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Auteur/autrice : Christine BOYMOND LASSERRE

Guide conférencière. Pratique ma profession depuis maintenant plus de 40 ans. Ai acquis une longue expérience et de larges connaissances en terme d'histoire de patrimoine et d'architecture. Toujours passionnée par ces thèmes et ces sujets !

Mont Oreb à Vallorcine . D’où nous vient ce nom biblique ?

Mont Oreb… Mais d’où nous vient donc ce nom aux consonances bibliques ? Le Mont Oreb domine Vallorcine et culmine à 2634m

C’est un lieu  privilégié  durant ces périodes d’automne en raison de l’ensoleillement exceptionnel de sa face sud ouest. Une superbe randonnée sauvage nous emmène  au sommet. Ici c’est le domaine  des bouquetins et des marmottes, rarement dérangés car le lieu est peu fréquenté. De son pied partent des voies d’escalade aux noms  peu ordinaires. Selon les degrés de difficulté, vous pouvez grimper la voie de  « l’été indien », celle des  « diamants de sang » ou encore « la chasse aux trésors » ou « les chercheurs d’or ».

Au cours de ces escalades, on découvre  une pierre   gravée,   sur laquelle  on discerne un dessin précis où l’on  reconnaît les  « tables de la loi » ***. Étrange, non ?

Cette inscription pourrait-elle être la raison du nom biblique du sommet ? Pour information,  dans la bible est cité  le Mont Horeb (mais avec un H), où Moïse aurait reçu les fameuses tables de la loi (voir ci-dessous). Celui ci se situe dans le Sinaï,  culminant  à 2285m. .

Mais ici à Vallorcine ? Y a-t-il une réelle origine biblique ? Pourquoi donc ces inscriptions sur cette pierre perdue au milieu des voies d’escalade ? De tous temps les vallorcins  ont appelé ce sommet  l’Avouille Mousse ou encore la Tête Motze , c’est-à-dire l’Aiguille émoussée ou l’aiguille arrondie. Alors ? Pourquoi le Mont Oreb ?

La  réponse nous vient de l’ouvrage écrit par Germaine Lévy Pinard  (« La vie quotidienne à Vallorcine ») où celle-ci précise que Mr Horace Bénédict de Saussure demanda à son guide, Pierre Bozon,  le nom de la  montagne qui dominait le hameau du Couteray.  Il est évident que Mr de Saussure demandait le nom du sommet qu’il voyait. Mais au  18ème siècle, les sommets étaient rarement nommés, seuls les alpages  possédaient un nom.  Aussi  Pierre Bozon donna-t-il  à son client   le nom de l’alpage situé   à proximité. Celui-ci s’appelait « Lo rey » ou « Lo riez » (Loriaz actuel) .  Horace Bénédict de Saussure ne comprenant peut être pas avec précision ce que lui  dit son guide,  entendit « l’Oreb »… C’est ainsi que Mont Oreb  sera le nom donné par le naturaliste à cette montagne dominant le hameau,

 L’Avouille Mousse  prendra définitivement le nom biblique de Mont Oreb.

Mais pourquoi donc ces inscriptions sur une de ces pierres ? Il nous faut tout simplement remonter dans les années 1950  où un guide et son client, Roger Carro, radiesthésiste et chercheur d’or,  découvrent ce lieu particulier et  isolé. Ils ouvrent certaines de ces voies leur donnant ces noms originaux.

Roger Carro, mystique et probablement inspiré par le lieu et par ce nom biblique,   eut tout simplement  l’idée de graver ces tables de la loi. Ignorant probablement l’origine exacte du nom de ce sommet, il fut certainement intrigué par cette appellation religieuse peu commune, d’où son envie de marquer à jamais sur une pierre le symbole du Mont Oreb afin d’intriguer les futurs alpinistes! Aidé de son guide, il réalisa son projet… Le secret fut bien gardé jusqu’à nos jours.

 Ces inscriptions figurent encore. A vous de les trouver !

*** (Les tables de la loi sont, dans la bible,  des tables en pierre sur lesquelles Dieu a gravé les dix commandements.

 « Moïse retourna et descendit de la montagne, les deux tables du témoignage dans sa main; les tables étaient écrites des deux côtés, elles étaient écrites de l’un et de l’autre côté. Les tables étaient l’ouvrage de Dieu, et l’écriture était l’écriture de Dieu, gravée sur les tables. )

Comment une statue n’est pas toujours bien comprise

Non! La magnifique statue trônant au centre de Chamonix ne commémore pas la première ascension réalisée  par Jacques Balmat et Gabriel Michel Paccard en 1786. Elle représente  Horace Bénédict de Saussure avec  Jacques Balmat,   le docteur Michel Gabriel Paccard y est absent. Pourquoi ?

IMG_4059 - Copie

Regardons les inscriptions :

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A l’avant de la statue : A  H.B de Saussure – Chamonix reconnaissant –

A l’arrière on lit : Erigé en MDCCCLXXXVII (c’est-à-dire en 1887) – avec le concours des clubs alpins français, suisse, italien, anglais – l’Appalachian Mountain club de Boston – la société des touristes autrichiens et de l’académie des sciences de Paris.

Et oui! Cette statue fur érigée, un siècle plus tard,  à la mémoire de  Mr Horace Bénédicte de Saussure qui parvint au sommet du Mont Blanc en août 1787 (donc un an après la première ascension) avec l’aide de plusieurs  guides dont Jacques Balmat.

Mais pourquoi donc la statue honore-t-elle  de Saussure et non  nos deux chamoniards ?

En 1834 un testament de J.A.  Chenal Joseph-Agricola Chenal, homme politique savoyard de Sallanches, inscrit  dans son testament de mars 1834 que «  seront données quatre mille livres neuve du Pièmont…à la charge de faire élever à la commune de Chamonix un monument en granit d’après les plans et devis d’un architecte renommé et à l’endroit qu’il jugera à la mémoire de Mr Bénédict de Saussure, le premier qui  a fait connaître mes vallées et qui leur a donné la juste célébrité dont elles jouissent . Je veux que l’inscription suivante soit gravée  A Mr Bénédict de Saussure, Chamonix reconnaissant »

Il  est vrai que l’ouvrage  « Voyages dans les Alpes » de Mr  de Saussure   traduit en plusieurs langues, sera le best seller de l‘époque et nombre de visiteurs se  rendront dans la vallée à la suite de la lecture de cette œuvre. D‘ où la reconnaissance  de Mr Chenal envers Horace Bénédict  de Saussure qui avait, par ce livre, fait une des meilleurs publicités  qui soit pour les Alpes.

Plusieurs projets seront initiés dont un obélisque tiré du granit de la Pierre d’Orthaz. Mais la commune,  en octobre 1840, met fin à ce projet d’autant que l’obélisque a  été endommagé par quelques personnages malveillants. Ce legs de J.A. Chenal accordé sous le régime du royaume de Piémont Sardaigne devait aussi  être reconnu par  la France devenue en 1860  le nouvel état.

Ce sera chose faite en  1883  avec la précision que la somme devait  être utilisée dans un délai de 5 ans. Les choses se précipitent. Le legs n’est pas suffisant pour réaliser un monument prestigieux et c’est ainsi qu’une commission est créée pour rassembler  les fonds. Divers clubs alpins participent ainsi au financement de ce monument.

Il est inauguré en grande pompe le 28 août 1887 pour les cent ans de l’ascension du Mont Blanc par Mr Horace Bénédict de Saussure

.C’est ainsi que Chamonix possède un des plus beaux monuments savoyards. Cette statue, représentant  le savant et l’alpiniste, unis par un regard commun en direction  du sommet, est magnifique.

Michel Gabriel Paccard et Jacques Balmat seront à leur tour honorés, en 1875 pour Balmat par une stèle sur le parvis de l’église, et en 1932 pour Paccard par un médaillon à l’entrée de l’Hôtel de ville puis enfin par sa propre statue en 1986 à l’occasion du  bicentenaire de la première ascension du mont Blanc.

puis enfin par sa propre statue en 1986 à l’occasion du  bicentenaire de la première 

CHRISTINE BOYMOND LASSERRE

Comment dans les temps anciens voyageait- on pour arriver à Chamonix ?

L’accès à Chamonix fut toujours difficile.

Au XIXème siècle, si l’on arrivait relativement facilement à Sallanches en diligence ,  accéder à la vallée était bien souvent une aventure. En raison du chemin accidenté, traversant nants et torrents, nul véhicule ne pouvait  impunément rouler sur ces chemins trop raides, trop périlleux.

Tableau Eugène Guérard. "la poste de Sallanches à Chamonix" année 1850 - Copyright RMN (Réunion des musées nationaux)
Tableau Eugène Guérard. « La malle poste de Sallanches à Chamonix  » 1850 -Copyright RMN (Réunion des musées nationaux)

Le moyen le plus courant était bien sûr le mulet ou la marche à pied.  Mais parfois les touristes empruntaient un  attelage des plus rudimentaires : le char à bancs, sorte de voiture hippomobile ouverte, à quatre roues, munis de bancs disposés parallèlement aux essieux…pas vraiment confortables !  Et lorsque la pente était trop raide ou trop glissante le voyageur était  prié de descendre du véhicule. On démontait le  char  que l’on remontait ensuite quelques centaines de mètres plus loin.  

Lors de son voyage vers les glacières de Chamonix   l’empereur Napoléon III,   effrayé par cet itinéraire éprouvant, offrit une somme d’argent pour  la construction d’une route carrossable  plus large, plus grande et moins dangereuse.

Ce qui fut fait. La route arriva définitivement à  Chamonix en 1870.

A partir de cette date très rapidement, les diligences arrivèrent directement de Genève  à Chamonix. Tout d’abord une  par semaine, puis une par jour voire deux ou plus. Elles  quittaient Genève à 8h du matin et arrivaient à Chamonix vers 16h.

Il  existait plusieurs modèles de diligences, plus ou moins grandes en fonction du nombre de voyageurs.  D’une manière générale, les voitures étaient divisées en 3 compartiments comportant à l’avant un siège couvert appelé « coupé » comprenant  trois sièges plus celui du cocher,  au centre à l’intérieur une partie appelée  « berline »  pouvant contenir 6 ou 8 personnes, ,  parfois une autre berline située au dessous de cette  première,  à l’arrière un siège appelé « rotonde » pour 3 personnes (mais peu apprécié des voyageurs). Parfois sur le toit se trouvait une banquette appelée impériale. Les tarifs évidement étaient variables en fonction de l’emplacement du siège dans le véhicule. Les bagages souvent encombrants  se trouvaient soit en haut, soit dans des coffres à l’avant ou à l’arrière du véhicule. Pour accéder à l’intérieur de la diligence  on avait besoin d’une échelle. Il existait parfois des marchepieds portefeuilles. La partie intérieure de la berline était recherchée car plus confortable… Mais plus chère aussi. Elle était habituellement agrémentée de larges banquettes ou coussins rembourrés  de crin animal ou végétal. Il existait aussi un coussin particulier de forme allongée et très souple appelé rouleau  de voyage qui servait à caler les épaules et le cou… On imagine bien volontiers les secousses. On devait arriver exténués !

A l’arrivée une cohorte de concierges des divers hôtels de la vallée attendaient le client potentiel pour leur proposer un hébergement

L’arrivée du train à Saint Gervais accéléra l’arrivée des touristes dans la vallée et parfois l’on pouvait avoir quatre, cinq diligences arrivant directement de ce terminus.

Dès que le train arriva à Chamonix en 1901 les diligences cessèrent rapidement leurs voyages.  Et on allait entrer dans une autre période, celle des automobiles à moteur.

L’évolution de Chamonix entre 1864 et 1930 : intéressant

Il est intéressant de regarder l’évolution du développement de Chamonix. Après l’incendie de 1855 une grande partie de la ville disparut dans les flammes (rue Vallot actuelle). Il fallut beaucoup de temps à l’administration locale et préfectorale pour engager une reconstruction que le préfet voulait « donner à cette perle précieuse de la France pittoresque ».

Ci-dessous diverses photos permettant de voir l’évolution de la ville entre 1864 et 1930.

C’est seulement en 1864 que l’on voit la  première politique d’alignement appliquée à la rue principale. Ceci  grâce à la « générosité initiative du gouvernement qui par les subventions qu’il a accordé a permis à la commune de donner un tout nouveau aspect à Chamonix à la plus grande satisfaction des étrangers et des gens du pays… »

Grotte naturelle ou grotte artificielle au glacier des Bois ?

Dès la fin du 18ème siècle, les premiers visiteurs venus à Chamonix avaient pour habitude d’aller découvrir la grotte naturelle formée  au niveau de la langue terminale du glacier des Bois et par laquelle jaillissait la source de l’Arveyron.

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Aquarelle de Samuel Birmann . Collection Payot
« La mer de glace et le villages des Pratz en août 1823 »

Le site était particulièrement impressionnant en raison du vacarme provoqué par l’eau qui s’en échappait.

Mr Martel venu en 1742 (qui donna le premier le nom de « Mont Blanc » à ces monts affreux)  découvre cette grotte dont parlent ses guides, elle a alors 26 mètres de haut.

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Aquatinte en couleur de Samuel Grundmann.                 –  Vue extérieure de la grotte de l’Arveyron .1826

Plus tard,  le genevois Marc Théodore  Bourrit, lors de ses nombreux voyages   à Chamonix (entre 1760 et 1790),   aimait beaucoup emmener des visiteurs à la découverte de ce lieu « magique ».

Que vous dirai-je des sources de l’Arveyron ? Rien, assurément qui puisse vous donner l’idée de cette merveille… Imaginez un portique immense en forme de cintre, l’Arveyron sortant en bouillonnant au fond de cette voûte de glace que le soleil embellissait de toutes les couleurs de l’arc en ciel. Des quartiers de rochers, des masses énormes de glaces détachées, environnant cette redoutable enceinte et semblant en défendre l’entrée. Nous pénétrâmes à travers ces débris mais l’Arveyron empêche que l’on puisse pénétrer plus savant. Nous en vîmes assez pour juger de l’enfoncement prodigieux de la voûte et de la beauté de la glace….Cette voûte tombe, s’écroule,  en éclats, chaque année et se ferme, puis reparaît à la fonte des neiges… »

Horace Bénédicte de  Saussure, ce naturaliste genevois qui fit la 3ème ascension du Mont Blanc, en parle comme une excursion facile. Par lui on apprend que l’on   met une heure pour s’y rendre mais il précise qu’il peut y a voir un certain danger, souvent des blocs de glace s’effondrent…

En 1800 elle mesure 32m de haut. En 1816 elle   reçoit la visite des poètes romantiques qu’étaient Byron et Shelley.

La langue glacière à cette époque arrivait au niveau du pas de tir récemment aménagé.

 Cependant, en Suisse,  à Grindelwald, sur le glacier inférieur, une grotte artificielle est réalisée dès 1861. Cette idée germa à Chamonix. Un «étranger » propose  d’en creuser une au glacier des Bois. L’autorisation lui fut  refusée par la mairie mais une année plus tard une concession est donnée aux guides Jean Marie et Michel Couttet. Le projet aboutit durant l’été 1863. On creuse une galerie de 26 m qui conduit à une rotonde. A côté existait une crèmerie appelée « Au Touriste ».

Ce fut la première grotte artificielle de Chamonix.

Photos de la grotte  à découvrir dans l’ouvrage de Rémi Fontaine « Chamonix et es glaciers. les premières images ».Page 122 et 123

En 1868, Théophile Gauthier passe quelques jours à Chamonix. Dans son livre Vacances du Lundi il écrit :

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On arrive en serpentant à travers des blocs de rochers en désordre, de flaques d’eau sur lesquelles sont posées des planches …Un guide qui se tient dans un petit chalet décoré de photographies, nous mena voir, un peu malgré nous, la curiosité qu’il exploite. On paye cinquante centimes par personne. Ce n’est pas cher sans doute mais cela vous détourne de votre but. C’est une sorte de cave d’azur, un trou dans le flanc du glacier, que nous soupçonnons fort d’avoir été élargi et régularisé de main d’homme. A l‘entrée  le jour pénétrant l’arcade de glace produit un effet assez magique. On avance suivant dans la boue une planche étroite et protégé par un parapluie de coton contre les gouttelettes qui tombent  de la voûte avec un tintement sonore. Quelques chandelles grésillantes, placées de loin en loin, jouent de leur les feux de Bengale et tâchent inutilement de donner à cette caverne humide un aspect féerique. On revient sur ses pas et l’on se trouve avec plaisir hors de cette atmosphère moite et glaciale.

Le tour est fait et vous êtes libre d’aller admirer à quelques pas la grande arche de cristal par laquelle l’Arveyron sort en bouillonnant du glacier impatient de se produire à la lumière après avoir si longtemps cheminé …

1867 voit le renouvellement du bail.

En 1869 Venance Payot évoque une galerie de 100 mètres de long difficile à réaliser. Ensuite il n’y aura plus de grotte artificielle. La grotte naturelle disparaîtra elle aussi…

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Grotte glacier des Bossons

La grotte du glacier des Bossons creusée vers 1865, facile d’accès  devient la grotte la plus connue de la vallée.

On oubliera définitivement la grotte du glacier des Bois

Une heureuse initiative : la restauration de la chapelle des Tines

Depuis des temps immémoriaux,  les habitants du village ont témoigné leur attachement à cette chapelle consacrée à Saint Théodule.

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Depuis des temps immémoriaux,  les habitants du village ont témoigné leur attachement à cette chapelle consacrée à Saint Théodule. Ici, au Moyen Age, un oratoire consacré à Saint Roch, le protecteur contre

lIci, au moyen âge, un oratoire consacré à Saint Roch, le protecteur contre la peste,  fut élevé à la suite d’une épidémie de cette maladie qui, selon la légende, s’est arrêtée  aux Tines.

En 1500, une bulle papale nous apprend l’édification d’une chapelle dédiée à Saint Théodule. Ce document est intéressant car il y est précisé que cette chapelle se situe au village du Chatelard, qui fut plus tard détruit par l’avancée du glacier des Bois.

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Le culte de Saint Théodule, premier évêque du Valais,  fut probablement initié par une population locale très tournée vers cette région. Beaucoup y travaillaient, nombreux étaient ceux qui allaient sur les marchés de Martigny et donc étaient donc familiarisés avec le culte de ce valaisan.

Pendant plus de 250 ans les habitants  s’astreindront à entretenir le  bâtiment feront donner t régulièrement des messes et des prières par le biais de fondations dont certaines sont nommées dans des documents notariés.

En 1777 la chapelle est réédifiée.

Petite histoire de la chapelle des Tines

Mais elle fut détruite durant la révolution au moment de l’occupation française.  Puis elle  renaîtra encore  par la volonté des habitants, qui ensuite se feront fort de l’entretenir.

La dernière décoration intérieure est due aux royalistes de la vallée de Chamonix. Sous l’impulsion de Mr Cheilan, propriétaire de l’hôtel Excelsior, elle sera ornée en 1938 d’un décor à la mémoire du vœu de Louis XIII. Effectivement, pour le 300ème anniversaire  de ce vœu qui vit le roi mettre la France sous la protection de la Vierge après que celle-ci lui eut  accordé un fils, les royalistes locaux orneront la chapelle de fleurs de lys, d’une statue dédiée à Jeanne d’Arc et d’une autre à Saint Louis, protecteur des rois de France.

Tel est le décor actuel. Celui que les habitants des Tines ont restauré.

Le maître autel est orné d’un grand tableau représentant Saint Théodule. Cette œuvre  est d’origine.

Stèle de Charles Edward Matthews à Chamonix (1834 -1905)

Dans le parc de l’ancien Grand Hôtel Couttet et du parc, parmi les ronces et les herbes hautes  se trouve une stèle dont l’inscription est devenue illisible. Menacée par le non entretien, l’oubli et  l’indifférence cette stèle cependant rappelle les liens étroits d’une vieille famille hôtelière chamoniarde avec ses clients anglais.cription est devenue illisible

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.Menacée par le non entretien, l’oubli et  l’indifférence cette stèle cependant rappelle les liens étroits d’une vieille famille hôtelière chamoniarde avec ses clients anglais

Taillée dans le granit cette stèle est sculptée d’un poème dédié à Charles Edward Matthews qui oeuvra  avec son frère William à la fondation de l’Alpine club  en 1857. Il en fut le président de 1878 à 1880. Pendant plus de 40 ans il arpenta les Alpes, grimpa avec les meilleurs de son temps dont Leslie Stephen ou Whymper .Il réalisa  quelques premières et fit, entre autre, une douzaine de fois l’ascension du Mont Blanc. De cette expérience il écrivit en 1898  une monographie du Mont Blanc intitulé «  les Annales du Mont Blanc » en y faisant un historique détaillé, décrivant avec moult détails les diverses voies d’accès sur ce sommet mythique.

Si il se rendait en Suisse régulièrement il ne pouvait se passer de Chamonix et son lieu de résidence était cet hôtel réputé de l’époque « le grand hôtel Couttet et du parc ». Ici les alpinistes anglais  avaient pour habitude depuis près d’un demi-siècle  de résider dans cet hôtel confortable et où l’accueil était toujours chaleureux. A sa mort l’Alpine Club admiratif de cet homme exceptionnel décida d’y installer une stèle à sa mémoire dans le parc de son hôtel préféré Et est inscrit en latin .

« A un amoureux de la montagne

A sa mort l’Alpine Club admiratif de cet homme exceptionnel décida d’y installer une stèle à sa mémoire dans le parc de son hôtel préféré Et est inscrit en latin ..

Les membres de la fraternité alpine

A un de ses membres

Les frères à l’un de ceux qui ont

Assisté les fondateurs

Les amis à un amis très sur

Il s’en est allé pleurer partout. »

Sources : Alpine club

Les façades changeantes de l’église de Chamonix

Depuis le XIIème siècle,  Chamonix possède une église.  Elle ne fut  tout d’abord  qu’une chapelle pour les Bénédictins installés dans la vallée par les comtes de Genève,  construite selon  l’orientation traditionnelle  Est- Ouest.

dessin réalisé par Mr René Simond de l’association des l Amis du Vieux Chamonix

De par son emplacement, elle est au cœur de la vie chamoniarde.  Ici  ou à ses abords immédiats se déroulent nombre de cérémonies, réunions publiques.  Les chamoniards défendent leurs intérêts à l’intérieur même de cet édifice dont ils ont la charge. Elle est détruite par un incendie le 4 décembre  1583… «La maison et l’église du prieuré qui furent harses et bruslés ». On entreprend de nouveaux  travaux en 1587. Elle est  reconstruite si sommairement qu’en 1606, lors de la visite de l’évêque Saint François de Sales, celui-ci en note l’état de délabrement.

Probablement trop vétuste et devenue insuffisante ou exigüe,  elle est reconstruite de 1702 à 1709 dans son orientation  actuelle*, par des maîtres italiens originaires du Valsesia,  aux frais des paroissiens, hormis le chœur que financent les chanoines de Sallanches. Seul est conservé l’ancien  clocher.

L’église est de style baroque. Elle est consacrée le 8 septembre 1714. Le nouvel évêque remarque sa « magnificence » et la considère comme une des plus belles églises de son diocèse. Plus tard,  en 1758 un nouveau et violent incendie détruit la charpente et une grande partie du mobilier. L’église perd alors son décor typique du XVIIIème siècle.

Au  XIXème, la vallée s’ouvre au tourisme, l’église s’orne alors d’un décor empire qui subsistera jusqu’en 1926. Détériorée par les nombreuses infiltrations d’eau, l’église sera peu à peu dépouillée de son ornementation. Ne seront conservés  que le retable principal et les retables latéraux. Si l’aménagement intérieur  varie avec le temps et les modes, il en est de même pour sa façade extérieure qui d’une façade baroque magnifique (élevée en 1709), passe en 1840 à une façade composée d’un péristyle avec fronton triangulaire, celui-ci  reposant sur 4 colonnes. Cependant,  on remarque  à l’arrière les restes du décor baroque.

Ceci pour  une quarantaine d’année seulement car dès 1862, voulant rajouter une travée à l’église (afin de pouvoir recevoir plus de monde) sous les recommandations d’un architecte annécien Mr Camille Ruphy,  on modifie à nouveau  son aspect extérieur.

A l’époque,  Chamonix découvre et exploite depuis peu le granit, pierre si dure à travailler. La porte est ainsi agrémentée  d’encadrements de granit mais également  de lourds pilastres  qui ceinturent la façade orientée vers le sud. C’était une grande nouveauté pour l’époque.

Cette façade est toujours la façade actuelle.

L’église de Chamonix sera classée monument historique en 1979 après le passage de monsieur le président de la république Mr Valery Giscard d’Estaing.

source : Archives association des Amis du Vieux Chamonix

Le REGINA au village des PRAZ

Hôtel prestigieux de 5 étages construit en 1906 par Marie Couttet, veuve avec cinq enfants, qui en entreprend la construction après celle du National des Praz.

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A l’architecture typiquement chamoniarde, avec ses encadrements de granit, il possède à cette époque en face nord (sur la route nationale) un très beau porche d’entrée avec une marquise, hélas détruit depuis.
Sa face sud élégante rythmée par une alternance de balcons offre à toutes les chambres une vue magnifique sur le Mont Blanc. Une longue terrasse au rez de chaussée ouvre sur un grand parc et permet d’accéder aux jardins ombragés.
Il reçoit essentiellement une clientèle fidèle de médecins et d’enseignants d’Afrique du nord qui souvent restent tout l’été, du 15 juin au 15 septembre; pour cette raison il sera nommé un temps « le grand hôtel d’Orient ».
Cet hôtel, ainsi que le National, n’ouvrent qu’en été, la famille étant propriétaire d’autres hôtels sur la côte d’Azur. De ce fait, la clientèle n’a besoin que d’un chauffage dit de « demi saison » lors des froides journées d’été. Seuls les lieux communs fréquentés par la clientèle possèdent des radiateurs, et les clients ouvrent les portes de leurs chambres afin de profiter de la chaleur.
La Gendarmerie nationale rachète le bâtiment en 1967 pour y recevoir les familles de gendarmes en vacances.
Il est rehaussé de deux étages en son sommet, notamment pour y installer un restaurant panoramique, et d’une cage d’ascenseur sur le côté dans les années 1970. Cette transformation esthétiquement malheureuse détruit complètement l’équilibre originel de cet élégant bâtiment chamoniard.

 

En janvier 1924 à Chamonix

Les premiers jeux olympique d’hiver

Public au stade olympique devant la tribune officielle. Photo Auguste Balmat

En ce 5 février 1924,  se clôturaient les premiers jeux olympiques d’hiver, et c’était à Chamonix. A l’époque on l’appelait la Semaine Internationale des Sports d’Hiver de Chamonix Mont Blanc. Elle prendra plus tard le nom de Jeux olympiques d’hiver. Après la décision de choisir Chamonix pour accueillir la semaine internationale des sports d’hiver, en seulement un an, les différentes installations sont construites.

La patinoire olympique en forme d’anneau, qui servira de stade olympique pour la cérémonie d’ouverture est bâtie. Une surface de 27660 m2 de glace est préparée, comprenant également une piste de course et un terrain de curling, nécessitant la construction préalable d’un mur de béton soutenant un remblai destiné à endiguer la rivière et des conduites d’eau sont aménagées pour alimenter la surface de glace.

Le tremplin de saut est construit au lieu-dit « Le Mont » près du Glacier des Bossons. Il fera 79m de longueur et devra permettre de réaliser des sauts à 60m et plus.

La piste de bob longue de 893m et comportant 19 virages est installée aux Pèlerins, sous l’Aiguille du Midi nécessite une grande précision pour l’inclinaison des virages. Elle est réalisée non sans difficultés en pierre de maçonnerie en attendant son enneigement. Pour cette première compétition multisports dans la vallée de Chamonix, 258 athlètes (245 hommes, 13 femmes) représentant dix-sept nations sont présents : Autriche, Belgique, Canada, Etats-Unis, Estonie, Finlande, France, Grande-Bretagne, Hongrie, Italie, Lettonie, Norvège, Pologne, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie et Yougoslavie. Ce fut un réel succès. Celui-ci fut  assuré par des journalistes venus de l’Europe entière, mais aussi des USA.

Le couple Andrée Joly et Pierre Brunet : médaille de bronze

39 Français participent aux diverses compétitions dont deux femmes. L’une d’elle,  Andrée Joly,  gagnera la médaille de bronze de patinage en couple avec Pierre Brunet. De nombreux abandons sont à noter en raison soit du froid intense soit d’un niveau trop bas des concurrents  pour certaines disciplines.

15 compétiteurs  hommes sont originaires de Chamonix.

On répertorie 16 épreuves parmi les activités sportives les plus pratiquées de l’époque : Patinage : artistique, vitesse,  hockey. Curling. Bobsleigh.

Ski de fond : 18km-30km-50km.  Les 50km est  l’épreuve la plus éprouvante pour les concurrents. Il fait très froid ce jour là. De nombreux abandons sont à noter.

Combiné nordique (ski de fond + saut).

Epreuves militaires (ski de fond + tir).

Saut à ski.

Le ski alpin ne fait pas encore partie de ces jeux d’hiver. Bien que Chamonix ait en 1908 organisé des  compétitions de ski,  cette discipline   n’est pas encore retenue  par les instances olympiques. A l’issu de la semaine, la France a  récolté trois médailles de bronze. Une en patinage artistique couple, une en curling et la troisième  en patrouilles militaires avec les concurrents chamoniards les frères Mandrillon. La France ne sera que la 9ème nation sur 16. La Norvège première nation de tous les états représentés  récoltera  4 médailles d’or, 7 d’argent et 6 de bronze.

Le maire Jean Lavaivre soutenu par les hôteliers chamoniards aura donné toute son énergie à défendre la candidature de Chamonix. Il avait compris l’importance de ces jeux qui seront une immense promotion pour la station chamoniarde face aux stations suisses comme Davos ou saint Moritz. Les chamoniards auront participé avec beaucoup d’énergie et de sens du bénévolat … afin que ces jeux soient une réussite.

L’enfant de Shôzô Hamada : une statue ravissante

Une adorable petite statue orne depuis 1998 l’entrée des jardins de Fujiyoshida (au dessus du parking saint Michel à sa sortie supérieure).


Arrêtez- vous ! Elle vous sourit, vous interpelle, vous invite au à la sérénité.
Cette statuette exprime la douceur. Elle dégage tant de de quiétude que nous pourrions avoir envie de l’emporter !

Offerte à Chamonix, à l’occasion du vingtième anniversaire du jumelage de Chamonix avec Fujiyoshida, la cité japonaise a fait appel à Mr Shôzô Hamada sculpteur japonais, originaire de la ville. Cette statue est un joli témoignage de la nature des liens qui lient Chamonix à Fujiyoshida, sa ville jumelle depuis 1978.
Cette œuvre, intitulée « warashiko »signifie « l’enfant » .Elle révèle le sentiment profond d’un homme attentif aux émotions de ses semblables. Les mains magiques de cet artiste transforment ce matériau dur, si difficile à travailler. Il le réchauffe, le modèle et arrive avec une habileté étonnante à donner une lumière au regard de cet enfant. C’est magnifique… Parvenir à faire parler la pierre avec une telle expression est bien la preuve de son talent.

Arêtez- vous !  Elle vous sourit, vous interpelle, vous invite au à la sérénité.

Cette statuette  exprime la douceur. Elle dégage tant de  de quiétude  que nous pourrions avoir  envie de  l’emporter !  

Offerte à Chamonix,  à l’occasion du vingtième anniversaire du  jumelage de Chamonix avec Fujiyoshida, la cité japonaise a fait appel à Mr Shôzô Hamada  sculpteur japonais, originaire de la ville. Cette statue  est  un joli  témoignage  de la nature  des liens qui lient Chamonix à Fujiyoshida,  sa ville  jumelle depuis 1978.

Mr Shôzô Hamada a sculpté ainsi de très nombreuses petites statues du même matériau. Essaimées dans tout le Japon,  elles font la joie des japonais.

Source : Chantal Lafuma, association jumelage Fujiyushida

Les Soldanelles (2) :

Suite à l’article sur les préventoriums des Soldanelles et Miremont j’au reçu de nombreux mails de  réactions d’anciens « jeunes malades ». Certains de ces courriers sont effectivement intéressants aussi  je vous propose de partager avec vous quelques uns de ceux-ci. Tous parlent avec émotion de ces moments passés aux Soldanelles au pied du Brévent. Beaucoup se souviennent de l’extrême gentillesse de Mr et Mme Aulagnier. Leurs souvenirs d’enfants sont touchant voire poignants. Je ne peux m’empêcher de vous les transmettre.

Bonjour Madame, j’ai trouvé par hasard  votre communication sur le préventorium des Soldanelles, duquel j’ai été pensionnaire de Mars à Juin 1964 à l’âge de 13 ans Cela m’a permis de revivre avec émotion ces quelques mois passés à Chamonix, de revoir le docteur Aulagnier, son épouse – ils étaient très gentils tous les deux, le Miremont où nous passions nos radiographies et les visites médicales, enfin plein de souvenirs, de visages et de noms, des anecdotes qu’il faudrait que j’écrive un jour sur la vie dans cet établissement. Je l’ai recherché lors d’un séjour à Chamonix vers 1995 mais les bâtiments n’existent plus, remplacés par des immeubles d’habitations de masse. Merci Madame de m’avoir donné l’occasion de me remémorer tout cela,

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Madame,

Merci de votre disponibilité. Je vous confirme donc que mon père, le Dr Armand Olivennes ( a l’époque Oliewenstein) a été gardé pour une primo infection tuberculeuse au sana des Soldanelles. Il y est resté pendant plusieurs mois (ou années??) et a été caché dans un grenier par le Dr Aulagnier lors d’une (une c’est sur ou plus??) rafle a la recherche d’enfants juifs (par des français ou allemands?). 

Je recherche donc la famille de ce Dr Aulagnier. 

Si vous avez des informations sur les prénoms des enfants Aulagnier, je suis intéressé. Peut être par l’état civil de la mairie de Chamonix. 

Bien a vous. 

Pr François OLIVENNES

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Livre  « L’autre éducation sentimentale » de Pierre-Jean REMY, de l’Académie française, qui raconte son séjour aux Soldanelles en 1951, à partir de la page 70  jusqu’à la page 85.

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En tant qu’ancien pensionnaire, J’ai pris connaissance de votre page sur les préventoriums le Miremont et les Soldanelles avec émotion…

Christian Leygnier

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SOUVENIRS DE MON SÉJOUR AUX SOLDANELLES,

préventorium de Chamonix, de mars à juin 1964.

Comte DP

Si je dois remonter le fil de ma mémoire pour me remémorer ce court séjour en Haute-Savoie, je me revois d’abord quittant un soir le port de Marseille avec Maman, disant adieu à Papa et à mes frères et sœurs qui nous avaient accompagnés depuis la Corse jusque là, pour rejoindre la Gare Saint-Charles en exergue d’un voyage nocturne dont la perspective ne m’enchantait guère…Une atmosphère fébrile enveloppait alors l’immense halle métallique, un brouhaha de cris, de sifflets, des porteurs qui se bousculaient, s’invectivaient, des voyageurs pressés, la fumée de quelques locomotives bruyantes dont les tampons s’entrechoquaient violemment contre des wagons ou des butoirs, rien de rassurant pour un gamin de treize ans qui venait tout juste de quitter sa montagne natale et qui se préparait à sa première séparation d’avec le cocon familial.

Depuis plusieurs mois je traînais avec  une mauvaise toux, assez légère mais accompagnée d’une petite fièvre qui avait inquiété mes parents. N’avions-nous pas avec nous notre grand-oncle paternel, dont on disait qu’il était poitrinaire, et dans les bras duquel j’étais toujours fourré, souvent pour écouter à la radio une émission qu’il affectionnait particulièrement, « Les Grandes Voix Humaines », les grands airs d’opéra que j’ai grâce à lui appris à aimer…De fait, au cours de l’année 1963, j’avais appris à l’Institution Sainte-Marie que ma cuti-réaction à la tuberculine était devenue positive et il avait fallu dès lors, d’examen en examen, de radiographie en radiographie, se résoudre à l’idée qu’une « primo-infection » tuberculeuse était à l’œuvre. Nous étions même venu consulter, à Marseille, l’éminent professeur de Lannoy, un ami de Papa, chez lequel on m’avait pratiqué une des toutes premières tomographies, examens qui confirmaient la nécessité d’un traitement au P.A.S. ( Para-Amin salicylate de Sodium ) , sorte de granulé amer qu’il me fallut ingurgiter plusieurs fois par jour, juste avant les repas, durant des mois, sans qu’une amélioration ne se dessinât vraiment.

Après de nouvelles consultations, provisoirement déscolarisé, je passais le triste hiver 1963/64 devant la télévision, alité ou en chambre, isolé de mes frères , sœurs et cousins, que je ne voyais qu’à certaines heures de la journée pour de courts intermèdes de jeux.

Mes parents avaient opté pour un séjour en haute-montagne, non pas en sanatorium comme cela avait été décidé pour un de mes frères aînés cinq ans auparavant, et qui était parti deux années chez les sœurs du Roc des Fiz, non. Pour moi , il n’y avait pas nécessité d’un traitement de choc, un séjour à Chamonix devait normalement suffire avec une poursuite médicalisée du traitement au PAS. Les médecins conseillaient alors volontiers le préventorium du docteur Aulagnier, un établissement de taille humaine, pratiquement en ville ou aux abords immédiats de Chamonix, une structure quasi familiale, catholique, dotée d’une institutrice, en lien permanent avec les parents constamment informés des progrés de la santé de leur progéniture, bref rassurante pour les enfants qui ne se sentaient pas ainsi complètement coupés de leur milieu familial et pour les parents qui suivaient de très près les progrès de leurs fils.

Le train Marseille-Valence entrait en Gare au moment où nous en franchissions l’entrée, une belle locomotive électrique très différente des noires motrices suant et crachant des jets de vapeurs. Mais à Valence, à la nuit tombée, il avait fallu en changer pour prendre la direction de Saint-Gervais, sur une ligne non encore électrifiée. A Saint-Gervais, à demi-endormi, il avait fallu quitter le train pour une micheline qui allait nous conduire à Chamonix, où nous attendait au matin un chauffeur de l’hôtel Savoy. Installés à cet hôtel, il nous était possible d’apercevoir alors les chalets du préventorium des Soldanelles, dont j’ai appris bien plus tard que l’un d’eux avait été construit par Violet le-Duc. En haut d’un vaste pré, trois bâtisses en bois plus ou moins tarabiscotées  des balcons ouvragés, des grands sapins, le décor en arrière-plan du sommet du Brévent ponctué d’énormes pylônes d’un téléphérique, voilà ce que je découvrais de la fenêtre de ma chambre. Celle de Maman donnait sur la ville et sur le massif du Mont-Blanc, les Grandes Jorasses, le Dru dont je n’allais pas tarder à apprendre qu’une pâtisserie réputée composait des spécialités au chocolat ainsi dénommées dont j’allais faire mon régal à chaque visite de mes parents.Nous étions attendus au Miremont, sorte de villa blanche de la montée de la Mollard, au dessus de l’église paroissiale. Je revois le bon docteur Aulagnier qui, dès notre arrivée, sût gagner ma confiance par des paroles rassurantes, une grande gentillesse alliée à une sorte d’autorité naturelle

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SOUVENIRS DE MON SÉJOUR AUX SOLDANELLES,

préventorium de Chamonix, de mars à juin 1964.

Comte DP

Si je dois remonter le fil de ma mémoire pour me remémorer ce court séjour en Haute-Savoie, je me revois d’abord quittant un soir le port de Marseille avec Maman, disant adieu à Papa et à mes frères et sœurs qui nous avaient accompagnés depuis la Corse jusque là, pour rejoindre la Gare Saint-Charles en exergue d’un voyage nocturne dont la perspective ne m’enchantait guère…Une atmosphère fébrile enveloppait alors l’immense halle métallique, un brouhaha de cris, de sifflets, des porteurs qui se bousculaient, s’invectivaient, des voyageurs pressés, la fumée de quelques locomotives bruyantes dont les tampons s’entrechoquaient violemment contre des wagons ou des butoirs, rien de rassurant pour un gamin de treize ans qui venait tout juste de quitter sa montagne natale et qui se préparait à sa première séparation d’avec le cocon familial.

Depuis plusieurs mois je traînais avec  une mauvaise toux, assez légère mais accompagnée d’une petite fièvre qui avait inquiété mes parents. N’avions-nous pas avec nous notre grand-oncle paternel, dont on disait qu’il était poitrinaire, et dans les bras duquel j’étais toujours fourré, souvent pour écouter à la radio une émission qu’il affectionnait particulièrement, « Les Grandes Voix Humaines », les grands airs d’opéra que j’ai grâce à lui appris à aimer…De fait, au cours de l’année 1963, j’avais appris à l’Institution Sainte-Marie que ma cuti-réaction à la tuberculine était devenue positive et il avait fallu dès lors, d’examen en examen, de radiographie en radiographie, se résoudre à l’idée qu’une « primo-infection » tuberculeuse était à l’œuvre. Nous étions même venu consulter, à Marseille, l’éminent professeur de Lannoy, un ami de Papa, chez lequel on m’avait pratiqué une des toutes premières tomographies, examens qui confirmaient la nécessité d’un traitement au P.A.S. ( Para-Amin salicylate de Sodium ) , sorte de granulé amer qu’il me fallut ingurgiter plusieurs fois par jour, juste avant les repas, durant des mois, sans qu’une amélioration ne se dessinât vraiment.

Après de nouvelles consultations, provisoirement déscolarisé, je passais le triste hiver 1963/64 devant la télévision, alité ou en chambre, isolé de mes frères , sœurs et cousins, que je ne voyais qu’à certaines heures de la journée pour de courts intermèdes de jeux.

Mes parents avaient opté pour un séjour en haute-montagne, non pas en sanatorium comme cela avait été décidé pour un de mes frères aînés cinq ans auparavant, et qui était parti deux années chez les sœurs du Roc des Fiz, non. Pour moi , il n’y avait pas nécessité d’un traitement de choc, un séjour à Chamonix devait normalement suffire avec une poursuite médicalisée du traitement au PAS. Les médecins conseillaient alors volontiers le préventorium du docteur Aulagnier, un établissement de taille humaine, pratiquement en ville ou aux abords immédiats de Chamonix, une structure quasi familiale, catholique, dotée d’une institutrice, en lien permanent avec les parents constamment informés des progrés de la santé de leur progéniture, bref rassurante pour les enfants qui ne se sentaient pas ainsi complètement coupés de leur milieu familial et pour les parents qui suivaient de très près les progrès de leurs fils.

Le train Marseille-Valence entrait en Gare au moment où nous en franchissions l’entrée, une belle locomotive électrique très différente des noires motrices suant et crachant des jets de vapeurs. Mais à Valence, à la nuit tombée, il avait fallu en changer pour prendre la direction de Saint-Gervais, sur une ligne non encore électrifiée. A Saint-Gervais, à demi-endormi, il avait fallu quitter le train pour une micheline qui allait nous conduire à Chamonix, où nous attendait au matin un chauffeur de l’hôtel Savoy. Installés à cet hôtel, il nous était possible d’apercevoir alors les chalets du préventorium des Soldanelles, dont j’ai appris bien plus tard que l’un d’eux avait été construit par Violet le-Duc. En haut d’un vaste pré, trois bâtisses en bois plus ou moins tarabiscotées  des balcons ouvragés, des grands sapins, le décor en arrière-plan du sommet du Brévent ponctué d’énormes pylônes d’un téléphérique, voilà ce que je découvrais de la fenêtre de ma chambre. Celle de Maman donnait sur la ville et sur le massif du Mont-Blanc, les Grandes Jorasses, le Dru dont je n’allais pas tarder à apprendre qu’une pâtisserie réputée composait des spécialités au chocolat ainsi dénommées dont j’allais faire mon régal à chaque visite de mes parents.Nous étions attendus au Miremont, sorte de villa blanche de la montée de la Mollard, au dessus de l’église paroissiale. Je revois le bon docteur Aulagnier qui, dès notre arrivée, sût gagner ma confiance par des paroles rassurantes, une grande gentillesse alliée à une sorte d’autorité naturelle. Un homme aux cheveux blancs coupés en brosse, des lunettes cerclées d’or, une blouse blanche, et son épouse, également médecin, une femme digne, dont je me rappelle qu’elle usait d’une canne, et que d’elle aussi émanait une certaine autorité presque masculine, qui me rappelait la directrice des louveteaux, une « continentale » qui commandait aux cheftaines pour tout le district de Corse…

A mon grand effroi, c’est là qu’il a fallu me séparer de Maman, qui repartait le soir mais qui ne restait pas pour mon entrée dans l’établissement. C’est le docteur qui me conduisit aux Soldanelles où j’allais maintenant découvrir le cadre de ma nouvelle vie.

L’établissement était composé de trois chalets, en plus du Miremont: le petit chalet accueillait je crois bien les tous petits, le chalet des filles ensuite, puis le chalet des garçons où m’attendaient Mademoiselle Mermier, et son adjointe Mademoiselle V. exactement), deux « vieilles demoiselles » plutôt revêches, mais dont j’allais apprécier par la suite une certaine bonté d’âme. J’entendais dans les locaux des galops d’enfants dégringolant les escaliers pour le goûter ce qui n’augurait rien de bon pour moi, plutôt d’un naturel inquiet.

On me présentât ensuite aux infirmières, ou monitrices, je n’ai jamais vraiment su, puis au personnel de chambre et de service, dont une vieille italienne prénommée Florentine, brocardée par les enfants à cause de son accent marqué, et la cuisinière, une dame forte d’allure paysanne plutôt bourrue, mais au cœur d’or, puis d’autres dont je ne me souviens plus. L’aumônier enfin, en soutane noire, comme tous les prêtres que nous avions fréquentés jusque là.Puis on me conduisit à ma chambre, où j’allais demeurer quelques jours en observation, avant de pouvoir me joindre aux autres enfants pour partager leur vie quotidienne

Le Dimanche nous avions la messe au sein de l’établissement: tout le monde s’y retrouvait, les filles que l’on ne croisait jamais en semaine, les garçons, le personnel… après nous avions un repas amélioré, plus digne et plus copieux, présidé par  Monsieur  l’aumonier, précédé du Benedicite. Peut-être même nous exemptait-on ce jour là de PAS ?

Le soir, le téléphone de l’établissement était ouvert aux appels des parents, plus ou moins réguliers selon les familles. J’y avais eu droit tous les soirs au début mais j’avais ensuite jugé que cela me démarquait trop des autres enfants et je crois bien que j’avais moi-même demandé à ce que l’on espaçât ces appels. L’extinction des feux arrivait assez tôt après le dîner, et les nuits étaient entrecoupées des visites discrètes et feutrées de la surveillante, une autre vieille demoiselle qui résidait à demeure dans le chalet des filles, au dernier étage, et qui passait à plusieurs reprise dans chaque chambre.

Les repas se passaient dans une atmosphère disciplinée, la table des garçons, une quarantaine autant que je men souvienne, était au bout de la salle, près des cuisines, puis ensuite deux grandes tables étaient disposées pour les filles , deux tables de 50 environ, mais tout cela se passait dans le calme. Les repas étaient de très bonne qualité mais pas forcément à mon goût: ainsi fûs-je amené à goûter aux purées d’épinards qui me firent presque regretter le PAS tellement je les détestais. Moi si discret à l’ordinaire, j’avais osé m’en plaindre au docteur Aulagnier, à faire intervenir mes parents, à refuser d’en absorber voire même à retourner mon assiette à la cuisinière à plusieurs reprises au grand amusement de mes camarades, peut-être plus habitués à manger de cette mixture, et qui découvraient étonnés chez ce petit garçon docile des accès inattendus de rébellion.

Finalement le bon docteur m’avait exempté d’épinards.

C’est au Soldanelles que je vis pour la première fois, à mon grand scandale, un prêtre sans soutane! L’aumônier avait du nous quitter et il avait été remplacé par un prêtre de retour d’Afrique, un missionnaire d’allure militaire en civil et col romain, ce qui m’avait paru tout à fait déplacé. C’est peut-être pour cela que je suis resté par la suite et avec toute ma famille un fidèle inconditionnel de Mgr Lefebvre.

Des colis arrivaient de la part de nos parents, très attendus au moment de Pâques par exemple. Il était d’usage d’en partager le produit avec les autres enfants, usage auquel je me pliais volontiers car les colis arrivaient sommes-toutes assez souvent. De même, en alternance, Papa et Maman me rendaient visite à tour de rôle. J’avais alors une permission de deux jours, où je pouvais manger et dormir à l’hotel Savoy où ils descendaient, pour peu que je continue mon traitement au PAS. Et je faisais fièrement découvrir à mes parents les beautés de la ville et de ses environs, la cueillette des myrtilles, les balades en forêts, le train à crémaillères de la Mer de Glace , les téléphériques. Et je pus donc goûter aux fameux « drus » dont j’allais devenir un fervent consommateur à chaque visite parentale. On les achetait dans une pâtisserie du centre ville, près du Casino Municipal je crois, au début de l’avenue qui conduit à la Gare.

Mes résultats médicaux étaient plus que meilleurs, les traces de toute infections disparaissaient de jour en jour et le Docteur Aulagnier pût bientôt rassurer mes parents sur mon sort. Garçon « méritant », il avait voulu me récompenser en m’invitant à déjeuner dans la grande villa qu’il occupait avec sa famille, et je l’entends toujours téléphoner à Papa: « Venez le chercher, il n’attend que ça. Un été en Corse achèvera de perfectionner sa guérison, venez-donc. « 

Si vo

Une des dernières boutiques à l’ancienne de Chamonix : « A la Ville de Venise »

Une des dernières boutiques à l’ancienne de Chamonix : « la Ville de Venise »

Quel  heureux fouillis  que cette boutique de jouets située  sur l’avenue Michel Croz !

Ce commerce est encore dans son état  d’origine : l’escalier trônant au milieu du magasin, le décor ancien,  les étagères,  la multitude de tiroirs remplis de trésors, tout est comme l’ont créé les premiers propriétaires.  Fouillez un peu, et vous  trouverez  parmi les peluches et les   jouets plus modernes  des figurines Hummel, des assiettes faites main  et  de vraies  céramiques italiennes.

Les clients connaisseurs, venant souvent de loin, savaient trouver ici les objets les plus inattendus, les plus rares ! Manquent les lustres d’origine du plafond. Ceux-ci,  magnifiques,  n’ont pu résister aux lois imposées par la sécurité ! Cette boutique emblématique de Chamonix s’appelle «  A la ville de Venise »,

« La Ville de Venise » à l’origine occupait  de  magnifiques  constructions  en  bois que l’on voit sur   certaines photos d’époque. Situés devant le Métropole  (A l’époque  Hôtel Moderne et Victoria),

 iIs seront déménagés dans les années 1920 vers l’Outa.  Ils resteront d’abord magasins de souvenirs,  puis seront transformés en  boite de nuit (appelée  « l’Igloo » ) pour finalement être détruits  en 1968

Mais pourquoi   «   Ville de Venise » ?

Ces magasins étaient tenus par une fratrie : Dominique, Atilio et Emilio Salvador. Famille brésilienne installée dans le Frioul,  ils ouvrirent  dès les années 1900 ces boutiques haut de gamme  à Bruxelles, Montreux, Londres et finalement Chamonix. Ici se  vendaient aussi bien des lustres de Murano,  des dentelles de Burano, des porcelaines de Vénétie,  des figurines  de Capo del Monte,  cette porcelaine si délicate venant de Naples. Des  objets de luxe très appréciés des touristes  de la Belle Epoque et des Années Folles. La boutique   située  devant le Métropole étant menacée de destruction, Emilio décide alors de faire construire la galerie marchande actuelle en 1926 et ouvre   son nouveau magasin en 1928.

  Sur le seuil    apparait une belle mosaïque où  sont  inscrits son nom,  la date de l’ouverture du magasin  sous les ailes d’un aigle symbole de puissance !

La famille tiendra ce magasin typique jusque dans les années 1980. Repris alors  par Mme Biancucci,  laquelle durant une dizaine d’années se déplacera encore  régulièrement en Italie pour ramener à Chamonix ces souvenirs de qualité qui faisaient de la « Ville de Venise » sa réputation.

A côté de la boutique,  une entrée conduit  aux appartements des étages supérieurs.   Une magnifique ferronnerie art déco  orne la porte d’entrée. Celle-ci,  typique de cette période,  est agrémentée de deux lettres C et D: ces initiales correspondent aux initiales du  propriétaire ayant acquis l’étage supérieur,  un Devouassoux, probablement issu de la famille qui avait construit en 1905 l’ancien hôtel voisin appelé l’Hôtel central correspondant actuellement à la résidence des Balances. 

Sources : Famille Brancucci

Les ardoises et les pierres meulières des Posettes


Lors de cette promenade magnifique conduisant aux Posettes, nous profitons d’un des paysages les plus somptueux de notre vallée.


Ici, tout au long des divers chemins conduisant aux sommets, les hommes ont laissé leurs marques. On peut y lire les témoignages d’une période révolue, mais qui fut si dure !
Tout le monde connait le site dit des « ardoisières ». Ici vallorcins, montrottis, torzerains, depuis 1838 et durant près de 100 ans, ont travaillé, été comme hiver. Ces ardoises grises étaient utilisées tout d’abord pour recouvrir les sols des fermes chamoniardes, mais on abandonna ce type d’exploitation car elles étaient trop fines. On eut alors l’idée de les polir afin de les commercialiser pour recouvrir les toits. Abandonnées pendant la première guerre mondiale, les carrières sont ré ouvertes. En 1921, une vingtaine d’ouvriers travaillaient sur deux carrières qui produisaient 430 tonnes d’ardoises. Elles étaient expédiées dans l’est de la France dont les mines d’ardoises avaient été totalement détruites par les combats.
Jules Cachat construisit en 1922 un petit téléphérique reliant les ardoisières au village du Tour, ce qui permettra de descendre ces ardoises plus rapidement et avec plus de sécurité.
Témoignage de Aimé Ancey de Vallorcine (revue la météorologie N°52) :

….Dans ma jeunesse, j’étais cultivateur, comme tout le monde ! On avait des vaches… Après la première guerre, j’ai travaillé là-haut, aux Posettes, dans les ardoisières. Je n’y suis pas retourné depuis 1927. Il y avait un grand bâtiment…Un téléphérique montait et descendait les ardoises. Nous autres, nous montions à ski l’hiver. On travaillait tout le temps, été comme hiver. On montait le lundi, on redescendait le samedi….

Vers 1935 le dernier exploitant livrait encore d’importantes quantités d’ardoises pour écoliers. Ce sera la fin des ardoisières (Paul Payot « au royaume du Mont Blanc »).

Des galeries toujours existantes, mais dangereuses, témoignent encore de ces mines. Au dessus, subsistent les ruines du bâtiment ou logeaient les ouvriers. Hébergement bien précaire mais qui leur permettait de ne pas avoir à descendre dans la vallée chaque soir.
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Plus tard, d’autres ardoisières furent exploitées près de l’ancien alpage du Chenavier. Ces ardoises vertes, plus délicates, exploitées par …. Couttet durant une vingtaine d’années après la seconde guerre, serviront essentiellement à recouvrir les toits des greniers de la vallée. Elles étaient transportées au haut du village de Montroc par une sorte de petit téléphérique. On peut encore apercevoir la carrière lorsque l’on emprunte le chemin vers les Posettes entre le Chenavier et la. au dessus du Chenavier.

Mais par ailleurs on apprend qu’au Chenavier, ainsi qu’au lieu dit les Chaleyres aux Posettes, dans une pente aujourd’hui recouverte de rhododendrons, on exploitait des veines de conglomérat dont on faisait des pierres meulières.
La pierre meulière est une roche sédimentaire siliceuse utilisée jusqu’aux environs de 1880 pour fabriquer des meules à grains, d’où son nom. Seules les parties les plus denses d’un banc de meulière pouvaient convenir à la fabrication de meules. La pierre est souvent caverneuse, c’est-à-dire trouée comme de l’emmental. Cette structure lui communique un certain pouvoir d’isolation très apprécié (en construction).
Elles servaient probablement aux nombreux moulins répartis dans la vallée. Ces pierres taillées sur place sont magnifiques. Il faut les chercher noyées dans les rhododendrons. Elles pèsent de 500kg à 1 tonne ! Cette pierre assez rendre se laissait assez facilement tailler. Quand et pendant combien de temps a-t-on exploité ces carrières ? Et surtout comment les ouvriers pouvaient-ils les descendre ? Elles ne pouvaient pas être portées par les mulets… Peut être en fin d’hiver en les faisant glisser sur la neige ? La mémoire collective l’a t’elle oublié ?


On ne peut qu’être admiratif devant ce travail d’hercule que réalisaient qu’effectuaient nos anciens. Ne l’oublions pas. Et mettons en valeur ces carrières qui sombrent dans l’oubli.

Aux Posettes ce versant se caractérise par des bandes de terrains carbonifères constitués de schistes ardoisiers et de grès conglomératiques tiré du site : http://www.géologie-montblanc.fr .

La villa de la Tournette connait une nouvelle vie

La villa de la Tournette connait une nouvelle vie.
Construite et occupée par les frères Couttet et leurs descendants, puis par Mr Maurice Herzog, elle fut rachetée par la mairie en 2000. Abandonnée une dizaine d’années et souvent squattée, puis restaurée par la municipalité, elle est à ce jour confiée à André Manoukian pour en faire une Maison des artistes. Le musicien s’engage à la faire vivre, avec des concerts ouverts à tous.


C’est une belle renaissance pour une maison de caractère.
Joseph et Jules Couttet **seraient certainement heureux et fiers de la magnifique restauration effectuée sur leur villa la Tournette.
Joseph, sur la fin de sa vie, rêvait d’en faire un musée. Il affectionnait tout particulièrement cette magnifique maison qu’il avait construite avec son frère Jules dans le parc dépendant du Grand Hôtel Couttet et du Parc.
Ce ne sera pas un musée mais un temple de la musique.
La maison a une forme vraiment étrange, tout à fait étonnante dans le contexte chamoniard. Elle repose sur une base solide en granit, et s’élève en forme pyramidale vers l’épi de faîtage. Les façades sont protégées à l’est et au sud par une galerie de plain pied constituée d’une élégante et fine colonnade en bois. Le plus inhabituel est sans conteste, vu de l’extérieur, la répartition des fenêtres dans la toiture qui laisse deviner l’agencement intérieur.
On admire ici l’art des angles, des pans coupés, des cercles, des arrondis et des octogones.
En son sommet tournoie une girouette empreinte d’histoire représentant les deux frères en ski de fond. La légende raconte qu’ils auraient rapporté d’un voyage en Norvège, avec le docteur Michel Payot, les premiers skis dans la vallée.

Construite en 1926, la Tournette se rattache à l’esprit original des années de la Belle Epoque et des Années folles. On y lit une architecture dans laquelle on retrouve la fantaisie de l’art nouveau et la géométrie de l’art déco.
Les plans sont signés par Mr Debry, architecte à Chamonix, auteur de nombreuses réalisations dans la vallée.
Le graphisme des plans, incroyablement détaillés, est remarquable. Ils sont exposés au sous-sol de la maison. La commande n’aurait elle pas été faite avant la guerre, qui aurait contraint les frères à différer leur projet ? C’est une question que l’on peut se poser.
A sa construction la maison prit le nom de « Villa des Améthystes » mais l’orthographe en étant trop complexe on lui donna le nom de Tournette. Pour quelle raison ? Nul ne le sait. Y-a-t-il un lien avec les rochers de la Tournette sur le chemin du Mont Blanc ?

Dégagée des haies et des arbres qui l’étouffaient, la villa est maintenant bien visible aussi bien de l’entrée du parc que de l’avenue des Allobroges qui la longe au sud.
A l’intérieur, l’ambiance feutrée de l’origine est préservée, les volumes restent les mêmes et la décoration mêlant l’ancien et le moderne est une réussite. Bravo au jeune talentueux décorateur chamoniard qui a su l’âme particulière de cette maison.

Ici seront donnés régulièrement des concerts ouverts à tous, André Manoukian l’a promis. Le studio d’enregistrement High Tec aménagé dans l’ancienne cave offrira la possibilité aux groupes voulant faire des enregistrements de venir le faire à Chamonix, en échange de quoi ils seront logés dans les chambres des étages supérieurs et devront donner des concerts au sein de cette Maison des Artistes.
Ambitieux, André Manoukian rêve d’en faire une « Villa Médicis » chamoniarde. Le rêve est permis.

                

**Jules et Joseph Couttet étaient les fils du fameux guide et hôtelier François Couttet dit « Baguette ». Ce François, après avoir construit dès 1868 une pension, construira en 1880 le Grand Hôtel Couttet et du Parc. Il aura cinq enfants qui marqueront à leur tour toute l’histoire hôtelière de la Belle Epoque aux années Folles.
Joseph était le second, Jules le dernier. Ensemble, au décès des parents, ils tiendront l’hôtel, et ensemble ils construiront cette magnifique villa.

Joseph ami du docteur Michel Payot fut un des promoteurs du sport d’hiver à Chamonix; Il contribua à y importer le ski tout au début du siècle par le truchement des skieurs de l’armée norvégienne avec qui il organisa les premiers sauts à ski au tremplin des Frasses.
Simultanément Jules et Joseph mirent sur pied avec leur beau frère Jean Lavaivre, maire de Chamonix l’organisation hivernale de la station et créèrent coup sur coup la première patinoire, la piste de bob et les premiers itinéraires de ski de printemps. Tous deux seront très actifs dans la vie chamoniarde et œuvrant avec insistance pour la création des premiers jeux olympiques.
Joseph Couttet fut un alpiniste passionné et rien de ce qui touchait à la montagne ne le laissait indifférent.
Les deux frères meurent tous deux en 1961 à l’âge de 91 ans pour Joseph et 86 pour Jules.

et le

Sur les pas des voyageurs d’autrefois : de Martigny à Chamonix

Après le rattachement de la Savoie à la France, Napoléon III veut visiter ses nouveaux territoires et vient dans la vallée de Chamonix. Lors de sa venue, il fait un temps épouvantable. Effaré par le dangereux chemin muletier qui le conduit à Chamonix, Il décide de financer la construction d’une route carrossable de Sallanches à Chamonix, route qui sera terminée en 1870. Très vite, les diligences assureront la liaison entre Genève et Chamonix. La route nationale est tracée vers Argentière puis arrive dans la vallée de Vallorcine entre 1882 et 1886. Un nouvel itinéraire vers la Suisse est alors tracé.
Mais qu’en est il de la route de l’autre côté de la frontière, en direction de Martigny. ?


Autrefois, pour accéder en Suisse, les voyageurs empruntaient le col de Balme (récit de Goethe lors de son passage dans la vallée en novembre 1779) : « …notre guide nous propose de passer le col de Balme, haute montagne au nord de la vallée du côté du Valais … de ce point élevé nous pouvons encore , si nous sommes heureux, contempler d’un coup d’œil la vallée de Chamonix…. ».
C’est à partir de 1825 que les valaisans déposent un projet de « route à chars » pour relier Martigny à Chamonix. On décide alors de passer par la Tête noire et le col des Montets.
Le passage de la Tête noire était connu de longue date comme un étroit chemin appelé le « mauvais pas ». Le voyageur était contraint de descendre de son mulet en raison de la difficulté du passage au dessus du vide. Le percement d’un tunnel s’impose donc, et les travaux de la « roche percée » de Tête noire sont réalisés entre 1827 et 1836. C’est à cet endroit que s’ouvre en 1834 une auberge, futur hôtel qui ne sera détruit que lors de la modernisation de la route en 1950.


Le pont au niveau de la frontière suisse-sarde est refait à neuf en 1840.
Cependant, en raison des gros frais engagés, les travaux de la route avancent lentement.
Théophile Gautier, en 1868, nous précise dans son ouvrage « Les vacances du lundi » que le trajet se fait encore à pied ou à dos de mulet, mais que la route commence à être praticable aux chars légers. Mais la pente est si raide entre Martigny et le col de la Forclaz qu’en 1871 le conseil d’Etat doit rappeler que le parcours reste un chemin muletier interdit à tout véhicule. La route ne devient officiellement carrossable qu’en 1875 et le passage du Châtelard sera élargi en 1888.
La concurrence de la route des diligences de Vernayaz, Salvan, les Marécottes et Finhaut sera longtemps d’une vive concurrence.
De plus l’itinéraire resta longtemps dangereux et impressionnant. Dans le livre «les folles années de Chamonix », Gaby Curral Couttet raconte : « … Tête noire porte bien son nom, je n’osais regarder dans un décor triste et sombre, ces abîmes à pic… Deux voitures ne pouvaient se rencontrer sans friser la catastrophe si bien qu’il était obligatoire de téléphoner du Châtelard à Tête noire et de Tête noire à Martigny pour savoir si la voie étai libre : que de fois avons-nous été contraints de nous arrêter à Tête noire pour attendre souvent plus de deux heures le passage de la voiture engagée dans l’autre sens… maman nous racontant le parcours qu’elle avait fait en diligence où le lourd véhicule risquait à tout moment de basculer … »
Ce n’est que plus tard dans les années 1950 que la route sera modernisée devenant largement plus accessible.

Sources : Sandro Benedetti : les voies de communications et le développement touristique. Les chemins historiques du canton du Valais. Berne : 2003

 

A Chamonix pourquoi une rue de la Tour ?

Mais pourquoi de la Tour ? Qu’est ce donc que cette Tour ?


Il faut remonter dans l’histoire locale, plus précisément fin XVè début XVIè.
En ces temps la vallée de Chamonix, bien que dépendante de l’abbaye de st Michel de la Cluse, était régentée par une famille qui donna plusieurs prieurs : la famille de la Ravoire.
L’un de ceux ci, Guillaume, essaya à maintes reprise de s’accaparer tous les droits acquis par les chamoniards. Il n’eut pas la vie facile si l’on en juge par les démêlés qu’il eut avec ceux-ci !
Mais, voulant asseoir son pouvoir avec force il aurait construit une maison forte dans Chamonix. Pourquoi pas, sachant que ce prieur cherchait à s’approprier les droits de justice qui étaient alors attribués aux syndics ?
C’est une gravure de 1806 de Jean Philippe Link « Vue du bourg… » qui nous éclaire. Effectivement ce document représente Chamonix, mais en zoomant on distingue, au fond, très nettement, sur une petite hauteur les ruines d’une tour. De même sur un tableau de John Webber on distingue très nettement cette ruine.


Au début du XIXè siècle subsistaient les vestiges de cette maison forte. Les chamoniards l’appelant la Tour, un hôtel fut alors construit par Mr Simond puis racheté par Mr Payot au pied de celle-ci et en lui donnant ainsi ce nom, aujourd’hui mystérieux pour tous.

En 1860 Mr Eseinkrammer maître d’hôtel de l’Union le rachète et le détruit pour construire son nouvel hôtel le Royal.

De cette Tour il ne subsiste maintenant que le nom de cette rue ? Mais qui l’avait remarqué ?

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