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Auteur/autrice : Christine BOYMOND LASSERRE

Guide conférencière. Pratique ma profession depuis maintenant plus de 40 ans. Ai acquis une longue expérience et de larges connaissances en terme d'histoire de patrimoine et d'architecture. Toujours passionnée par ces thèmes et ces sujets !

Aux Bouchards et à Vallorcine des représentations et inscriptions identiques du XVIIIème siècle

Dans la vallée de Chamonix nombreuses sont les inscriptions sur des poutres ou sur des greniers . Elle sont le témoignage du travail des anciens.

Mais savons nous les voir ?


Aux Bouchards sur le fronton d’un grenier la date 1742 – une herminette dans la partie supérieure. En bas une croix de Savoie – une serpe ou une hache – des initiales LB
A Vallorcine sur la poutre maîtresse d’une ancienne ferme une inscription similaire la date 1789,  surmontée de la croix de saint Maurice , au dessous les initiales JMC – une serpe ou hache – une équerre -une herminette

La petite chapelle des Chosalets

Parmi les nombreuses chapelles disséminées dans la vallée de Chamonix, celle des Chosalets, située à l’entrée du village, a ceci de particulier qu’elle est privée. La légende familiale des Ravanel raconte qu’en ces lieux avait été trouvée une statue du 16ème siècle. Quelle était cette statue, d’où venait-elle ? Nul ne le sait plus, mais il est vrai que le passage de la révolution française dans la vallée avait vu la destruction de nombre d’oratoires et chapelles.


Jeanne Ravanel, originaire du hameau et propriétaire de quelques terrains, entreprend alors la construction d’une chapelle. Celle-ci sera bénie et consacrée par le révérend Pinget de l’église d’Argentière le 17 août 1875. Elle prendra le nom de Notre Dame du Bon Secours.
Au 19ème siècle nombre d’enfants mouraient en bas âge, ce qui était toujours un grand drame. Notre Dame du Bon Secours était évoquée essentiellement pour la protection des enfants et des mères. Aussi naturellement Jeanne choisit-elle de consacrer cette petite chapelle à la Vierge Marie priée si souvent par les mamans.
A la disparition de Jeanne, les neveux héritent de cette modeste chapelle. Les générations se succèdent. Toutes, au fur et à mesure du temps qui passe, entretiennent cet édifice, témoignage patrimonial important pour le village.
Des travaux d’entretien sont toujours indispensables, mais pas faciles à réaliser. Aussi la famille crée en 2002 une association loi 1901 qui permet de financer les travaux de restauration et de rénovation nécessaires à l’extérieur. On refait les ancelles et un joli coq trouve sa place au sommet du petit clocher. En 2011 on entreprend la réfection de la peinture des façades extérieures, de la porte d’entrée et des volets.
Elle a maintenant fière allure.


A l’intérieur trône un petit maître autel néo gothique en bois, typique de cette période de la fin du 19 ème siècle. En son milieu, Notre Dame du Bon Secours avec l’enfant Dieu dans ses bras. A sa droite une statue de Saint Joseph, toujours évoqué lui aussi pour protéger les familles. A sa gauche Saint François de Sales, le saint évêque originaire de la région d’Annecy et si aimé par la population savoyarde. Sur les côtés deux statues, le Sacré Cœur et St Antoine de Padoue.
Malgré l’entretien régulier de la famille, l’intérieur se dégrade. Chapelle privée elle ne peut recevoir de l’aide de l’état. Comment cette petite association familiale peut elle arriver à la tenir en bon état ?
L’été, la famille s’efforce de la maintenir ouverte et est toujours joliment fleurie.

Finalement afin de préserver ce petit patrimoine témoin de la vie des Chosalets la famille en fait don à la commune

Deux anciens preventorium à Chamonix : le Miremont et les Soldanelles

A la vue la vue de ce joli bâtiment construit dans la montée de la Mollard, on se dit que ce grand édifice a dû, à une époque, abriter un hôtel, voire une grande villa de vacances familiales.


Mais non ! Le Miremont construit dans les années 1930 héberge en 1933 un préventorium, sous l’impulsion d’un médecin pédiatre, le docteur Robert Aulagnier. Celui-ci, atteint de tuberculose pulmonaire, constata que de nombreux sanatoriums pour adultes existaient au Plateau d’Assy, mais qu’aucun n’était réservé aux enfants.

En 1923 déjà le docteur Tobé, spécialiste de cette terrible maladie, avait créé dans les anciens chalets de la Côte de Violet Leduc, un premier préventorium * (appelé les Soldanelles) .

Mal accueilli par la municipalité de l’époque ( on craignait le développement d’une épidémie), il abandonne Chamonix , s’installe au Plateau d’Assy, afin d’y lancer le grand programme des sanatoriums, financé par la famille Rockefeller qui soutenait à l’époque la lutte anti tuberculeuse en France.

Son projet chamoniard  initial  est  alors repris par le docteur Aulagnier qui tout d’abord ouvre le Miremont en 1933,  puis  acquiert  en 1937 les  maisons de la Côte qui deviendront le préventorium des Soldanelles, établissement   dédié aux  soins de que l’on appelait la « primo-infection »  tuberculeuse*.

Dans les deux bâtiments  le docteur Aulagnier pouvait recevoir 200 enfants.

Dans les deux bâtiments le docteur Aulagnier pouvait recevoir 200 enfants.
On comptait 55 lits au Miremont et 144 aux Soldanelles. Jusqu’en 1970, les deux établissements ont fonctionné à plein régime. Mme Aulagnier prendra la suite après le décès de son mari jusqu’à la fermeture des établissements en 1977. La médecine avait fait de réels progrès : le BCG avait été découvert, mettant à l’abri nombre d’enfants, et les traitements antituberculeux avaient permis les traitements à domicile.
Certains se souviennent encore de ces enfants se promenant l’après midi dans le champ du Savoy ou l’hiver faisant de la luge sur les pentes toutes proches.

Ces maisons médicalisées, dirigées par un médecin, assisté d’infirmières et  de monitrices d’enfants,   ont permis à des milliers  de bambins venus de toute la  France de se soigner au soleil et au bon air chamoniard.

A noter qu’à Chamonix deux autres établissements ont eux aussi accueilli beaucoup d’enfants en soins de primo infection : le « Prieuré » créé par le docteur Chabanolles en et le « Grand Couttet ».

Le prieuré en haut et le Grand Couttet en bas

A

Une belle aventure familiale : l’hôtel Excelsior aux Tines

En 1900, le tourisme explose dans la vallée de Chamonix.
Le hameau des Tines se situe au pied de la Mer de Glace. Les touristes de plus en plus nombreux viennent admirer ce glacier exceptionnel. Beaucoup parmi eux, descendant par le Chapeau, s’arrêtent aux Tines avant de rejoindre Chamonix. L’arrivée du train en gare des Tines offre une belle opportunité d’ouvrir un second hôtel dans le hameau après celui de la Mer de glace tenu par la famille Simond.


Paul Charlet se lance en 1905 dans la construction d’une auberge pour héberger les italiens travaillant sur la voie ferrée. Rapidement, l’hôtel qu’il appelle Excelsior s’agrandit se transforme pour devenir un hôtel de prestige. Il sera suivi de près par l’Hôtel de la Forêt des Tines.
L’Excelsior sera racheté en 1913 par la famille Cheilan et restera la propriété de cette même famille jusqu’à nos jours.


Construit selon la tradition chamoniarde, ce bel édifice rappelle la longue tradition hôtelière de la vallée. Un premier bloc est édifié, puis le succès venant une aile lui sera rapidement adjointe, lui donnant son aspect actuel.

Nombreux sont les hôtels chamoniards construits selon cette architecture en deux corps . Celui-ci obéit à la tradition locale des encadrements de portes et fenêtres en granit, même matériau utilisé pour les balcons et les chainons d’angle. Les italiens, nombreux dans la vallée, avaient apporté de leurs régions d’origine ce savoir-faire magnifique qu’ils ont mis en œuvre dans toute la vallée.
Quatre générations de Cheilan ont géré avec soin cet hôtel situé face au mont Blanc. On travaillait en famille, les heures ne comptaient pas.
Chaque génération apportera une touche supplémentaire dans le confort et les divers équipements afin que l’hôtel s’adapte à la modernité de son temps. Chacun fera sienne cette devise familiale « Chez nous, vous êtes chez vous ».

Annexe de l’hôtel servant essentiellement pour les familles venant en vacances aux Tines

Beaucoup se souviendront de l’accueil chaleureux de Mme Cheilan qui, pendant plus de 45 ans, mettra tout son cœur à la bonne direction de l’hôtel familial. Son mari, ardent chamoniard, se chargera de l’entretien de la chapelle nichée au fond des Tines. Afin d’assurer le service d’une messe régulière, il fournissait le gite aux prêtres venus en vacances dans la vallée en échange d’une ou deux messes hebdomadaires. Mr Cheilan était un fervent royaliste, ce qui explique le décor particulier de fleurs de lys de la chapelle.
Des clients prestigieux venaient chaque année à l’Excelsior. Ils en appréciaient l’emplacement exceptionnel mais surtout l’esprit familial et la convivialité ainsi que sa table réputée.
Les exigences des temps actuels ne permettent plus à cette famille de continuer cette belle histoire qui prend fin en 2017.
Mais les bâtiments perdurent, ils resteront le témoignage d’une époque où l’hôtellerie familiale occupait une grande place dans la vallée.

L’hôtel a gardé son charme ancien

Sources : archives famille Cheilan

Belle surprise près du Col de Balme : une borne du XVIIIème siècle

Nos randonnées chamoniardes nous réservent parfois de belles surprises !

Combien de fois sommes nous allés avec enfants, petits enfants ou amis au col de Balme pour une balade dominicale Le site est magnifique, la randonnée est facile, c’est toujours un plaisir de parcourir ces crêtes d’où le panorama est exceptionnel. Le plus souvent nous empruntons les chemins balisés.

Si l’on s’en écarte un tant soit peu, en longeant tout simplement la ligne de crête qui court de la tête de Balme vers le col des Posettes, nous buttons sur deux bornages dressés au cours des siècles passés sur cette ligne frontalière. Ils marquent l’emplacement exact de la frontière entre la France et la Suisse.

Certes nous connaissons la borne située au col de Balme avec l’inscription France d’un côté et Suisse de l’autre. Ou encore celle de la Tête de Balme avec un F et un S. Toute deux réalisées en 1891 au temps où le gouvernement érigea le long de ses frontières ces bornes de granit afin d’en préciser ses nouveaux contours.

Mais ici sur l’arête, juste au dessus de la gare supérieure du télésiège des Esserts, nous découvrons, à côté de la borne classique de 1891, une borne rare datant de 1737-1738.
Celle-ci d’ailleurs figure sur un tableau du XVIIIème siècle.

D’un côté figure la croix de Savoie couronnée. Cette représentation correspond effectivement à l’emblème de la maison royale de Savoie en 1738. Les couleurs sont passées mais on devine la croix blanche sur fond rouge. Celle-ci est surmontée de la couronne du royaume de Sardaigne. Cette couronne est formée d’un cercle surmontée de 8 fleurons, ceux-ci servant de base à des diadèmes perlés qui se réunissent au sommet par un globe et une croix.
De l’autre côté nous retrouvons sur la partie basse de la borne le blason de l’évêque de Sion, une épée et une crosse surmontée de la mitre et au dessus le blason des sept dizains valaisans représentés par sept étoiles en représentation de la république fédérale du Valais de 1600 jusqu‘à 1802 .

Il est intéressant de noter qu’en cette période le Valais était une république fédérale appelée la république des sept dizains et l’évêque de Sion en était un des princes électif, d’où la double représentation évêque et Valais sur cette borne.
Cette république disparaitra avec le rattachement du Valais à la confédération helvétique en 1815. Le Valais sera alors représenté par treize étoiles sur fond rouge et blanc.

Une belle découverte à faire par ces belles journées d’automne.

Un gypaète barbu au nom de Jacques Balmat

Pourquoi ?

 Un matin de septembre 1834, Jaques Balmat avec son compagnon vallorcin Pache s’engage sur les pentes du mont Ruan. Cristallier, Jacques Balmat, le vainqueur du Mont Blanc avec Michel Paccard en 1786, était depuis toujours à la recherche d’hypothétiques mines d’or que l’on prétendait avoir découvert dans nos régions montagneuses.
Il se rendait souvent à Genève pour faire analyser certains échantillons qu’il rapportait de ses pérégrinations montagnardes. Or, un jour, le chimiste Abraham Raisin lui annonce qu’il a découvert des traces d’or dans un prélèvement trouvé dans la région du Mont Ruan.
Jacques Balmat décide alors de tenter sa chance. Il marche le long des pentes du massif du Ruan, en traverse le glacier, puis s’engage sur des vires surplombant le cirque côté Sixt. Les vires sont de plus en plus étroites. Pache n’ose le suivre. Ce seront les derniers instants ou Jacques Balmat sera vu vivant. Pache rentrera seul à Vallorcine, ne faisant plus aucun commentaire sur cette expédition hasardeuse.
Les nombreuses recherches entreprises dans la région du Fer à cheval – Sixt pour retrouver le corps resteront vaines.
Il avait 72 ans.
Ce sera seulement 19 ans après que le syndic de Sixt Bernard Biord lèvera le voile sur cette disparition. Il révèlera à son confesseur que deux jeunes bergers avaient bien vu le corps tomber de la falaise. Il leur avait alors interdit d’en montrer le lieu. Mais pourquoi donc ? Tout simplement il redoutait l’installation d’une entreprise minière qui risquait de dévaster la forêt. Effectivement, dans les siècles précédents, la vallée avait subi diverses catastrophes suite à une déforestation excessive pour exploiter des mines de fer. Il voulait éviter à son village les mêmes désagréments.
Jacques Balmat repose toujours au pied des falaises du Ruan.

180 ans plus tard, la commune de Sixt décide de baptiser le nouveau gypaète barbu, né dans les falaises de Sixt-Fer à cheval, du nom de ce personnage si illustre de notre vallée de Chamonix. Jacques Balmat connaît une nouvelle vie. Il survolera de nouveau, par le biais de son filleul, ses chères montagnes.

Les Cent ans de la Résidence anciennement Chamonix Palace

En 1910 la société anonyme, la SHFS (société hôtelière franco suisse) après avoir acquis l’Hôtel d’Angleterre et les terrains annexes de  la famille Tairraz, lance le projet de construction d’un palace au centre de Chamonix.

Il s’appellera le Chamonix Palace. Cette société implantée à Chamonix depuis 1903 est un holding important,  propriétaire de très nombreux hôtels dans l’hexagone. La société dresse sur l’Arve une passerelle permettant aux clients de l’Hôtel d’Angleterre d’accéder au parc situé rive gauche. C’est sur ces mêmes terrains qu’est entreprise la construction d’un nouveau palace.

 Le palace est construit selon les normes classiques d’édification de palaces européens. Menés  par deux architectes suisses Mr Verrey et Heydel, les travaux sont conduits par une entreprise locale. L’hôtel abrite alors 200 chambres répartis entre le rez de chaussée et les cinq étages reliés entre eux par un grand escalier doublé d’un ascenseur et d’ un escalier de service à l’arrière. Chaque suite a sa salle de bains et cabinet de toilette avec WC privé et les chambres qui n’ont pas de cabinet de toilette sont pourvues d’une salle d’eau avec eau chaude et froide. De grandes salles à manger occupent toute la partie ouest du palace éclairées par de vastes baies vitrées L’ensemble est agrémenté tennis situés à l’arrière, de grands et beaux jardins en façade L’inauguration a lieu en juin 1914. 

La guerre est déclarée deux mois  plus tard. Le palace a bien du mal à vivre de son activité. Reprenant vie dès la fin de la guerre. Il connaît   ses grandes heures de gloire lors des  bals et galas des années folles. Il héberge un casino pendant quelques années En juin 1926 Le bâtiment est endommagé par un incendie. Il reste fermé un temps puis racheté par la famille Favre.  Il prend  alors le nom de Grand Hôtel et ses clients ont une entrée privilégiée au Casino nouvellement construit sur l’Arve. En cette période sont vendues les parcelles riveraines de la nouvelle avenue de la gare sur lesquelles sont  édifiées les boutiques.

La seconde guerre mondiale  marque le déclin de l’activité hôtelière  de  ce palace, qui tente de survivre une petite dizaine d’années. En 1958 la  partie supérieure  est  transformée en appartements et le rez de chaussée acquis par la commune qui aménage en 1969 le Musée Alpin. La belle rotonde d’origine disparaît, remplacé  par une avancée plus cubique.

 Équilibré dans ses volumes avec un corps central   et de longues ailes latérales,  il est le palace le plus abouti de Chamonix. Construit durant cette période faste de la Belle Epoque le palace est édifié selon l’architecture en vogue où se mêle la tradition néo classique et des fantaisies art nouveau. La partie centrale est  ornée de bow windows afin de rompre la rectitude de la façade. Les garde corps se caractérisent par des formes quelque peu ondulées sans être trop prononcées, les frontons des fenêtres alternent en fronton triangulaire ou semi circulaire.

La fête des guides en 1898

Avant que le 15 août ne devienne la journée officielle de la fête des guides ceux-ci avaient déjà eu à plusieurs reprises organisées des fêtes en l’honneur des guides.
La plus fameuse a lieu le 8 août 1897.

On organise une course de vitesse:
Départ de l’église de Chamonix (1030 m), montée par Bellachat (2154m), puis le Brévent – (2525m) soit 1495 m de dénivelé, descente par le fameux passage de la cheminée (qui n’existe plus de nos jours) , Plan Praz et retour à Chamonix.
Le tout présidé par Joseph Vallot, avec un comité d’organisation mis en place par le maire Mr Paul Payot, aidé de Frédéric Payot ancien guide très apprécié de Whymper, , soutenu par le guide chef Georges Tairraz.
10 concurrents guides se présentent.
Le premier Edouard Payot réussit le tour en 2 heures suivi des 9 autres participants dans la demie heure qui suit !
Quelle performance quand on connait le matériel de l’époque !
De cet évènement une photo a été réalisée par G Tairraz devant le bureau des guides de l’époque.

 

Les 750 ans de Vallorcine

Cette année, Vallorcine commémore les 750 ans de son entrée dans l’histoire de la vallée de Chamonix

« Nous frère (Richard), prieur du prieuré de Chamonix , du diocèse de Genève, à tous ceux qui liront le présent texte, faisons savoir que sciemment et de plein gré, sans y avoir été conduit par quelque ruse ou crainte, mais assuré de droit et de fait, nous avons donné et concédé, en notre nom et au nom de nos successeurs, à titre d’albergement perpétuel, aux Teutoniques de la vallée des ours et à leurs héritiers, la moitié de la vallée des ours susdite.
« Cette vallée est délimitée d’un côté par l’eau appelée Barberine , d’un autre par la montagne appelée Salenton , d’un autre par le lieu où naît l’eau appelée Noire jusqu’à la limite qui sépare le territoire de Martigny et le territoire de l’église de Chamonix .
« De même, nous signifions que les hommes susdits nommés Teutoniques, et leurs héritiers demeurant au même endroit, soient les hommes liges du susdit prieuré de Chamonix et soient tenus d’acquitter annuellement à la fête de saint Michel archange huit deniers de service et à la Toussaint chaque année quatre livres de cens au prieur de Chamonix du moment, sommes à verser et à acquitter intégralement.
« Et si quelqu’un des susdits Teutoniques veut se déplacer en un autre lieu, nous faisons savoir qu’il pourra emporter ses biens meubles avec lui librement et absolument, ainsi que vendre ses propriétés, le droit du domaine de Chamonix étant sauvegardé, mais à des hommes liges du dit prieuré et non à d’autres.
« D’autre part, ils pourront demeurer en paix et libres de menées , de visites et de corvées et, dans le respect des autres usages, droits et coutumes de l’église ou du prieuré de Chamonix, ils doivent obéir au prieur du dit lieu et sont tenus de répondre en tous points, dans le respect des droits de propriété et de seigneurie du dit prieuré conformément à ce qui est en usage et jouissance chez les autres hommes de Chamonix. En foi de quoi nous, prieur susdit, avons apporté notre sceau pour qu’on l’appose sur la présente page.
« Fait au cloître de Chamonix, l’année du seigneur 1264, le deuxième des ides de mai
« 

Ce document est riche de détails. Nous apprenons ainsi que la vallée de Vallorcine est appelée déjà « la vallée des ours », que celle-ci est confiée à une population dénommée les « teutoniques ». On y retrouve également la délimitation assez précise du territoire concerné. Par ailleurs, ces teutoniques resteront libres, c’est-à-dire que le prieuré de Chamonix leur reconnait le statut enviable de propriétaires des lieux.
Mais qui sont donc ces « teutoniques », pourquoi cette appellation ? Ont-ils été appelés ainsi par les prieurs de Chamonix ? Occupaient-ils déjà les lieux ? A-t-on simplement régularisé une situation nouvelle?
C’est difficile de le dire avec précision.
Actuellement, les chercheurs estiment que cette population serait probablement constituée de colons venus du haut Valais appelés les Walser. Ceux-ci, issus d’une population plus ancienne originaire de tribus germaniques arrivant du nord de l’Europe, auraient colonisé peu à peu les hautes vallées des Alpes, profitant d’une période climatique plus clémente pour le passage des cols alpins.

Qui sont les Walser :

source : Dominique Ancey . Association Valors’na

La migration Walser s’est effectuée par la colonisation de hautes terres d’altitude (près des cols) sous l’entreprise des monastères
De cette culture, peu d’éléments précis dans la vallée de Vallorcine permettent d’en affirmer l’implantation formelle. Cependant, quelques éléments d’architecture encore visibles dans le paysage vallorcin tels les regats ou raccards (commun à des vallées suisses et italiennes de culture Walser) sont peut être bien le témoignage de l’installation de ces « teutoniques » dans la vallée des ours.

1264-2014 Vallorcine a célèbré le 750e anniversaire de la charte d’albergement octroyée par Richard prieur de Chamonix aux Teutonici de Valloursine et à leurs héritiers à perpétuité.
La migration à travers les Alpes et la colonisation de ces terres d’altitude par les Walser est un fait unique par son amplitude et sa durée. Ces paysans défricheurs provenant de Souabe puis du Haut Valais ont été appelés par les pouvoirs ecclésiastiques et seigneuriaux. Les actes témoignant de cet appel sont les chartes d’albergement, en allemand Erblehenbriefe. Ils se sont installés dans le haut des vallées près des cols ce qui était stratégique au moment où le trafic de transit se développait. Là où ils se sont implantés, il s’est avéré que ce sont les territoires les plus soumis aux aléas tels que les glissements de terrains, avalanches etc. Au XIIIe siècle, l’émigration s’est d’abord produite vers l’ouest dont Vallorcine puis sur le versant méridional par les cols du Théodule et de Gries, ils ont fondé des colonies dans les vallées en étoile autour du Mont Rose ( dénommées la garde allemande par De Saussure): Macugnaga, le Val Sésia, Gressoney, le val d’Ayas. de Formazza à Bosco-Gurin et par les cols de la Furka et l’Oberalp ils ont essaimé les Grisons où ils se sont fortement implantés par touches. La fin de la diaspora se situe au XVe siècle, au moment du petit âge glaciaire, dans le Haut Prättigau et les deux Walsertal. Walser, contraction de Walliser (valaisan), est le terme utilisé pour les distinguer des autres populations alémaniques.
Max Waibel, spécialiste suisse des études Walser, décrit ainsi Vallorcine dans son ouvrage, « En chemin vers les Walser »

Une remarquable expression de l’art déco : la Banque de Paul Payot maire de Chamonix de 1888 à 1901

Dans les revues spécialisées d’architecture des années 1930, la construction de la banque Payot à Chamonix est souvent donnée en exemple. Réalisée par l’architecte Marcel Cochet, elle attire l’attention des spécialistes de l’époque pour l’originalité et la qualité du bâtiment.


A Chamonix, jusqu’à cette période, on construisait avec des boules d’Arve que l’on cimentait entre elles et que l’on enduisait de crépi ou d’enduit.
Marcel Cochet innove totalement.

Il élève l’ossature du bâtiment en béton armé. Il connaissait les aléas de ce type de ce matériau, notamment face aux différences de températures extrêmes de la vallée. Cette armature est ensuite comblée aux étages de briques creuses et est complétée par une cloison en dolomite (panneaux de paille, ligaturée réalisant un matelas isolant). En 1930, en Savoie, ce type de construction n’était pas chose courante, d’autant plus que Marcel Cochet ose utiliser le béton pour le toit ce qui provoqua bon nombre de questionnements de la part de ses confrères.
Son esprit vigilant le conduira à imaginer des méthodes complémentaires pour assurer l’étanchéité des terrasses. Il saura aussi profiter de l’expérience locale en adoptant des doubles cloisons et des doubles fenêtres pour mieux lutter contre le froid.
Les façades ont été traitées par une méthode simple : un revêtement de plaques moulées en simili granit poli, agrafées aux piliers de béton armé.
Le procédé est vraiment révolutionnaire à Chamonix.


Le 1er étage est occupé par l’appartement de Mr Payot, deux appartements occupent le second et un seul plus petit le troisième. Dans la partie supérieure, une zone plate « non aedificandi » est aménagée en terrasse pour qu’un hôtel, l’Impérial situé à l’arrière, conserve la vue sur le Mont Blanc.
Les façades de la banque sont décorées de panneaux de ferronneries d’une remarquable finesse (hélas disparues depuis) qui avaient été réalisées par la maison Schmidt de Chamonix.
L’architecture Art Déco a horreur des angles droits si bien que pour les immeubles d’angle on s’arrange toujours pour les couper ou les arrondir. Exemple frappant ici sur la banque :


Lorsque l’on parle Art Déco le décor joue évidemment son rôle. Ainsi sur la banque au dessus des grilles est inscrit en mosaïque le mot « change » en français, anglais, italien et allemand de même pour la Sur la façade où sont incrustés des panneaux de mosaïques de grès et d’émaux réalisées par une entreprise lyonnaisse.

Ceux-ci rappellent le souvenir de l’oncle Venance Payot, naturaliste, botaniste et collectionneur de cristaux qui tenait à cet endroit quelques dizaines d’années auparavant un muséum.
L’une d’elles représente une fleur d’edelweiss qui pourtant n’est pas une fleur de chez nous ! Peu importe, seul le décor compte.

Plus de 80 ans après, on ne peut que rester admiratif devant ce bâtiment unique trônant au cœur de Chamonix.

Publicité pour oxygène parue en 1898

En feuilletant  la  » Revue illustrée du Mont Blanc et de Chamonix » parue en  juillet 1898 on y trouve une publicité tout à fait  amusante sur la possibilité de commander de l’oxygène à emporter pour aller en altitude.

Il est précisé : « indispensable contre les troubles de la respiration et le mal des montagnes »

Dans une de ces revues, un long article écrit par Mr Joseph Vallot décrit d’ailleurs les difficultés que beaucoup ont lorsqu’ils tentent le mont Blanc. Il se plaint déjà du trop grand nombre de personnes se trouvant en haute montagne et méconnaissant le milieu

La source sulfureuse des Mouilles

La source sulfureuse de Chamonix
Dans un lieu secret peu connu des chamoniards se nichent les ruines d’un bâtiment abritant une ancienne source sulfureuse, découverte au début du XIXème siècle.


En 1823, une eau jaillissant des Mouilles, analysée par un médecin, Mr le Dr de Gimbernat, se révèle « minérale, froide, saline, sulfureuse», et obtient une autorisation royale d’exploitation.
Les frères Charlet , propriétaires du site et propriétaire ainsi que de l’hôtel de l’Union au centre ville, aménagent des canalisations de bois depuis la source des Mouilles jusqu’à l’hôtel afin de proposer à leurs clients des bains, luxe incroyable à cette époque.


En 1834, Mr Morin, chimiste de Genève, la considérait riche en « qualité thérapeutique ». Mais l’idée d’utiliser ces eaux fait toujours son chemin. En 1863, le docteur Depraz lance une demande d’autorisation d’exploitation Les sources des Mouilles sont alors étudiées avec soin par l’Académie de médecine de Paris. Celle ci estime « la sources sulfureuse conforme aux eaux les plus réputées contre les maladies de la peau, les ulcères et les cachexies » et les sources d’eau naturelle toutes proches se révèlent des « eaux ferrugineuses appropriées aux malades souffrant de constitutions lymphatiques et débilitantes ».
Cependant, le Conseil général des Mines estime qu’il ne sera pas possible d’accorder une autorisation définitive avant « qu’un captage convenable de la source ait été opéré ».
L’autorisation tarde à venir. Les hôteliers chamoniards rêvent de créer une station hydrominérale à l’image des stations thermales en vogue à cette période. On veut une belle station « climatérique ».
Le projet est relancé néanmoins toujours d’actualité.
Il faut attendre 1876, pour qu’une nouvelle étude soit faite, cette fois-ci par le docteur Duchosal : « l’eau jaillissante est une eau claire, limpide, dont l’odeur est celle des œufs couvés, dont la température est de 9 centigrades… ». Il indique, après analyse des eaux et enquête auprès de la population locale, « que ces eaux peuvent être employées en boisson, en douches, bains, injections, en inhalation et même peut être embouteillée. « Leur emploi peut être étendu à presque tous les cas de maladies chroniques dans lesquels on emploie les eaux de St Gervais… Peu de pays peuvent offrir autant de facilités pour un établissement hydrothérapique… ».
La société des hôtels réunis de Chamonix envisage un grand projet une grande installation avec hôtel de 300 chambres, exploitation de la source, couplée avec des bains de lait. Ce beau projet ne sera jamais réalisé. Cependant, les conduites seront emportées les inondations régulières de l’Arve et de l’Arveyron et elles seront abandonnées.


La première guerre interrompt toute idée de création d’une station thermale.
En 1930, nouvelle tentative. Le nouveau propriétaire, Mr Alphand, entreprend de remettre au goût du jour l’exploitation de la source. Les analyses sont réalisées quatre années de suite par le ministère de la Santé publique, qui lui accorde enfin en 1936, et pour 30 ans, l’autorisation d’exploiter les eaux. Mr Alphand construit alors un petit édifice au dessus de la source, aménage un kiosque à musique dégustation et se lance dans l’exploitation de sa source.


Elle prend le nom de « La vivifiante ». Les analyses seront faites très régulièrement. On abandonne vite l’idée d’embouteillage, l’eau ne conservant pas ses propriétés minérales.


Le petit établissement fonctionne ainsi une trentaine d’années, recevant quelques curistes et surtout des curieux et des habitués, la source ayant toujours sa réputation locale. Les médecins de la vallée recommandent à leurs malades d’en boire régulièrement l’eau.
Le débit de la source se réduit peu à peu, en raison des travaux de canalisations des sources naturelles voisines réalisés afin d’assécher les zones marécageuses de ce secteur de la vallée.
Les chamoniards continueront jusque dans les années 1970 à venir faire provision de cette eau aux qualités médicinales incontestées.

La source est abandonnée, mais les chamoniards s’y rendent toujours régulièrement, lui attribuant des qualités curatives appréciées de tous. Depuis, la source s’est tarie et le lieu est laissé à l’abandon.

n lieu secret peu connu des  chamoniards se nichent les ruines d’une ancienne source

Stefanick à Chamonix, mais qui est ce donc ?

Milan Rastislav Stefanik dont le médaillon orne un des murs extérieurs de l’observatoire Vallot de Chamonix?
Savons nous que très régulièrement une délégation slovaque vient déposer une gerbe devant le médaillon en question .Quel lien avec Chamonix ?


En 1915 il s’engage dans l’armée française en qualité de pilote, adaptant ses connaissances scientifiques aux besoins militaires. Blessé il consacre alors son énergie la formation de légions tchécoslovaques.IL convainc la France de soutenir sa cause. En 1917 il participe à la rédaction du « décret de constitution de l’armée tchécoslovaque en France », un immense pas vers la reconnaissance de l’identité tchèque et slovaque fonde le conseil national tchécoslovaque.
En 1919 il participe activement aux négociations diplomatiques et politiques qui conduiront à la création du nouvel état. Une grande et belle victoire. La Tchécoslovaquie est née. Il est nommé ministre de la guerre du nouveau gouvernement.
Six mois après il est appelé à rejoindre sa patrie. Un accident d’avion entrainera sa mort.
Certains y verront un attentat afin de faire disparaître un homme trop enclin à défendre son pays natal qu’était la Slovaquie.
Il deviendra alors un héros national. A Bratislava un immense monument lui est consacré.
Et c’est ainsi que chaque année une délégation slovaque vient lui rendre les honneurs devant l’observatoire Vallot.


En ces périodes charnière de la Belle époque Chamonix attirera nombre de scientifiques. Parmi les plus connus Joseph Vallot et Jules Janssen construisant au sommet du Mont Blanc des observatoires.
Joseph Vallot, sportif, autodidacte, passionné par le massif comprendra très vite que pour la survie d’un observatoire il fallait le construire sur un soc rocheux en raison des mouvements des glaciers au sommet du Mont Blanc. Janssen, scientifique émérite, reconnu dans la sphère parisienne construira un observatoire au sommet du Mont Blanc . Celui-ci en quelques années sera littéralement « absorbé « par le glacier et disparaitra à jamais. Seule la tour de l’observatoire se ra sauvée.
Milan Rastislav Stefanik est né en 1880 en Slovaquie petite province de l’empire austro-hongrois. D’une famille farouchement patriote il aura cœur toute sa vie à marquer son identité, les indépendantistes étant bien souvent réprimés.
Très jeune il montre une passion pour les mathématiques, la physique et l’astronomie. Cependant il choisira la philosophie qu’il étudiera à l’université de Prague dont il en sortira avec un doctorat. Membre et président de l’association des étudiants slovaques de Prague il s’engagera avec ferveur à défendre l’identité de son pays natal.
En 1904 sa passion pour les sciences le conduit naturellement à Paris qui, en ces temps de « Belle Epoque », est le creuset d’une activité artistique et scientifique brillante.
Il s’inscrit en astronomie et très vite devient l’assistant du professeur Jules Janssen à l’observatoire de Meudon. Passionné il publiera 12 traités scientifiques et organisera pendant sept années consécutives des expéditions d’observation astronomique au sommet du Mont Blanc.

Il voyagera ensuite pour le compte de l’état français afin d’établir des chaînes de station radiotélégraphiques qui devait mettre en relation toutes les colonies françaises.
Il obtient la nationalité française en 1912.

En 1919 il participe activement aux négociations diplomatiques et politiques qui conduiront à la création du nouvel état. Une grande et belle victoire. La Tchécoslovaquie est née. Il est nommé ministre de la guerre du nouveau gouvernement. Six mois après il est appelé à rejoindre sa patrie. Un accident d’avion entrainera sa mort. Certains y verront un attentat afin de faire disparaître un homme trop enclin à défendre son pays natal qu’était la Slovaquie. Il deviendra alors un héros national. A Bratislava un immense monument lui est consacré.
Et c’est ainsi que chaque année une délégation slovaque vient lui rendre les honneurs devant l’observatoire Vallot.

Source : La Guerre des observatoires par Robert Vivian glaciologue

Moulins : Une activité essentielle de l’économie chamoniarde des siècles passés

MOULINS : Une très ancienne activité chamoniarde.

De nombreuses lithographies et dessins nous apportent le témoignage d’une activité oubliée de nos jours, essentielle pour l’économie locale,  celle des moulins actionnés par le courant des torrents et cascades abondants dans la vallée.

Dès le moyen âge, se tiennent de nombreuses et âpres négociations avec les prieurs pour la mise en œuvre de machines actionnées par la force de l’eau. Moulins à farine, moulins à « foulon »  (chanvre et lin ), moulins de scierie. (voir dossier ci après)

Les plus nombreux seront les foulons associés à des tanneries pour travailler le chanvre.  Cette plante répandue dans toute la vallée était utilisée pour nombres d’objets : cordes, vêtements, draps. Travail fastidieux, pénible, avec de nombreuses opérations. 

Le plan des archives départementales  (1531)  indique onze moulins .  2 au Lac, 2 à Vaudagne, 1 aux Esserts, 1 à Merlet,  1 aux Tines, 2 à l’Outraz, 1 aux Frasserands. Ceux-ci  étaient toujours couplés avec des tanneries, des forges, des fouloirs ou des pressoirs.

HISTORIQUE DES MOULINS CI DESSOUS :

Avec l’arrivée des visiteurs et une nette amélioration des conditions de vie La vallée connaît   un nouvel essor, les moulins se développent et se généralisent.

Pour la conservation on utilisait de l’écorce de mélèze qui servait de tanin et des acides naturels pour la souplesse, d’où les odeurs fortes qui rejetaient les tanneries à l’extérieur des villages. On travaillait également le lin que l’on réservait pour les vêtements « du dimanche » et parfois quelques draps.

Mais encore plus fréquents étaient les moulins de scieries dont le  bois servait à la construction, à la fabrication du mobilier, aux  outils et alimentait les chauffages des maisons. Ce matériau était à la base de l’économie locale. Chaque hameau possédait une à deux scieries.

Il est intéressant de noter qu’en 1829 l’administration cherchait à contrôler ces scieries qu’elle considérait « comme nuisible » à la conservation des forêts, car nombreux étaient les propriétaires faisant des coupes de bois dites bois de lune (c’est-à-dire coupé de nuit sans aucun contrôle). Il y avait aussi quelques moulins couplés avec des forges. La forge comprenait un martinet indispensable pour travailler les outils agricoles.

 Ex le 28 octobre 1861 : Joseph Auguste Tronchet meunier cède aux frères Michel et Pierre Devouassoud, maréchaux et serruriers,  «le droit de placer dans la « bezière »  provenant de la rivière Arve qui fait mouvoir les moulins que le dit venant possède au sommet du bourg de Chamonix deux roues pour la mouvance d’un martinet et autres artefacts que les frères Devouassoud vont établir ».

moulin de la famille Tronchet en bordure’ d’Arve

Un moulin dépendait d’une installation hydraulique pour amener l’eau. Celle-ci était conduite au dessus de la roue à aubes par une canalisation de bois inclinée, sorte de chenal suspendu à ciel ouvert.  Souvent l’eau était détournée du lit principal du torrent par une bédière. 

Par sa force, l’eau actionnait le mouvement de la roue. La plus grande difficulté était d’avoir une amenée d’eau régulière. Les rapports de syndics du 18ème précisent que beaucoup de ces scieries ne fonctionnaient qu’en période de « hautes eaux », c’est à dire à la fonte des neiges ou en période de grandes pluies. D’ailleurs les scieries ne pouvant fonctionner toute l’année, les scieurs se faisaient bûcherons ou louaient leurs bras.

La charmante petite chapelle protestante d’Argentière

Nous connaissons tous la chapelle anglaise de Chamonix, face à la gare SNCF, implantée depuis 1860. Mais combien connaissent la chapelle protestante d’Argentière, située au fond du village, en retrait dans un lieu calme et protégé .


Dans le territoire des Savoies, depuis la rude période de la réforme du XVIè siècle, l’église catholique était omniprésente, veillant au salut de ses paroissiens. Elle reconstruit avec éclat nombre d’églises et chapelles, afin que chacun se mette sous la protection divine, mais catholique. Cependant, dans le pays du Mont Blanc, avec l’arrivée des visiteurs étrangers au cours du XIXè, six temples protestants seront édifiés au fil des ans sur les lieux de villégiature.
La chapelle anglaise de Chamonix deviendra, au cours du XXème siècle, un temple de l’Eglise réformée de France.

Un résident, protestant, Raoul Allier, normalien, professeur de philosophie à Paris, avait pour habitude de séjourner durant ses vacances à Argentière et de descendre au culte à Chamonix. Dans la chaleur de l’été 1914, il voit partir son fils Roger avec les jeunes hommes d’Argentière vers les champs de bataille de l’est de la France. Il n’aura plus de nouvelles jusqu’en mai 1916 quand lui est apportée la terrible annonce du décès de son fils dans la tourmente de cette guerre meurtrière.
Terrassé par cette douleur indicible, il réagit en organisant de nombreuses conférences ayant pour sujet la guerre. Il consacre son énergie à essayer de réconforter les souffrances humaines tout autour de lui.Quoique laïc, il est nommé doyen de la faculté de théologie protestante de Paris.Il aime à séjourner à Argentière. Ce monde de la montagne l’apaise. Il donne des conférences dans les salles de restaurants d’Argentière. Il se constitue ainsi tout un réseau d’amis qui partagent avec lui les mêmes convictions. C’est ainsi qu’ils conçoivent l’idée de construire une chapelle.

Avec eux il acquiert des terrains au pied de la moraine. Ces parcelles de piètre qualité ne laissent pousser qu’arbustes et buissons. Sera construite ici, dans ce lieu reculé et champêtre, une chapelle en bois de mélèze avec un toit d’ancelles, selon la coutume locale.
Elle fut Inaugurée en 1920. Raoul Allier en sera le premier prédicateur. Deux ans après est construit le presbytère pouvant héberger les pasteurs de passage

Durant la sombre période de l’occupation de 1943-44, le presbytère sera un des relais mis en place dans toute la vallée par la CIMADE pour le passage des familles juives vers la Suisse. Elles seront cachées dans la cave en attendant le moment pour franchir, avec les passeurs, la frontière toute proche.

Chargée d’histoire, sobre mais lumineuse, notre chapelle protestante, toujours dans son aspect d’origine, toujours sans électricité, mérite le détour par les confins d’Argentière.

Source : Archives de l’église réformée Arve mont Blanc

A Chamonix une ancienne villa typique de l’Art Nouveau : l’hôtel de l’Aiguille Verte

Cet hôtel en sortie de ville, riverain de la route des Praz, mérite plus qu’une observation rapide de sa façade. Construit en ces débuts du XXème siècle, il est l’une des plus belles expressions architecturales de l’art nouveau à Chamonix. Jules Bossoney, maire de Chamonix entre 1908 et 1920, est l’initiateur de la construction de cette superbe villa en 1906, à titre privé.


Tout d’abord guide, il participe à la construction de l’observatoire Janssen et à l’édification des refuges de la Charpoua et du Couvercle. Par la suite, élu de la commune, il se révèle un maire dynamique et entreprenant en cette période faste de la Belle Epoque.
Dès l’origine, cette villa est destinée à recevoir des visiteurs, qui sont de plus en plus nombreux dans la vallée. La construction comporte deux maisonnettes identiques reliées par une entrée commune.
Chaque habitation possède un salon, une salle de bains, une cuisine, des chambres en étage, une loggia et un logement pour le personnel.
Mais l’originalité de cette villa réside dans le choix de son décor résolument art nouveau.
La façade réunit une grande diversité de matériaux : bois, faux colombages, larges verrières dans la véranda, briques dans les angles, le tout typique de cette expression artistique.


Des céramiques aux couleurs éclatantes ont résisté au temps. Magnifiques, variées, elles ornent, selon la tradition de l’art nouveau, les dessous de fenêtres. Les ferronneries en volutes des rambardes sont à l’image de ce style décoratif nouveau en France.
L’intérieur se singularise par des sols faits de carreaux de ciment joliment décorés. Différents selon les pièces, ils ont été conservés et portent témoignage des nouvelles techniques découvertes à cette période.
Cette ancienne villa illustre avec réussite la fantaisie de cette expression architecturale qu’est l’Art nouveau en cette période de la Belle Epoque. Elle montre par ailleurs la volonté d’un maire sensible aux modes décoratives et faisant preuve de modernisme.

Venance Payot (1826-1902) : guide naturaliste, éditeur, collectionneur, conseiller municipal, maire

Un chamoniard naturaliste mais aussi guide, élu local, marchand, collectionneur, éditeur…Un homme actif de son temps. Il fait le Mont Blanc à 15 ans, il sera naturellement guide et son intérêt pour la géologie, la faune, la flore, les glaciers le conduira à participer aux expéditions des scientifiques venant à Chamonix. Il accompagnera ainsi le fameux Dr Pitschener.

A plusieurs reprises conseiller municipal il deviendra maire pour deux mandats le 1er de 1863 à 1864 puis de 1881 à 1882. Il obtiendra également un siège de conseiller d’arrondissement de la Haute Savoie de 1892 à 1898. Il s’opposera farouchement au projet de la construction du train du Montenvers publiant un pamphlet virulent contre la décision de la préfecture.

Il possédait au centre de Chamonix un magasin au nom de « Cristal de roche »ou il proposait à la vente cristaux, pierres diverses, papillons, objets en tous genre, livres etc.…

Il est l’auteur de nombreux guides et brochures destinés aux touristes qu’il vendait dans son magasin ou déposait dans les hôtels de Chamonix.

Ce naturaliste atypique avait accumulé tout au cours de sa vie coléoptères, minéraux, fossiles herbiers….se constituant ainsi une des collections les plus intéressantes de la région. Il échangeait très régulièrement avec les scientifiques de l’époque et de nombreuses sociétés savantes européennes.

Un érudit à part entière.

Conscient de sa collection étonnante il décide à l’âge de 70 ans de léguer ses diverses collections à la ville d’Annecy. Les objets seront accompagnés d’une somme d’argent dont les intérêts devaient servir à perpétuité à l’entretien de ses collections. Celles-ci furent exposées a partir de 1900 dans une pièce particulière du musée d’Annecy.

Actuellement les collections sont rangées dans les magasins et réserves de la bibliothèque d’Annecy. Elles furent exposées temporairement il y a quelques années au sein même de la bibliothèque de Bonlieu à Annecy.

Celle-ci a désormais, grâce à ces collections exceptionnelles, mis en ligne  sur le site de Lectura un parcours très intéressant  et très instructif sur Venance Payot.

                              

La dernière exécution capitale à Chamonix d’un crime réalisé à Vallorcine


Elle remonte au 28 janvier 1868, huit ans après l’annexion.

Le drame de Vallorcine raconté par Stephen d'Arve

Elle est relatée par Stephen d’Arve, commissaire de police et chroniqueur de la vie chamoniarde, qui a assisté à la mise à mort sur le pré de foire, actuelle Place du Mont-Blanc.
L’homme qui a été guillotiné, condamné à mort pour assassinat par la Cour d’Assises d’Annnecy, n’avait pourtant pas tué sa victime qui avait réchappé à son agression. C’est dire à quel point la justice de cette époque était expéditive !
Depuis 1814, la décapitation n’avait plus cours en Savoie, sous le régime de laquelle la pendaison était la règle.

Le « crime » eut lieu dans la nuit du 12 au 13 août 1867, dans le petit village de Vallorcine. A 10h du soir, un homme vint frapper à la porte du presbytère et réveilla l’abbé Mariaz, curé de Vallorcine. Il lui demanda de venir porter secours à son camarade très malade, recueilli à la caserne des douaniers du Chatelard. Le curé suivit l’homme en toute confiance, mais arrivé au pont sur l’eau noire, celui-ci lui assena plusieurs coups de gourdin sur la tête puis le poussa dans le torrent. Blessé mais vivant, entrainé par le courant, le prêtre parvint un peu plus loin à se hisser hors de l’eau et alla chercher secours chez un voisin. Le bon curé n’avait pas moins que 14 blessures à la tête !
Pendant ce temps, le bandit retournait au presbytère et, sous la menace, exigeait de la servante Mélanie qu’elle lui remit les économies du curé, quatre pièces de cinq francs et sa montre en or, puis s’enfuyait.
Aussitôt, les villageois, les gendarmes et les douaniers se mirent à la recherche de l’ « assassin ». Celui-ci fut arrêté pas loin de la frontière par les douaniers. C’était un valdotain du nom de Vicquery François-Basile, scieur de long de son état. Il nia farouchement être l’auteur du crime, mais un enfant avait retrouvé son chapeau dans l’Eau noire, perdu au cours de la rixe. Le chapeau portait la marque d’un fabriquant d’Aoste, c’était une preuve ! Il fut transféré pour une nuit dans la cave de la mairie, puis à la prison de Bonneville.
Durant l’enquête, le maire de Saint Gervais fit savoir qu’en avril dernier, le sieur Vicquery s’était rendu coupable d’escroquerie auprès de deux de ses administrés en fournissant une fausse identité et de fausses lettres de crédit. Ce fait fortifia l’accusation, on avait bien à faire à un homme à l’esprit retors, capable d’ourdir les plus sordides machinations et de préméditer un crime avec des ruses d’Appache.

Le procès d’Assises s’ouvrit à Annecy le 17 décembre 1867 devant une foule nombreuse. L’accusé continua à nier toute participation au crime.
Des discussions animées survinrent entre les spectateurs du procès. Pour certains, « la peine du talion ne semble pas applicable puisque la victime a survécu ». Pour d’autres, « la loi prévoit ce cas d’assassinat prémédité, non suivi de mort, mais avec intention de la donner ».
Le jeune avocat commis fit, en vain, tout ce qu’il put pour atténuer sa culpabilité en arguant des « coups et blessures sans intention de donner la mort ». Malgré cette plaidoirie, le jury, à l’unanimité, répondit par l’affirmative aux cinq questions posées par le président. Le verdict fut rendu après une courte délibération : « La cour condamne l’accusé Vicquery à la peine de mort et ordonne que l’exécution publique aura lieu à Chamonix ».
Le pourvoi en cassation et le recours en grâce par Napoléon III furent rejetés.
La veille du jour fatidique, deux « Messieurs » sont venus à Annecy « prendre livraison » du condamné pour le conduire sur le lieu de son exécution. L’un était l’exécuteur en titre de Grenoble, l’autre celui de Chambéry. Ils étaient accompagnés de l’abbé Laffin et de quelques gendarmes . On fit croire à Vicquery qu’on devait le conduire à Chamonix pour un complément d’enquête, mais apparemment il n’en crut pas un mot. Pendant le voyage qui se fit par un froid glacial, le prisonnier refusa toute nourriture et toute boisson tandis que les Messieurs et leurs accompagnants se restauraient lors des étapes. A Servoz la calèche fut remplacée par un traineau à neige.
Pendant ce temps était arrivée à Chamonix, en provenance de Grenoble, une lourde charrette chargée de la guillotine en pièces détachées.

Après une nuit passée à la caserne de Chamonix, le condamné fut emmené à 7h du matin au Pré de foire.
Une foule d’environ 1500 personnes se pressait autour de l’échafaud, c’est-à-dire l’équivalent de la population de Chamonix. On y dénombrait une majorité de femmes. Les témoins privilégiés, dont Stephen d’Arve, assistaient à la scène depuis les balcons de l’Hôtel d’Angleterre.
Le condamné reçut de l’aumônier une dernière absolution, baisa le crucifix, et gravit les huit marches de la plateforme, soutenu par les deux exécuteurs.
C’est ainsi que fut guillotiné à Chamonix le valdotain François Basile Vicquery . « Ce n’était heureusement pas du sang français » commenteront les spectateurs…

Stephen d’ Arve ne relata toute cette histoire que 30 ans plus tard, en 1901, dans un petit livre intitulé « Le drame de Vallorcine ». Dans son épilogue, citant Victor Hugo, il pose franchement la question de l’inhumanité de la peine capitale, supprimée depuis longtemps en Suisse et en Italie. « Etait-il nécessaire de faire jaillir à si grands frais tant de sang humain sur la neige immaculée de Chamonix ? »

Qu’est ce que la fontaine de Claudine ?

Dans la collection des  tableaux de Gabriel Loppé exposés au musée Alpin  de Chamonix, une lithographie porte le titre « la Fontaine de Claudine ».

Quelle était donc cette fontaine inconnue de nos jours ?

Est-ce le fruit de l’ imagination du peintre ? Sur la lithographie,  on devine le chemin qui conduit au Montenvers. Du temps de Loppé  existait déjà  sur ce chemin la fontaine de « Caillet ». Mais pourquoi la fontaine de Claudine ?

La réponse est dans la littérature de l’époque. Un écrivain connu  en ces temps romantiques, Etienne Pivert de Senancour, se rend  à Chamonix. Il découvre la vallée et, Inspiré par ce milieu magique,  il écrit quelques ouvrages dont un intitulé « Oberman », roman où la nature,  à l’image de la vision romantique de cette période,  prend une place prépondérante.

Il écrit également un petit roman intitulé : « Claudine, nouvelle savoyarde »

Cet ouvrage très à la mode du temps de Loppé nous raconte l’histoire d’une jeune fille séduite par un anglais sur le chemin du Montenvers…  D’où le titre de la lithographie.

De quand date la route Chamonix – Martigny :

Après le rattachement de la Savoie à la France,   Napoléon III veut visiter ses nouveaux territoires  et vient dans la vallée de Chamonix. Lors de sa venue, il fait un temps épouvantable. Effaré par le dangereux chemin muletier qui le conduit à Chamonix, Il décide de financer la construction d’une route carrossable de Sallanches à Chamonix, route qui sera terminée en 1870.

Diligence au départ de Chamonix

Très vite, les diligences assureront la liaison entre Genève et Chamonix. La route nationale est tracée vers Argentière puis arrive dans la vallée de Vallorcine entre 1882 et 1886. Un nouvel itinéraire vers la Suisse est alors tracé.

Mais qu’en est il de la route de l’autre côté de la frontière en direction de Martigny ?

Autrefois, pour accéder en Suisse, les voyageurs empruntaient le col de Balme (récit de Goethe lors de son passage dans la vallée en novembre 1779) : « …notre guide nous propose de passer le col de Balme, haute montagne au nord de la vallée du côté du Valais …  de ce point élevé nous pouvons encore , si nous sommes heureux,  contempler d’un coup d’œil la vallée de Chamonix…. ».

C’est à partir de 1825 que les valaisans déposent un projet de « route à chars » pour relier Martigny à Chamonix. On décide alors de passer par la Tête noire et le col des Montets.

Le passage de la Tête noire était connu de longue date comme un étroit chemin appelé le « mauvais pas ».  Le voyageur était contraint de descendre de son mulet en raison de la difficulté du passage au dessus du vide. Le percement d’un tunnel s’impose donc, et les travaux de la « roche percée » de Tête noire sont réalisés entre 1827 et 1836. C’est à cet endroit que s’ouvre en 1834 une auberge, futur hôtel qui ne sera détruit que lors de la modernisation de la route en 1950.

Le pont au niveau de la frontière suisse-sarde est refait à neuf en 1840.

Cependant, en raison des gros frais engagés, les travaux de la route avancent lentement.

Théophile Gautier, en 1868, nous précise dans son ouvrage « Les vacances du lundi » que le trajet se fait encore à pied ou à dos de mulet, mais que la route commence à être praticable aux chars légers. Mais la pente est  si raide entre  Martigny  et  le col de la Forclaz qu’en 1871 le conseil d’Etat doit rappeler  que le parcours reste un chemin muletier interdit à tout véhicule. La route ne devient officiellement carrossable qu’en 1875 et le passage du Châtelard sera élargi en 1888. La concurrence de la route des diligences de Vernayaz, Salvan, les Marécottes et Finhaut  sera longtemps d’une vive concurrence.

De plus l’itinéraire resta longtemps dangereux et impressionnant. Dans le livre «les folles années de Chamonix », Gaby Curral Couttet raconte : « … Tête noire porte bien son nom, je n’osais regarder dans un décor triste et sombre, ces abîmes à pic… Deux voitures ne pouvaient se rencontrer sans friser la catastrophe si bien qu’il était obligatoire de téléphoner du Châtelard à Tête noire et de Tête noire à Martigny pour savoir si la voie étai libre : que de fois avons-nous été contraints de nous arrêter à Tête noire pour attendre souvent plus de deux heures le passage de la voiture engagée dans l’autre sens… maman nous racontant le parcours qu’elle avait fait en diligence où le lourd véhicule risquait à tout moment de basculer … »

Ce n’est que plus tard dans les années 1950 que la route sera modernisée devenant largement plus accessible.

Sources : Sandro Benedetti : les voies de communications et le développement touristique. Les chemins historiques du canton du Valais. Berne : 2003

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