui-ci ait disparu. Hélas, le 18 août, sans avoir retrouvé Gronski, Zulawski est emporté à tout jamais par une avalanche de séracs sous la pente septentrionale du Mont Blanc du Tacul et paye ainsi de sa vie sa tentative de sauvetage.
Les deux hommes reposent depuis dans les entrailles du glacier. Ils n’ont jamais été retrouvés. Leur amitié indéfectible et leur passion alpine les a rassemblés désormais sur les pentes du Mont-Blanc.
Sur le mur du cimetière de Chamonix, deux plaques commémoratives immortalisent la mémoire de ces deux grands alpinistes.
Par ailleurs ces deux hommes étaient des personnages hors du commun. Alpinistes connus de l’histoire alpine, ils avaient tous deux été des résistants notoires. Stanislas Gronski avait beaucoup aidé à s’enfuir par la montagne polonaise ceux qui cherchaient à fuir la dictature nazie, il avait, par ailleurs, participé à la révolte de Varsovie.
De même Zulawski , alpiniste de renom, avait participé en 1937 à la 12ème ascension du Mont Blanc par l’arête de l’Innominata et en 1938 à la traversée orientale du Mont Blanc par l la Sentinelle Rouge. Résistant dès les premières heures, il avait caché chez lui des juifs à plusieurs reprises, ce qui lui a valu après la guerre d’être nommé « Juste ». De plus, il était musicien, compositeur, et aussi auteur de cinq ouvrages sur l’alpinisme. Un très grand « Bonhomme », non grisé par le succès et qui n’a su écouter que son cœur pour partir à la recherche de cet ami si précieux.
Sources : revue polonaises de montagne Taternik. Archives de la ville de Zakopane. Cimetière de Chamonix